Les Juifs ont-ils peur dans la Hongrie de Viktor Orbán ? (3/3)
"Lorsqu'elle est devenue un pays libre et prétendument démocratique, la Hongrie m'a enfermé dans la case « judéité ». […] Cela m'a rendu incapable de développer le moindre sentiment de solidarité nationale. C'est triste, parce que cela corrobore le vieux préjugé qui veut que le « juif » ne s'intéresse pas au « Hongrois »".
C'est ainsi que s'exprimait l’écrivain hongrois prix Nobel de littérature Imre Kertész, dans un récent entretien au « Monde ». En retour, l’écrivain suscite en Hongrie le mélange de fierté et de mépris réservé à ceux qui on quitté le pays, pour réussir qui plus est, et sans se montrer fier de ses racines hongroise, par-dessus le marché.
"Je me sens blessé par cette Constitution"
Ne pas se sentir partie intégrante de la société hongroise, ce n’est absolument pas le cas de Dávid Szél, un jeune psychologue. "Bien sûr que je me sens concerné par l’avenir de ce pays, c’est le mien !". Ce doctorant en psychologie spécialiste des identités juives ne parle pas hébreu, ne prie pas, mais il se sent juif. Il se dit "blessé" par la nouvelle Constitution car elle occulte toute une partie de l’histoire, la période de l’occupation allemande. "C’est une façon de dire « l’Holocauste, c’est le problème des Juifs, pas des Hongrois, nous n’y sommes pour rien »". Il insiste sur l’Holocauste comme élément fondamental constitutif de l’identité juive actuelle en Hongrie et pointe du doigt le manque d’engagement de l’Etat hongrois : "Tant que la Hongrie ne reconnaîtra pas sa responsabilité dans l’Holocauste, l’identité juive personnelle restera conflictuelle". Dávid raconte aussi, non sans quelques pointes d’humour, comment l’inconscience de son grand-père l’a conduit jusqu’à Auschwitz d’où il est miraculeusement revenu, un gardien du camp avec qui il avait en quelque sorte sympathisé lui ayant fait éviter la « mauvaise file ».
"Je n’ai pas peur sur un plan personnel, mais quand Jobbik brûle le drapeau européen, alors oui, j’ai peur, en tant que Hongrois et que père de famille, car je ne veux pas vivre dans un pays où il y aurait moins de culture, d’universités, de richesse, de bonheur. Si Jobbik gagnait les élections, je quitterais immédiatement le pays, mais pas seulement parce que je suis juif", affirme Dávid Szél.
A-t-il déjà été victime de racisme ? Non, jamais. A bien y réfléchir, si, cela lui est arrivé trois fois dans sa vie, mais de l’antisémitisme "soft", comme il tient à le préciser. "Les gens détestent les Juifs car ils voudraient être comme eux, ou ce qu’ils pensent être, c'est-à-dire avoir de l’argent. Mais ce sont les Tsiganes qui ont un problème beaucoup plus sérieux avec l’extrême-droite". Il raconte comment il a remis à sa place une fleuriste qui avait partagé avec lui une blague raciste. "Pour elle, cela allait de soi que je n’aimais pas les Tsiganes". Un racisme ordinaire qui est beaucoup plus acceptable en Hongrie que celui dirigé contre les Juifs.
Son ami János n’a lui jamais trop prêté attention aux gesticulations de Jobbik, en tout cas jusqu’à la grande manifestation anti-gouvernementale au début de l’année, lorsque des contre-manifestants d’extrême-droite se sont invités sur les ordres du leader du parti Gabor Vona : « Ils veulent nous prendre la rue, ne les laissez pas faire, la rue est à nous ». "Cela, ça me fait peur, mais pour le reste, qu’ils brulent le drapeau européen ou qu’ils disent ce qu’ils veulent, dans la rue ils ne me font pas peur. On ne voit pas sur ma tête que je suis juif, mais j’ai vu des Chinois ou des Tsiganes se faire attaquer dans la rue, et les gens se contentaient de regarder ailleurs…"
Le gouvernement contre-attaque
La Hongrie est-elle un pays antisémite ? La question provoque des remous dans la classe politique hongroise. L’eurodéputée du parti de Viktor Orbán, Ágnes Hankiss, s’est insurgée dans une lettre ouverte à ses collègues du parlement européen : « Il n’est pas vrai que les Juifs ont peur aujourd’hui en Hongrie. C’est un mensonge flagrant et très toxique. La tragédie historique des Juifs ne devrait pas être manipulée à des fins politiques ». Selon elle, des députés du parti socialiste ont utilisé sans vergogne cette arme pour discréditer le gouvernement hongrois au plus fort des critiques internationales contre la nouvelle Constitution.
Le gouvernement peut aussi compter avec le soutien de Slomo Köves, un jeune rabbin orthodoxe très influent, pour déminer le terrain. Des journalistes français ? Au siège de la communauté ultra-orthodoxe EMIH[i] qu’il dirige, la réceptionniste israélienne - arrivée quelques années plus tôt en Hongrie pour suivre son mari hongrois - est sceptique et même légèrement irritée et défiante :
"Pourquoi vous intéressez-vous à la Hongrie ? Après huit années passées à Budapest, je n’ai jamais eu aucun problème et mes enfants non plus. Ce sont les Tsiganes que les gens détestent ici car ils font beaucoup trop d’enfants. D’ailleurs, j’ai entendu dire que la France sera bientôt un pays musulman".
L’entretien n’aura pas lieu, qu’importe, l’homme s’est déjà exprimé dans la presse israélienne à ce sujet : "J’ai connu plus d’antisémitisme verbal et physique en deux ans en France qu’en vingt ans en Hongrie", a-t-il récemment affirmé dans le « Jerusalem Post ». Slomo Köves a une sérieuse dette auprès du gouvernement, il lui doit la récente reconnaissance officielle par l’Etat hongrois de sa communauté religieuse... et toutes les subventions qui vont avec.
19 Réponses »
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http://nol.hu/belfold/a_rendorseg_szerint_zsidozni_nem_bun
"J’ai connu plus d’antisémitisme verbal et physique en deux ans en France qu’en vingt ans en Hongrie"
Alors Zsak, mes propos sont ils si irrationels?
Tout antisémitisme qu'il soit verbal ou physique est a à déplorer!
Cher François que vous ou moi soyons irrationnels ou pas importe peu,
Faire des comparaisons entre la Hongrie et la France restent spéculations.
Ni français, ni juif, jamais je ne pourrai admettre que ce peuple soit mis en pâture.
Et si on arrêtait d'en parler et eux de se plaindre ,voulant en même temps une reconnaissance distincte et .. une intégration ? . Vivons heureux,vivons cachés ,dit le proverbe . Cachés voulant dire ici ,comme tout le monde .Dans tout pays il faut arrêter de mettre en avant l'origine et la religion car ce ne conduit qu'à des problèmes. Il faut aussi apprendre à tourner la page et regarder vers l'avenir.
Enfin ce serait l'idéal....
"Faire des comparaisons entre la Hongrie et la France restent spéculations"
Eh bien non, pas du tout, car cette personne, qui a vecu en France affirme que "J’ai connu plus d’antisémitisme verbal et physique en deux ans en France qu’en vingt ans en Hongrie". Remetez vous en question sa parole?
Et des tels temoignages, il y en a des milliers quand on est un peu au courant de ce qu'il se passe en France. Les trois enfants juifs massacres par Mohamed Merah, ca vous dit rien? Vous savez, le gars qui regretait d'avoir manque la rentree des classes pour en tuer plus?
Une remarque qui sort un peu du contexte, vous en excuserez. Mais aussi une abces que j’aimerais crever, car j’en ai parfois gros sur la patate a entendre ici certaines remarques de mes amis hongrois.
Je ne saurais dire si l’on peut qualifier, dans notre Europe de 2012, un peuple plus antisémite qu’un autre, du moins en bloc. Je ne le pense pas. (on peut, par contre, parler, pour certains pays, de confrontations entre représentants de communautés religieuses).
MAIS, ...la ou je constate des différences, c’est dans le comportement des autorités vis-a-vis des „contrevenants”. En Hongrie, des remarques inadmissibles sont régulierement proférées dans l’enceinte du Parlement (cette semaine encore) sans que le Président de ne fasse le moindre rappel a l’ordre... Et personne ne réagit... (Rappelons qu’il y a quelques années encore, la négation de l’holocauste n’était pas un délit, sous le prétexte de „liberté d’expression”...)
Autre petite différence: la position des Pouvoir publics vis-a-vis du passé. Certes, des voix de plus en plus nombreuses et courageuses, meme du coté de la majorité, s’élevent pour rappeler le devoir de mémoire et réclamer une reconnaisance moins feutrée des fautes du passé. Oui,.. mais pour la période postérieure a mars 1944. MAIS.. des lors que l’on s’intéresse aux années précédentes (régime Horthy), c’est alors un tollé de protestations pour clamer l’innoncence – voire la bonne volonté des autorités de l’époque. Et pourtant.... Les lois juives datent de bien avant, qui n’étaient pas des modeles de tolérance (exclusion des professions libérales, intrediction des unions avec les chrétiens, voire jeunes Juifs envoyés en sauteurs de mines sur le front ukrainien..)
Enfin, il m’est tres souvent arrivé d’entrendre sur les ondes hongroises (ex. Mária Schmidt) vilipender, voire ridiculiser les collaborteurs de Vichy. Ok. C’est vrai. Mais la faute en a largement été assumée et le pardon demandé (cf. discours de Chirac lors de son intronisation). Et puis, recevoir des lecons, je veux bien (par exemple des Anglais ou des Serbes), mais des Hongrois? Lors de la raffle du Vel d’Hiv, les Allemands misaient sur 23 000 arrestations. La dessus plus 10 000 n’eurent pas lieu, des voisins ayant pris soin de prévenir ou cacher le victimes potentielles. Un exemple éloquent est celui du commissariat de Nancy, dont tous les membres se sont entendus pour prévenir la veille les Juifs, ce qui a permis de les sauver a 90%. Bon, cela ne retire rien a la honte. Mais j’eus aimé entendre parler d’une telle réaction de la population dans la Hongrie de 44 (sans compter que les milices des Croix fléchées étaient autrement plus zélées et efficaces que nos flics laches).
Il y a dix ans s’était tenue a l’Assemblée nationale un colloque sur le theme „Ceux qui ont su dire non”. J’avais été soufflé par le nombre évoqué d’employés modestes (préfectures, mairies qui ont risqué leur vie – ou du moins leur liberté- pour sauver des compatriotes.
Et puis, n’oublions pas Jean Moulin, Guy Moquet et le maquis.
Bon.. je sais que ma remarque sort du contexte, mais cette publication était pour moi l’occasion de remettre certaines choses au point.
Ceci dit, je sais que la Hongrie n’a pas manqué de héros. Mais bon...au plan général, je crois qu’il y a quand-meme une petite différence. En tous les cas, j’ai du mal a avaler les nombreues remarques entendues ici sur la collaboration „généralisée” des Francais pendant la guerre.
Pour terminer . Moi non plus ne pense pas que les Juif soient ici réellement en danger, pas plus qu'en France ou ailleurs en Europe.. Je n’en dirais pas autant des Roms.
MCS à raison pourquoi n'arrêtent-t-ils pas de se plaindre ? Il n'est pas une semaine sans que le Jobbik voire le Fidesz ne se distingue par d'étonnantes lamentations sur Trianon, comme dit François il faut arrêter de larmoyer c'était il y a 92 ans, sur des complots imaginaires contre la Hongrie chétienne (Monseigneur Márfi voyons !), sur l'affaire de Tiszaeszlár (un député devant le parlement le 4 avril dernier !) c'était il y a 110 ans. Tous ces gens entièrement tournés vers le passé défilent parfois sous mes fenêtres avec leurs effigies d'une grande Hongrie disparue depuis des lustres, ils portent les couleurs d'un groupuscule qui a sombré dans le ridicule et malheureusement la terreur, il y a 75 ans (les croix fléchées). Pourquoi vivre ainsi dans le passé ? Le couple de petits vieux d'à côté, ils ont brûlé leurs étoiles jaunes en 45, ils ont changé de nom, en mettant en pratique l'excellent principe d'MCS "pour vivre heureux vivons cachés" et ils sont passés à autre chose. Quand ils voient après toutes ces années tous ces gens scotchés au passé, égarés de craintes et de mythes (comme disait De Gaulle) eh bien ça les renverse.
Ajouté à cela quand en bas de chez eux quelques tatoués déguisés exécutent le salut nazi, ça les inquiète un peu. On a beau avoir brûlé son étoile jaune et changé de nom, c'est peut être irrationnel mais ça les inquiète.
C'est pire en France ? Peut-être, à vrai dire ça ne me console pas. MCS à raison si on arrêtait d'en parler, s'ils arrêtaient un peu de mettre en avant (et même d'inscrire dans la constitution !) leur origine et leur religion, s'ils cessaient de se victimiser, ça nous ferait enfin de l'air.
Je me garde bien de généraliser, la petite vieille d'à côté doit d'être encore vivante à un suédois mais le petit vieux à une hongroise. Je suis certain que ça n'a pas changé, la Hongrie est aussi peuplée de gens pour qui la propagande gouvernementale, la religion, l'origine ne valent pas que l'on emmerde son voisin, encore moins qu'on lui nuise. C'est bien comme ça, je souhaite qu'ils soient nombreux.
Sinon je trouve vos débats souvent intéressants, merci à vous.
@ Pierre et à Victor,
Vous ne dites pas les mêmes choses, ni de la même manière mais tout ceci reste très instructif.
J'ai bien peur à présent de sortir du sujet!
Le tsunami passé, comme nous sommes à nouveau entre nous, une question me taraude.
Les grandes dates qui égrènent l'histoire de la Hongrie moderne sont biens connues.
Mais qu'en est-il des périodes de transitions.
De 1848(68) à 1914?
De 1944 à 1948?
Les livres d'histoire ne lisent que très peu entre les lignes.
Zs.
@Pierre Waline
"Mais la faute en a largement été assumée et le pardon demandé (cf. discours de Chirac lors de son intronisation)."
Mon problème dans tout cela, c'est l'hypocrisie monstrueuse.
Comment pouvez vous expliquer, qu'alors qu'il y avait cinq millions de lettres de délation sous Vichy, aujourd'hui en France, on ne rencontre que des résistants? Connaissez vous quelqu’un dans votre entourage qui dit "mon grand père était pour Pétain" ou "dans notre famille on ne pouvait pas prononcer le nom de de Gaulle?".
Que dans tous les villages, la rue principale s'appelle de Gaulle, Leclerc, de Lattre de Tassigny? La France, ne serait elle pas en train de compenser une partie sombre de son histoire en mettant en valeur la résistance? Le film de Marcel Ophuls "Le chagrin et la pitié" était pendant longtemps interdit. Le président Pompidou disait à propos de ce film: " les français on besoin de légendes et non pas de vérités."
Les hongrois ont été sous occupation soviétique pendant 40 ans. Pendant toute cette période, ils ont eu le temps de faire leur mea-culpa pour leur passé "nazi". Puis, il semblerait aussi que la Hongrie ait plus de 100.000 déportés innocents pour "malenkij rabot". Pensez vous, que la France ait payé quoi que ce soit pour son passé collaborationniste? Mise à part du pardon de Mr Chirac?
@Irgum: ne déformez pas mes propos! Je ne nie nullement la collaboration et ses exactions qui nous font honte (je l'ai dit), ni les exces de la Libération ou tous se retrouveaient comme par hasard grands résistants.
Mais, je vous prie aussi de respecter la mémoire de toutes celles et tous ceux qui ont eu le courage de dire "non" sous diverses formes. Pensez a ces milliers, dizaines de milliers de jeunes, tres jeunes, qui quitterent leur famille pour prendre le maquis ou ils furent massacrés (pas seulement dans le Vercors, mais aussi ailleurs, cf. le Morvan). Pensez a Guy Moquet. Mais pensez aussi a ces petits fonctionnaires ou voisins qui eurent le courage de tenir tete. Pensez a Oradour sur Glane ! Je sais qu"ils n'étaient pas la majorité, mais ils furent infiniment plus nombreux que vous ne le laissez entendre, souvent humbles et sans fanfaronade. J'en ai mille exemples dans mon entourage direct (dont l'oncle d'une proche qui finit a Buchenwald horriblement dévoré par les chiens). Ayez donc du respect pour leur mémoire, SVP ! Et si vous habitez en Hongrie, montez a Buda: a la porte de l'ancienne mairie figure une plaque commémorant 10 martyrs torturés par la Gestapo: 4 Hongrois, le reste des étrangers, dont 2 Francaises
Encore une fois, je ne nie pas le courage de certains Hongrois. Mais nombre de mes amis Juifs (dont une femme qui fut enfermée dans le ghetto) me disent leur colere d'avoir défilé sous le yeux d'une poupulation indifférente, sinon plus.
Et les lois juives de 1938 et suite (je laisse de coté celle de 1920) ?
J'attends toujours une reconnaissance de dette morale... (Et attendrai longtemps..)
Et que viennent faire la-dedans le 40 de communisme? C'est un autre sujet.
A propos: le 4 avril marquait autrefois la "Libération" du pays. Aujourd'hui, plus question de "Libération", vu la suite de l'Histoire. Ok. Mais de la a ne plus rien évoquer? Bref, avec cette polarisation sur l'arrivlée des méchants Russes - dont des dizaines de milliers périrent malgré tout devant Budapest, ce qui ne retire rien, je le reconnais, aux exactions - on en oublierait (regretterait??) presque le départ des nazis et SS (épaulés par plusieurs divisions hongroises...)
A Paris, nous avions gardé notre quartier de Stalingrad, et cela ne choque pas. Car, ce n'est pas le régime de Staline que l'on commémore, mais le tournant de la guerre.
Quant aux rues du Général de Gaulle, Leclerc et cie, cela ne me choque pas et est mieux que cette réahabilitation du régime Horthy ici en cours, cette suppression de la place de Moscou ou encore cette transformation de la place de le Répulbique en "Jean-Paul II"...
PS @ Irgum:
Oui, il y eu des résistants hongrois courageux, de vrais héros. Qui combattirent... en Espagne... et dans la résistance francaise. Honneur a leur mémoire. Beaucoup étaient communistes, certes, mais cela ne retire rien a leur courage.
Et puisque de communisme et d'hypocrisie vous parlez: que les membres actuels de la majorité se regardent, qui taxent l'opposition de gauche d'avoir été active dans le réginme communiste. Qu'is se regardent, car la liste des actuels sympathisants du Fidesz qui ont occupé des hautes fonctions sous l'ancien régimne est longue... Et puis, qui n'était pas membre du KISZ a l'époque? Certes, quelques uns ont refuisé d'y etre (la famille de mon époue), mais pas forcément liés a l'actuelle Fidesz. La aussi, en Hongrie, tout le monde devient brusquement ancien résistant. (J'ai vécu ici en 1972...)
@Zsak: vous connaissez certaienemt l'excellente Histroire de Hongrie de Miklós Molnár, mais je vous recommande aussi Les Hongrois de Paul Lenvai (que vous connaissez, je pense) et, en hongrois, les ouvrage d'Attila Csernok (cf. ci-desous).
Tournés vers le pasé, surtout pour se lamneter, oui. Beaucoup de mes amis hongrois ex-Fidesz me disent justement avoir placé leur espoir en Orbán en 1988 pour qu'il tourne son pays vers l'avenir, pour une "Hongrie moderne", disent-ils. Or, c'est précisément le contraire qui s'est passé.
On s'enferme de plus en plus sur le passé pour se lamenter, mais avec une mémoire sélective.... Toujours victimes, jamais oppresseurs... Or, a y regarder de plus pres... Bon, je me tais.
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Nous autres, Francais, n'avons pas a faire les malins: affaire Dreyfus, occupation de l'Algérie, colonisation, Indochine, tortures de résistants algériens, affaire du métro Charonne, etc..
Tout cela est plus que reconnu et le passé digéré, assumé. Souvenez-vous des tensions de l'Algérie francaise et du drame des rapatriés. Qui en parle aujourd'hui ?
Et puis regardez l'exemple donné par nos voisins allemands (et la réconciliation De Gaulle-Adenauer). Ici, je ne vois rien venir, sinon des motards paradant avec la carte de la Grande Hongrie et la baniere d'Árpád, voire costumés en uniforme de la Wehrmacht.
http://www.lepetitjournal.com/culture-budapest/81630-livre-au-nom-de-la-verite-analyse-dun-mal-hongrois.html
@Pierre Waline
Je rends hommage aux résistants et je respecte leur mémoire. En Hongrie aussi, il y avait des justes, hélas, dans de plus faibles proportions.
Peut être, du fait de la situation géopolitique du pays, probablement du fait d'une adhérence plus forte à l'Allemagne qui promettait de réparer l'injustice de Trianon.
Certes, il y avait des lois antisémites et c'est honteux. Cependant, Horthy s'opposait aux déportations: la constitution Hongroise ne permettait pas de déporter des citoyens hongrois à l'étranger. C'était un point de désaccord majeur et très conflictuel avec Hitler. A ma connaissance, il n'y avait pas de camp de concentration en Hongrie. Sauf erreur de ma part, les déportations n'ont commencé qu'après l'occupation allemande en 1944, alors qu'en France, cela a démarré dès 1942.
Mais ce que vous zappez cher Pierre, c'est les centaines de milliers de Hongrois qui ont été déportés après la guerre, à cause du passé nazi du pays et à cause de sa collaboration avec l'Allemagne. Combien en sont ils revenus?
Ne pensez vous pas, que la Hongrie a tout de même un tout petit peu payé sa faute? 40 ans d'occupation soviétique n'est elle pas en quelque sorte purger sa peine pour avoir collaboré avec l'Allemagne? Toute une génération a perdu sa liberté pour ce passé. Cher Pierre, pendant 40 ans d'occupation, les hongrois n'avaient même pas eu le droit de pleurer leurs morts.
Puis les méa-culpa de la France.... Curieusement,comme par hasard, dernièrement ils se sont manifesté lorsqu'il y avait des enjeux financiers derrière. Voir SNCF et le le projet TGV aux US.
Désolé d'être un peu irrité. Mais regardez un peu le titre de cet article: "Les Juifs ont-ils peur dans la Hongrie de Viktor Orbán ?"
Pourquoi Viktor Orbán? Pourquoi cette provocation?
L'antisémitisme est il plus perceptible que sous Gyurcsány? Je ne crois pas. Ni plus, ni moins.
@Irgum. Je comprends votre point et je ne veux pas m'enfoncer dans une polémique qui me met mal a l'aise vis-a-vis de vous. Mais reconnaissez juste un point:
Il arrive fréquemment (tres récemment encore) d'entendre prononcer dans l'enceinte du Parlement hongrois des propos violemment anti-sémites (Jobbik). Bon, des illuminés, il y en a partout. MAIS, mais... la ou je suis outré, c'est de voir le silence de marbre qui regne alors sur les bancs du gouvernement, alors que partout ailleurs, c'eut été un tollé de protestations. Voila, c'est un fait. Et je trouve cela bien pénible... (Certes, Kosa a réagi, mais bien plus tard, apres pluieurs jours de réflexion... Sur le vif: rien).
Une anecdote siginificative: prenant un bain (Széchenyi) avec une amie de France, un voisin moustachu (genre vieille Hongrie), voyant que je suis francais m'interpelle pour me dire. "Chez vous non plus, ce n'est pas brillant, n'est-ce pas?". J'ai alors cru un instant qu'il faisait allusion a Sarkozy et Orban, ce qui me surprenait, vu le look du gaillard. Et de rajouter: "Oui, parce que vous aussi, avez des Juifs.." Mon amie a failli en avoir un infarctus. Moi aussi...
Et lors de la Gay Pride de 2006 sur Andrassy, les skin heads tatoués qui balancaient oeufs et tomates sur les quelques malheureux "défilants" bien inoffenifs - a peine queqlues centaines - de leur crier: "Tous les pédés au Danube... et tous les Juifs avec !".
No comment.... Mais bon, qaund je raconte cela a mes amis, meme les plu a droite, cela surprend. Ici, non...
Bon. Pardonnez cette derniere intervention et je cesse une polémique qui, de toute facon, n'aboutira pas.
@Pierre Waline
Vous avez parfaitement raison. Tout cela n'est pas digne. Tout comme la détérioration des cimetières. Espérons que c'est une minorité marginale.
C'est bien de parler des attitudes envers les juifs, mais, de temps en temps, il faudrait aussi parler du comportement des juifs vis à vis des autres. A la fois pour être complet, mais aussi pour savoir comment la communauté juive peut être perçue.
Une collègue se plaint que, dans une école publique reçevant des collégiens juifs, parents et enfants méprisent les enseignants non-juifs. Ils sont pourtant en France. Un enfant d'amis ayant fait sa scolarité dans une école privée où il y avait de nombreux lycéens juifs, me rapportait le caractère distant et même insultant des membres de cette communauté, pour qui nous ne sommes que des goys. C'est à dire que nous ne faisons pas parti de ce peuple élu de Dieu.
Nous ne sommes pas catholiques, protestants, athés. Nous sommes goys. Après ça, il ne faut pas s'étonner que des distances, plus ou moins grandes, s'établissent avec cette communauté, jusqu'à des dérapages majeurs.
http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/goy/
ca restera toujours un mystere ce melange de rancune, de haine et d`insatisfaction qui refait constamment surface au sein de la societe hongroise come s`il s`agissait d`une epidemie obscure. C`est etonant ; rarement j`ai croise' un peuple comme celui-ci qui refuse a' tout prix son passe' recent, et M.Orban a bien su exploiter tout cela' pour s`installer confortablement au pouvoir ; mais Orban c`est juste une parenthese. Une fois de plus je me demande quand la societe hongroise laissera son histoire aux historiens et elle songera davantage a' son avenir...
MCS, pierre, victor > tout a fait d'accord.
@ Pierre" @Zsak: vous connaissez certainement l'excellente Histroire de Hongrie de Miklós Molnár, mais je vous recommande aussi Les Hongrois de Paul Lenvai (que vous connaissez, je pense)
Et bien non, mon cher Pierre ces ouvrages me sont inconnus et mon ardoise chez Amazon.fr vient de s'alourdir.
Habitué que je suis de lire l'histoire au travers de romans et parfois d'essais( là, je vous recommande à tous les essais de P Waline)
Me voici donc dans l'attente du facteur!
Zs.
Aie! Je vais vous couter cher, cher Zsak ! Mais vous verrez, ce sont d'excellents ouvrages (surtout celui de Lendvai, mais l'autre aussi. Sérieux, bien documentés et objectifs (du moins a mon sentiment) A mon sens les deux meilleurs en francais. (Une certaine Catherine Horel a aussi écrit une excellente "Histoire de Budapest", mais la, c'est tout autre chose)