Gyurcsány quitte enfin le MSzP

C’est la fin du feuilleton qui gâte le parti socialiste (MSzP) depuis de longs mois, et le début du « Gyurcsánisme » assumé. Samedi à Budapest lors d'un meeting de sa coalition démocratique (Demokratikus Koalíció - DK)., Ferenc Gyurcsány a annoncé qu’il quittait définitivement le MSzP et par conséquent, qu'il allait créer un nouveau parti situé au « centre gauche » de l’échiquier politique hongrois.

A l’instar du défunt SzDSz, l'ancien Premier ministre lance le Demokrata Part, une formation politique « à l’occidentale, le parti de la liberté et de la solidarité contre le système Orbán, pour une nouvelle république » a-t-il déclaré samedi devant ses sympathisants.

Avec 9 autres députés qui quitteraient le MSzP pour le rejoindre, il espère pouvoir faire naître dès cette semaine un groupe parlementaire de sa coalition. Selon toute vraisemblance, ils devront sièger au parlement en tant qu'indépendants pendant six mois ; leur poids sera donc limité pendant un moment. Cependant, il y a là un avantage pour ce groupe qui dit avoir de grandes divergences idéologiques et stratégiques avec les leaders actuels du MSZP : leurs porte-paroles seront tout de suite en mesure d'exprimer leur propre programme dans les médias.

« Should I stay or should I go ? »

Ferenc Gyurcsány devait-il rester au MSzP ? Depuis la déroute aux législatives du printemps 2010, l’actualité des socialistes se bornait à cette question, aux dépens du renouveau du parti tant attendu par le peuple de gauche en Hongrie. Selon l’ancien Premier ministre, c’est précisément pour cette incapacité du parti à se renouveler qu’il dit avoir quitté le navire.

Pour Attila Mesterházy, chef du parti depuis avril 2010 et principal opposant de Gyurcsány au sein du MSzP, son départ est enfin l’occasion d’assainir sa formation politique et de passer à autre chose en mettant un terme aux querelles internes.  Quoi qu'il en soit, il sera désormais difficile pour le leader socialiste de dissimuler ses faiblesses derrière le « perturbateur de service » qu'incarnait Gyurcsany.

La carrière « socialiste » de Ferenc Gyurcsány

Ferenc Gyurcsány était entré au MSzP en 2000. En 2004 il passait du ministère des Sports à la tête de l’Etat. Depuis, il est devenu le poids lourd incontestable de la gauche libérale hongroise jusqu’à aujourd’hui.

Après la réélection des socialistes aux législatives et la diffusion à la radio de son fameux discours d’Oszod en 2006 (au cours duquel, enregistré à son insu, il avait déclaré que la campagne électorale de son parti avait été un tissu de mensonges), Ferenc Gyurcsány était devenu embarrassant pour le MSzP. Il a cristallisé la rancœur populaire contre les responsables politiques socialistes, considérés comme corrompus pour une grande partie d’entre eux.

En mars 2009, il démissionnait de son poste de Premier ministre, comme un aveu de faiblesse face à la crise financière mondiale qui a touché la Hongrie dès octobre 2008. A l’époque, c’était son ministre de l’Economie et du développement, Gordon Bajnai (sans étiquette), qui devenait Premier ministre par intérim et qui allait garder le cap économique fixé par le « sauveteur » du pays, le FMI, jusqu'en 2010.

Depuis, Gyurcsány a fait parler de lui à chaque dérive anti-démocratique du gouvernement Orbán, notamment lors de la rédaction de la nouvelle Constitution et concernant le manque d’indépendance de la Justice. Comme s’il était le seul à avoir le charisme nécessaire pour discréditer Viktor Orbán publiquement. La rivalité entre les deux personnalités a récemment pris une dimension quasi cinématographique avec les débuts du procès concernant le projet de casino à Sukoro. Ce procès a pris des allures de règlement de compte politique dès le départ.

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4 Réponses »

  1. Espérons que cela soit une véritable coalition démocratique... de démocrates.

    En cela, je pense au MoDem Français, dont les hongrois feraient bien de s'inspirer.

  2. la c'est mal connaitre l'apotre, si Ferenc Gyurcsány est detesté par tous c'est normal il a tout fait pour. la democratie il ne connait pas, ou plutot il la connait assez pour la manipuler (cf comme tjrs son celebre discours).

    je me pose la question de qui est maintenant assez fou pour envisager de voter pour son parti puis assez fou pour le faire... fou ou alors sans aucune memoire...

    je tiens a rappeller aux francais que les hongrois peuvent s'inspirer de la france seulement pour eviter de reproduire les memes erreurs. je souhaite que les hongrois trouvent leur propre chemin en fonction de leur propre culture et de leurs propres besoins.
    je rappelle aussi que pour l instant ce sont les politiciens francais qui copient la taxation des banques, le vol des mutuelles et la taxe sur les telecoms...
    la france politique est loin d'etre un exemple, je dirais plutot c'est une farce qui me fait honte.

    je rappelle a tous l'exemple lybien qui est d'acctualite: nos politiciens (gauche droite centre) ont leché les fesses de Kadhafi pendant 20 ans, pour ensuite lui balancer des bombes pour faire bien pensant. cela avec quelle finalite ? le retour de la charia... ils doivent etre content les lybiens !
    merci l'exemple francais !

  3. @ le_butch : Merci beaucoup de ton franc parlé, personnelement, je partage ta façon de penser, nous devons trouver notre propre chemin en fonction de notre culture et notre besoin. Gyurcsány est nullement comparable a Viktor Orbán, en tant que hongrois, je suis ravis de l'image que la Hongrie prend depuis que ce dernier est monté aux pouvoirs!

  4. Personnellement je pense que viktator est comme sarko, c'est a dire qu'il fait moins pire que les autres.
    Oui, quelque part, c'est mieux.
    Dans l'absolu on continue a aller dans le mur (mais moins vite, c'est deja ca lol ^_^)

    je pencherai plutot pour le renouvellement complet de la classe politique actuelle et se debarrasser enfin de tous ces "faites ce que je dis pas ce que je fais" qui choisissent leur confort plutot que l'avenir du pays et de leurs habitants.
    mais je pense malheureusement que c'est une utopie :-(

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