« La » BKV passe décidément un début d’année difficile. Vivement critiquée pour la lenteur et la médiocrité de ses services, théâtre d’une vaste affaire de corruption, la société des transports publics de Budapest vient, cette fois, de se faire pointer du doigt avec la publication d’une récente étude universitaire européenne. Des chercheurs à l’université de Stuttgart ont démontré que Budapest est la troisième capitale européenne la plus chère dans le rapport qualité-prix de ses transports publics. Un constat qui pourrait surprendre, puisqu’en contrepartie, l’endettement abyssal de BKV est désormais de notoriété publique. Le prix d’un ticket de transport à Budapest (320 HUF, soit 1 euro et 20 cents) serait donc cher pour la qualité du service. Les universitaires de Stuttgart n’ont fait que révéler une statistique que les Budapestois, en pratique, connaissent depuis longtemps. Selon l’étude, seuls les transports de Zagreb et de Londres ont un rapport qualité-prix plus onéreux que la capitale hongroise. Pourtant, la BKV cumule chaque année une dette de plus de 10 millions de forints. Le paradoxe est saisissant, mais peut-être pas pour les experts, tant la gestion de la société publique hongroise s’avère catastrophique. Il convient tout de même de rappeler, à la décharge de cette compagnie, que les entreprises publiques, surtout dans le domaine des transports, génèrent rarement des bénéfices. Un service public pire que les autres? Avec la publication de cette enquête, les chercheurs allemands ont donné du grain à moudre aux nombreux pratiquants d’un « sport » local à Budapest : « la critique de la BKV ». Il faut dire que la société hongroise y met du sien pour ne pas faillir à sa réputation : la petitesse du réseau du métro, sa fermeture à 23h, la fréquence, tous les quarts d’heure, de ces derniers en début de soirée, le non-respect des horaires, « l’amabilité » légendaire du personnel (notamment les contrôleurs) et son incapacité à parler une langue étrangère et à communiquer avec les touristes. La vétusté de certains véhicules, l’entretien qui laisse à désirer après le passage de certains sans-abris et autres ivrognes qui « s’oublient » sur leurs sièges, viennent également s’ajouter à ce triste constat. Nombre de détails, donc, qui font que le prix du ticket et de l’abonnement (en perpétuelle augmentation) est abusivement élevé. Un déséquilibre entre fraudeurs magyarophones et étrangers? Selon le jeune webjournal hongrois et anglophone Budapest Report, le prix d’un ticket de métro serait passé de 1 forint en 1982 à 320 aujourd’hui! Phénomène révélateur d’une ville en pleine mutation sociale, de moins en moins de Hongrois peuvent se payer le « luxe » des transports publics dans la capitale. Pas étonnant alors, que la fraude soit monnaie courante. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, ce sont quelque fois les touristes et les expatriés qui s’en sortent le mieux avec les agents de contrôle des billets, inévitables à l’entrée du métro, et parfois à sa sortie. A ce propos, chose étrange, BKV annonce la présence de contrôleurs en haut de l’escalier roulant, histoire de ne pas contrôler inopinément. Les étrangers, qui ne sont alors pas toujours favorisés par le problème de communication, peuvent toutefois se servir de l’incompréhension pour faire ressortir la complexité de la procédure. Souvent, le contentieux peut d’ailleurs se règler rapidement avec un billet de 500 forints et un paquet de cigarettes à moitié vide. Pour les Hongrois, au contraire, les relations avec les contrôleurs du métro sont vite clarifiées, et elles le sont parfois à leur désavantage. En guise de consolation, BKV peut aussi se dire qu’en dehors de ses bouches de métro (les plus profondes d’Europe), elle satisfait des milliers d’usagers fraudeurs. Profitant des contrôles rares et affichés à l’aide d’un gilet fluorescent de ses agents « discrets », les « petits malins » se déplacent tranquillement en tramways et en bus. Pour eux, cela ne fait aucun doute, Budapest est la ville d’Europe où le prix du ticket est le moins cher. Articles liés: Escalade des responsabilités dans l’affaire BKV La grève de la décennie BKV, les contrôleurs préférés des fraudeurs
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