Roumanie : l’extrême droite au cœur du pouvoir
En Roumanie, l’extrême droite ne descend pas dans la rue. Les partis sont quasi-inexistants, mais l’idéologie de l’exclusion est profondément ancrée.
En Roumanie, l’extrême droite ne descend pas dans la rue. Les partis sont quasi-inexistants, mais l’idéologie de l’exclusion est profondément ancrée.
« Ítélet Magyarországon », en hongrois, « Judgement in Hungary » pour la version internationale. C’est le documentaire réalisé par Eszter Hajdú qui est à l’affiche en ce moment dans plusieurs cinéma de Budapest.
Et si l’intégration des Roms dans la société hongroise passait par leur conversion au bouddhisme ? C’est l’expérience très sérieuse menée depuis plusieurs années dans un petit village du nord-est de la Hongrie, sur le modèle des « Intouchables » en Inde.
Près de 800 personnes ont participé à une marche organisée par le réseau Ide Tartozunk pour promouvoir les droits des Roms, samedi après-midi dans le centre de Budapest.
Coup de théâtre : le tribunal Miskolc a acquitté la semaine dernière un groupe de 9 personnes Roms de l’accusation d’usage de la force contre une communauté et a reclassé l’incident d’il y a quatre ans comme simple « hooliganisme ». Les 9 accusés avaient été très lourdement condamnés, à un total de 40 années de prison (de de 42 à 64 mois chacun) pour l’attaque d’une voiture dont les passagers étaient des militants d’extrême-droite. Le Tribunal de Miskolc a finalement condamné les accusés à des peines allant de deux à trois années de prison, dont la plupart a déjà été purgé en détention préventive.
Neuf accusés roms ont été condamnés à un total de 37 années de prison pour avoir agressé physiquement des membres de la Magyar Garda au mois de novembre 2009. Chacun purgera une peine allant de 42 à 64 mois.
Les quatre personnes condamnées au début du mois d’août pour les meurtres de 6 personnes Roms ont-elles bénéficier de complicités ? Quel a été le rôle des services secrets ? Du simple échec au laisser-faire en passant par la « barbouzerie », les spéculations sont nombreuses et la Justice hongroise n’a pas fait toute la lumière sur ce qui s’est passé entre 2008 et 2009, alors que le gouvernement socialiste était au pouvoir.
De janvier 2008 à août 2009, une série d’attaques contre des Roms a coûté la vie à six personnes. La Justice hongroise a condamné ce mardi matin – selon un jugement non-définitif, en première instance – trois hommes à la prison à perpétuité pour crimes racistes et un quatrième à une réclusion de 13 ans, rapporte l’agence de presse hongroise MTI.
« Lorsqu’elle est devenue un pays libre et prétendument démocratique, la Hongrie m’a enfermé dans la case « judéité ». […] Cela m’a rendu incapable de développer le moindre sentiment de solidarité nationale. C’est triste, parce que cela corrobore le vieux préjugé qui veut que le « juif » ne s’intéresse pas au « Hongrois » ».
Une Constitution qualifiée de liberticide, un dirigeant d’ultranationaliste et autoritaire, un pays décrit comme celui où des milices d’extrême-droite ont droit de cité… De ce vaste amalgame, il est souvent ressorti l’image d’une Hongrie antisémite. Les critiques ont culminé avec le discours de l’eurodéputé vert Daniel Cohn-Bendit au mois de janvier devant le parlement européen :
Csak a szél, le dernier film du jeune réalisateur hongrois Bennedek (Bence) Fliegauf séduit les critiques tout comme le jury de la Berlinale 2012. Il y a remporté l’Ours d’argent pour le Grand Prix du Jury la semaine dernière et succède donc au réalisateur culte hongrois Béla Tarr. Son film engagé, touchant et politique ravive les braises de la vague d’attentats anti-Roms de 2008-2009 et relance le débat de l’intégration des communautés Rom en Hongrie, jusqu’aux portes de la Berlinale.
L’augmentation de la pauvreté liée à la crise économique et au plan d’austérité mis en place par le gouvernement conservateur de Viktor Orbán fait dangereusement croître les tensions interethniques en Hongrie.
Les opérations de comptage du 15ème recensement qui a débuté le 1er octobre touchent à leur fin. Combien sont les Roms à avoir revendiqué leur appartenance ethnique ? La question obsède tout le monde, à commencer par les Roms eux-mêmes. Il faudra attendre sans doute plusieurs mois avant la publication des premiers résultats.
Comme pour conjurer le sort démographique de la Hongrie, le Bureau central des statistiques (KSH) compte sur un succès du prochain recensement (du 1er au 31 octobre prochains) auprès de toute la population hongroise. Ainsi, KSH a publié mercredi dernier une vidéo osée sur le web et les réseaux sociaux pour convaincre la jeunesse hongroise de répondre au recensement en ligne.
Le billet de Cécile Vrain, journaliste et docteur en Histoire des Relations Internationales de l’Université de Paris 1, spécialiste de la Hongrie. Ecouter la version audio de la chronique Il est difficile de croire que Viktor Orban soit si indifférent sur ce que l’on dit de lui et de la Hongrie à l’étranger. Pourtant, à l’heure des bilans, la présidence hongroise de l’Union européenne qui peut se prévaloir d’un bilan assez positif, ne restera dans les mémoires des uns et des autres que comme une présidence controversée. Ne croyez pas que je sois hostile à la controverse, bien au contraire, mais lorsque celle-ci occulte les résultats d’un travail, c’est ennuyeux. Un bilan assez positif, surtout si l’on regarde l’ultime succès de cette présidence avec sur la ligne d’arrivée, à l’arrachée, une date pour accueillir la Croatie au sein de l’Union. L’élargissement de l’Union était l’une des priorités de Viktor Orban. Faire jouer à nouveau à la Hongrie un rôle de premier plan dans la région est l’un des buts du Premier ministre. Désormais, il sera celui qui a travaillé à l’entrée de la Croatie dans l’Union, celui sur qui la Serbie, le Monténégro, la Macédoine et l’Albanie – pays qu’il a visité pendant son mandat européen – pourront compter, pour devenir membre de l’Union… un jour. En politique étrangère, la grande rivale de la Hongrie dans la région est la Pologne qui va justement lui succéder à la tête de l’Union. Et si la Hongrie a réussi à se positionner comme un partenaire indispensable entre les pays des Balkans et Bruxelles, Varsovie de son côté lui a, quant à elle, ravi l’organisation d’une conférence pour mettre sur pied un partenariat oriental privilégié avec l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie et l’Ukraine. La Biélorussie en a été exclue suite aux événements de décembre et ses conséquences. Jusqu’au XXe siècle, la Hongrie – qui a toujours joué un rôle important au cœur du bassin des Carpates, et dont les Balkans en sont considérés comme les marches, le limes au Sud – se verrait bien à nouveau jouer les premiers rôles. Tout dans l’attitude et les décisions prises par Viktor Orban tend dans cette direction. L’Union européenne lui offre ses possibilités, et le Premier ministre hongrois le sait et n’a pas l’intention de ne pas en profiter. C’est une vieille recette politicienne que de pratiquer une politique rigoureuse dans son pays et libérale à l’extérieur. Le problème c’est qu’aujourd’hui, avec la mondialisation, l’information se propage à une vitesse exponentielle. C’est l’erreur de Viktor Orban de ne pas avoir pris assez en compte les opinions publiques internationales qui ne garderont en mémoire que les différentes affaires qui ont éclatées pendant le mandat européen hongrois. Ainsi, alors que Budapest aura réussi à placer au cœur des débats européens, la question rom, l’opinion publique ne se souviendra que des milices d’extrême droite venues dans les villages des confins orientaux du pays, menacer et provoquer cette communauté. Et c’est sans parler de la loi sur les médias, de la mise en place d’une nouvelle Constitution dont la presse n’aura relevé que les aspects réactionnaires. Quel média a fait sa une sur l’interdiction des OGM, gravée dans cette même Constitution ? C’est une décision courageuse et moderne… mais dont on ne parle pas ou si peu. Et il faudra conclure cette présidence européenne sur une ultime affaire : le financement d’une campagne anti-IVG par des fonds européens détournés de leur vocation première. La Hongrie se dépeuple et ses dirigeants croient inverser la courbe en provoquant et culpabilisant les femmes. Quelle maladresse ! Et en plus, avec de l’argent qui n’était pas destiné à cela. Décidément, cela fait beaucoup d’erreurs de communication. Ces messieurs du gouvernement, où aucune femme n’a rang de ministre rappelons-le, feraient mieux de s’interroger sur les raisons d’une telle dénatalité et financer des aides – crèches et autres moyens de garde, par exemple – plutôt que de choquer les Hongroises. Dans une semaine, cette présidence européenne se clôturera. Il faut espérer qu’avec le recul, le travail effectué sous la mandature hongroise sera mieux reconnu. Les précédentes chroniques de Cécile Vrain : L’Union européenne ouvre ses portes à la Croatie Le dilemme politico-économique biélorusse et les enjeux électoraux en Lettonie et en Macédoine Conjoncture favorable pour les politiques de voisinage de l’UE Les conséquences de l’affaire DSK en Europe Présidence de l’UE : bientôt le tour de la Pologne
A l’issue d’une visite de 5 jours en Hongrie, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le racisme, Githu Muigai, a divulgué via un communiqué de presse les premiers résultats de son étude. HU-lala les a reproduits partiellement ici.
Après s’être laissé déborder sur sa gauche par le LMP et sur sa droite par Jobbik, le gouvernement tente de régler ses comptes sur l’affaire des milices à Gyöngyöspata. L’homme d’affaires américain qui a organisé l’« évacuation » spectaculaire des Roms lors du week-end de Pâques à quitté la Hongrie par peur de représailles, selon le Budapest Times.
Béla Bugar, le leader du parti Most-Hid, a appelé les Hongrois de Slovaquie à déclarer leur identité ethnique au cours du recensement qui sera effectué du 21 mai au 6 juin. L’Église et les Roms aussi sont mobilisés pour peser dans le décompte final. « Si le nombre de personnes déclarant leur appartenance à une minorité ethnique venait à diminuer, les communautés minoritaires se verraient donner moins de droits que leur taille ne le justifie« , a expliqué Béla Bugar. Son parti Most-Hid est né d’une scission du parti historique de la minorité hongroise de Slovaquie en 2009, le SMK-MKP, avec la volonté de transcender les clivages ethno-politiques (« most » et « hid » signifiant « pont » en slovaque et en hongrois). Comme dans les autres pays d’Europe centrale et les Balkans, le recensement comporte une question basée sur l’auto-déclaration relative à la « nationalité/ethnicité ». Il ne s’agit pas d’une simple formalité administrative destinée à améliorer l’efficacité des politiques publiques, mais avant toute chose d’un enjeu éminemment politique. Le vote des minorités hongroises d’Europe centrale n’est pas exclusivement, mais surtout, un vote ethnique. Cet appel de Béla Bugar ne sera pas suffisant pour conjurer la baisse démographique de ses co-nationaux. En 1991, 578.000 citoyens slovaques ont revendiqué leur nationalité/ethnicité hongroise et 520.000 en 2001. Il est vraisemblable que leur nombre passe au-dessous du seuil symbolique des 500.000 individus. Leurs poids relatif dans la population totale va diminuer en raison notamment d’une structure par âge plus vieillie que celle du reste de la population et des migrations. Les Roms se mobilisent aussi Des associations Roms ont-elles aussi appelés les Roms de Slovaquie à déclarer leur identité ethnique, a rapporté le site d’infos Romea.cz. Un clip vidéo a été diffusé sur la chaîne de TV nationale comportant des slogans tels que « Nous sommes environ un demi-million de Roms en Slovaquie. Je n’ai pas honte d’être une femme Rom » ou encore « N’ayez pas peur d’être Rom ! ». Les Roms ont une faible propension à déclarer leur identité ethnique, considérant que cela peut être dépréciatif et constituer une menace pour eux. Lors du dernier recensement hongrois de 2001, seulement 200.000 personnes se sont auto-déclarées Roms alors que les estimations font état de 600.000 – 700.000 individus. De son côté, l’Eglise a conduit une campagne nationale pour inciter la population à déclarer leur confession afin de bénéficier de financements plus généreux, a précisé le journal La Croix. Au dernier recensement il y a 10 ans, 68,9% des citoyens slovaques s’étaient déclarés catholiques. « Puisse le bien aimé peuple slovaque ne jamais avoir honte de l’Évangile et garder dans son cœur ce précieux trésor qui peut engendrer lumière et force pour la vie quotidienne », indique les affiches pastorales, rappelant les propos du pape Jean-Paul II lors de sa visite à Bratislava en 2003. Articles liés : Interview : « Les victimes sont les Hongrois de Slovaquie » – Most-Hid Slovaquie : Une élection qui en dit long Elections en Slovaquie sous le signe du nationalisme La Fidesz secoue la grande nation hongroise Double citoyenneté : les Hongrois de Slovaquie vont devoir attendre Pál Schmitt encourage les Hongrois de Slovaquie à déposer une demande de double-citoyenneté Qui a peur de la Grande Hongrie?
Le parlement a adopté un amendement au Code Pénal portant sur « des comportements de « provocations antisociales » qui pourraient intimider les individus appartenant à des minorités nationales ou ethniques, les communautés raciales ou religieuses et qui pourraient être sanctionnés de trois années d’emprisonnement », a rapporté MTI au début de la semaine.
Cela fait plusieurs semaines que Hu-lala, informé par des sources locales de la tension extrême qui règne dans certains villages, alerte sur le risque de heurts interethniques dans les campagnes de Hongrie. Hier soir à Gyöngyöspata, une rixe entre Roms et miliciens de Véderö a fait quatre blessés, dont un grave.
L’agitation continue de parcourir l’Europe en ce qui concerne la question de l’intégration des Roms. Entre la commissaire à la justice Viviane Reding, le gouvernement Hongrois et les représentants d’associations Roms, les dynamiques sont vives. Avec en toile de fond une extrême-droite particulièrement remuante dans les campagnes.
Le billet de Cécile Vrain, journaliste et docteur en Histoire des Relations Internationales de l’Université de Paris 1, spécialiste de la Hongrie. Ecoutez la version audio de la chronique Que l’Union européenne qui consacre 172 millions d’euros au sort des Roms s’inquiète de la destination et de l’utilisation de ses fonds versés aux Etats membres, nul ne s’en plaindra. Ainsi certainement pour fêter la journée internationale consacrée aux Roms, Bruxelles a rappelé aux pays où résident des Roms que l’intégration de cette communauté, devient « l’un des objectifs assignés aux Etats dans le cadre de la stratégie de croissance de l’Union européenne pour 2020″. Sous la houlette du commissaire aux droits fondamentaux, la Luxembourgeoise Viviane Reding – bien connue en France pour s’être fait remarquer l’été dernier en attaquant celle-ci suite aux expulsions de Roms vers leurs pays d’origine – sous sa houlette donc, les Vingt-Sept sont vivement priés de « s’engager dans de vraies stratégies nationales d’intégration, avec des objectifs quantifiables et vérifiables, en matière d’accès à l’éducation, au travail, aux soins de santé et au logement », ce qui semble être un minimum. Le délai accordé pour présenter une stratégie globale pour l’amélioration des conditions d’existence des Roms est court puisqu’il faudra que les Etats membres soient en état de la présenter pour la fin de l’année. Tout cela se fera sous l’étroite surveillance de l’Agence européenne des droits fondamentaux. En résumé, la Commission semble découvrir qu’elle a peut-être les moyens de contraindre les pays membres de s’intéresser à une – pour certains – des plus importantes minorités de leur pays et que désormais les politique nationale liées aux Roms seront applicables dans un cadre de stratégie européen. Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Dans l’histoire de cette communauté, trois dates charnières sont importantes.1989 et la chute du communisme, 2004 et l’entrée de la majorité des pays d’Europe centrale dans l’Union européenne suivie en 2007 par deux pays balkaniques, la Roumanie et la Bulgarie. Ceux que l’on nomme les Roms en Europe occidentale et Tziganes en Europe centrale et orientale, bien que sédentaires à 95% depuis une soixantaine d’années, c’est-à-dire depuis que les Communistes les y ont obligés, ont pour certains d’entre eux quittés leur pays et migrés vers l’ouest. Je dis bien leur pays, car avant d’être Roms, n’oublions pas qu’ils sont avant tout nationaux des Etats où ils sont nés et que par conséquent ils bénéficient des droits et des devoirs desdits pays. Ceci rappelé, il semble judicieux de se poser la question de savoir exactement quelle est la situation des Roms en Europe ? Question complexe aux réponses multiples si l’on se réfère à la lecture des nombreux articles et témoignages sur la question, parus récemment dans la presse. Difficile de s’y retrouver. Pour certains et c’est le sentiment général, les Roms vivent dans des conditions épouvantables et sont considérés comme des citoyens de seconde zone. Pour d’autres, ils ne font aucun effort d’intégration et profitent largement des aides publiques octroyées. Sur la base de ces postulats, l’Union européenne décide d’intervenir. Comme toujours et peut-être parce qu’elle ne peut faire plus, son intervention sera d’ordre financier et technique. Pourtant, il semble bien que l’argent déjà versé n’ai pas tant que cela amélioré le sort des Roms et il est clair que Bruxelles ne pourra pas se battre contre le principal obstacle lié aux conditions de traitement des Roms, je veux parler du sentiment profond de rejet que certains éprouvent vis-à-vis de cette communauté. En Europe centrale et orientale, il y a ainsi des sentiments diffus qui viennent du fond des âges et qui n’ont pas toujours d’explications. Rassurons-nous les mêmes sentiments existent en Europe occidentale, mais de façon différente. Ainsi, l’antisémitisme n’est pas le même que vous soyez à Budapest ou à Paris même si au bout du compte, le résultat est identique. Il en est de même de l’anti-Roms qui ne s’explique guère et semble presque génétique pour certains. Rien de réfléchi la dedans, plutôt un sentiment que cela a toujours été comme cela. Lutter contre de telles réactions sera le plus grand défi de l’Union européenne qui n’ignore pas que la priorité absolue est l’éducation des enfants. C’est seulement par eux que la situation pourra évoluer et que les Roms auront une chance de trouver leur place dans la société tout en restant fidèles à ce qu’ils sont. Ils ne seront ni les premiers ni les derniers à y arriver. Chroniques précédentes: La Hongrie reste en dehors du «Pacte pour l’euro» Mme Khadafi, née Farkash, se repose à Vienne pendant que la Libye flambe Chronique du 9 mars 2011 : « Ce n’est pas du féminisme, c’est de l’économie » Chronique du 28 février 2011 : Défense européenne, de Tripoli à Gödöllö en passant par l’OTAN Chronique du 23 février 2011 : « pooling and sharing », ce n’est pas pour demain Chronique du 17 février 2011 : le groupe de Visegrad fête ses 20 ans Chronique du 9 février 2011 : Orbán a sa pub dans Paris Match Chronique du 4 février 2011 : VRP hongrois Chronique du 20 janvier 2011 : L’ethnocentrisme hongrois au Parlement européen Chronique du 14 janvier 2011 : Tel est pris qui croyait prendre Chronique du 6 janvier 2011 : Comedia dell’arte Chronique du 31 décembre 2010 : Le sacre de Viktor Orban
Après Gyöngyöspata moins d’un mois plus tôt, c’est à Hejöszalonta, dans le Nord-est de la Hongrie, que Jobbik a mobilisé ses sympathisants et ses associations d’« autodéfense », samedi soir, pour provoquer et accuser collectivement l’ensemble de la communauté tsigane du meurtre d’une femme du village.
Le procès contre les présumés coupables d’une série d’attaques racistes anti-Roms qui a coûté la vie à six personnes, dont une femme et un enfant de cinq ans, s’est ouvert vendredi matin au tribunal du département de Pest.
C’était la journée des manifestations à Budapest ! Pas moins de quatre étaient organisées ce lundi dans la capitale hongroise, dont deux pour dénoncer le racisme anti-rom et les groupes d’extrême-droite qui sévissent dans les campagnes. Mais il faut bien avouer qu’elles n’ont pas été très mobilisatrices…
Dans le Nord de la Hongrie, des militants d’extrême-droite ont pris possession du village de Gyöngyöspata pour intimider la population rom locale. Dans les régions défavorisées du pays, l’instabilité sociale consécutive à l’augmentation de la pauvreté laisse craindre une dangereuse dégradation des relations interethniques.
Le procès à l’encontre des quatre hommes accusés d’avoir mené une série d’attaques meurtrières dirigées contre des membres de la minorité rom se déroulera à huis-clos devant la cour de justice du département de Pest, du 25 mars au 13 juillet, sur 34 jours d’audience.
HU-lala a rencontré Nikolett Mohacsi, une jeune militante pour les droits des Roms de Hongrie, à l’origine d’un projet d’ONG dédiée à la résolution des conflits : « Mediátor Foundation ».
Des parents d’écoliers ont été condamnés par le tribunal de Sajókaza à dix mois de prison ferme pour l’absentéisme scolaire de leurs enfants, a rapporté MTI lundi.
Le mouvement pour une meilleure Hongrie a manifesté jeudi soir à Lak, dans le Nord-est de la Hongrie, pour y exploiter un fait divers particulièrement sordide.
Les dispositions prises par les autorités hongroises contre l’absentéisme à l’école depuis la rentrée scolaire semblent commencer à porter leurs fruits, du moins dans les chiffres. C’est en tous cas ce que rapportent les journaux télévisés et radiophoniques hongrois cette semaine, en notant qu’au cours des derniers mois, plus de 270 parents d’élèves ont été privés de leur allocation (15 000 HUF par mois) par enfant de moins de 18 ans ayant été absent des bancs de l’école sans motif. C’est bien sûr toute la problématique de l’éducation des enfants d’origine Rom qui est soulevée par ces mesures économiques et sociales « anti-absentéistes ». Certes, l’école buissonnière (si seulement l’absentéisme se limitait à cela), a diminué de 20% depuis que cette loi privant les parents de leur allocation est entrée en vigueur, mais à contrario, beaucoup d’enseignants déclarent qu’ils auraient préféré que certains garnements continuent à traîner les rues, tant ceux-ci perturbent leurs cours aujourd’hui. Il convient de rappeler que beaucoup d’enfants roms, absentéistes ou non, sont victimes de discrimination dans leur scolarité, et ce, de facto depuis plusieurs années. Beaucoup d’écoles hongroises ont pris l’initiative de séparer systématiquement les Roms des autres élèves, en les plaçant dans des classes spéciales, où l’enseignement dispensé est ostensiblement « au rabais ». Au regard des chiffres mentionnés plus haut, il semble qu’en général, les parents Roms soient bien plus motivés par l’argent pour envoyer leurs enfants à l’école que par une quelconque menace de coercition. Bien avant cette nouvelle loi, en septembre 2009, sous le gouvernement intérimaire de Gordon Bajnai (pourtant réputé plutôt progressiste), deux parents tsiganes avaient été condamnés à une peine d’emprisonnement ferme (16 mois) pour n’avoir pas obligé leurs enfants à aller à l’école. Des associations s’étaient chargées de leur défense auprès des tribunaux à Budapest, et les accusés en avaient directement référé à la Cour Européenne des Droits de l’Homme à Strasbourg. Articles liés : Emprisonnés pour l’absentéisme scolaire de leurs enfants! Discrimination scolaire: l’Etat hongrois mis en cause La « question Rom » selon Bajnai En France, tous les Hongrois ne sont pas les bienvenus Tensions communautaires en vue L’OPAC slovaque paie des Roms pour s’expatrier
Avant son séjour à Paris jeudi et vendredi derniers, le premier ministre hongrois Viktor Orban est passé mercredi par Bruxelles, où il a rencontré les commissaires européens, leur président, José Manuel Barroso, et le président permanent de l’UE, Herman Von Rompuy. Pendant trois jours, il a exposé ses priorités en vue de la présidence hongroise du Conseil de l’UE qui commence en janvier, dans un style (presque) pro-européen. L’eau et la diversité culturelle relayées au second plan La gouvernance économique, la révision du traité de Lisbonne et l’harmonisation des politiques budgétaires ont pris le dessus sur des dossiers comme la diversité culturelle ou la gestion de l’eau, indique le premier ministre hongrois dans une interview accordée au journal Le Figaro mercredi dernier. Ce changement de direction pourrait sembler regrettable au regard de la catastrophe environnementale causée par les boues rouges de l’usine d’aluminium d’Ajka, qui avait mis la question des conséquences internationales d’une pollution du Danube au coeur des préoccupations. Cependant les Hongrois, qui ont participé récemment au Sommet pour le Danube, devront formuler la stratégie européenne de développement et de protection pour la région du Danube pendant leur présidence du Conseil de l’UE. Quant à la question de la diversité culturelle, elle prendra une tournure particulière puisque la Hongrie devrait travailler à l’élaboration d’une stratégie pour l’intégration des Roms. Alors que le pays est régulièrement épinglé par le Conseil de l’Europe ou par l’ONU pour de nombreuses discriminations ou pour la stigmatisation de la minorité rom dans les médias, ce chantier sera l’un des plus délicats pour la Hongrie qui devra essayer, pour une fois, de donner l’exemple. La galère de la réforme institutionnelle Les questions économiques étaient depuis longtemps au programme de la présidence hongroise, mais elles prennent une tournure particulière car l’UE doit faire face aux situations délicates de la Grèce ou de l’Irlande. Comme priorité de la présidence hongroise de l’UE, l’opinion publique devra donc se satisfaire d’une révision du Traité de Lisbonne, si douloureusement adopté il n’y a pourtant pas si longtemps. La Hongrie devrait donner suite à la proposition de la chancelière allemande Angela Merkel d’introduire une modification du traité dont l’objectif sera de permettre la mise en place d’un filet de sécurité financier permanent pour les pays de la zone euro. Le futur mécanisme permanent de gestion des crises financières devrait contraindre les 27 à être beaucoup plus stricts en matière budgétaire. Le Tribunal constitutionnel fédéral allemand de Karlsruhe avait en effet indiqué que les mécanismes mis en place pour le plan de sauvetage de la Grèce étaient contraires au traité. Les articles 126-128 prévoient qu’une aide financière peut être apportée par les pays de la zone euro à un pays qui n’en fait pas partie, mais interdisent d’aider un pays de la zone euro. Faire aboutir les négociations sur ce point et trouver un mécanisme de ratification fera partie du travail délicat de la présidence hongroise. La Hongrie pourrait aussi avoir à résoudre les problèmes liés à au retard pris dans l’adoption du budget européen de 2011. L’énergie, l’espace Schengen et l’élargissement, sujets obligatoires La Hongrie participera par ailleurs au premier sommet européen sur l’énergie, le 4 février 2011. L’une des priorités du commissaire à l’énergie Günther Öttinger, est de connecter les réseaux de gaz et d’électricité des 27, afin d’éviter qu’un Etat puisse se trouver en situation de pénurie, comme ce fut le cas lorsque la Russie a suspendu ses exportations de gaz transitant par l’Ukraine en janvier 2009. Les Hongrois, comme les autres pays d’Europe centrale, seront attentifs à la question de la dépendance énergique, en particulier à la veille du sommet UE-Russie du 7 décembre 2010 où un accord stratégique historique pourrait être conclu. Un Conseil Justice et Affaires intérieures sur l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l’espace Schengen devrait se tenir les 24 et 25 février prochain. Au cours de l’entretien musclé avec le journaliste du Figaro, le premier ministre hongrois s’est déclaré tout à fait favorable à leur entrée au vu « des progrès énormes » qu’ont fait ces deux pays. Il devra cependant faire face aux objections de la France, de l’Italie, de l’Allemagne ou des Pays-Bas qui estiment que les conditions qui assurent l’intégrité et la sécurité de l’espace commun de libre circulation de Schengen ne sont pas encore réunies pour une adhésion en mars prochain. L’entrée de la Croatie dans l’UE sera l’une des autres grandes priorités de la Hongrie. Mais tandis que les négociations s’approchent de leur conclusion, l’euroscepticisme s’accroît dans les Balkans, et la majorité des citoyens croates voterait aujourd’hui contre l’adhésion de leur pays à l’UE. Viktor Orban semble en fin de compte avoir réussi la semaine dernière son exercice de présentation des priorités de sa présidence, et pour féliciter le bon élève européen le président Barroso a salué a l’issue de leur rencontre, la « cohérence évidente entre les priorités annoncées de la présidence hongroise et le programme de la Commission ». Le président permanent du Conseil Van Rompuy, a jugé pour sa part que sa rencontre avec Viktor Orban avait été « constructive » et que leurs discussions avaient été « productives ». Le temps où Viktor Orbán jouait le rebelle face au FMI et à l’UE paraît donc – pour l’instant – révolu. Sources : Interview de Viktor Orban par Stéphane Kovacs dans Le Figaro La Croatie en tête de l’euroscepticisme dans les Balkans Articles liés : Stratégie pour le Danube: « connecting pipole » ? Roms : L’ONU s’en mêle à son tour Les Roms sont encore discriminés en Hongrie, indique le Conseil de l’Europe Présidence de l’UE : la Hongrie est-elle prête ?
Dix jours seulement après les violentes critiques de l’ONU adressées à la Hongrie, Amnesty International a publié mercredi un rapport intitulé “Violent attacks against Roma in Hungary” qui revient sur la série de crimes qui ont visés les Roms hongrois en 2008 et 2009.
L’ONU a vertement critiqué la Hongrie, jeudi dernier, pour la situation de sa minorité rom. L’organisation internationale s’est inquiétée des « mauvais traitements » et des « discriminations » dont les Roms sont victimes sur le territoire hongrois. Les Roms demeurent au centre de l’actualité internationale en ce mois d’octobre 2010. Une semaine après le rappel à l’ordre de la commissaire européenne chargée de la justice, Viviane Redding, concernant le traitement des roms en France, c’est au tour de la Hongrie de se faire taper sur les doigts à ce sujet par les instances internationales. Mais contrairement à la France, la Hongrie est relativement habituée à essuyer des avalanches de critiques pour ce qui est de l’intégration des Roms. Le dernier rapport en date l’épinglant étant le fait du Conseil de l’Europe, il y a à peine plus d’un mois. Les 18 experts du comité des Droits de l’Homme de l’ONU ont dénoncé les nombreuses discriminations et « le profilage racial de la police » à l’égard de la communauté rom, ou plus exactement DES communautés roms de Hongrie. Selon eux, la plus grande minorité du pays (estimée entre 600.000 et 700 000 individus) serait la cible répétée des « médias et des personnalités publiques ». Cette stigmatisation médiatique aurait crée un amalgame détestable faisant de tous les Roms des délinquants en puissance aux yeux d’une grande majorité de la population hongroise. Ce nouvel élan de sollicitude vis-à-vis des Roms hongrois est louable, mais il y a peu de chance pour que cela ne change quoi que ce soit sur le terrain à leur triste sort. A moins que cela accentue encore un peu la pression qui pèse sur le gouvernement hongrois à deux petits mois du début de sa présidence de l’Union européenne…Conscient qu’il sera attendu au tournant sur cette question, le gouvernement de Viktor Orban a de toute façon d’ores et déjà fait de l’intégration des Roms dans la société magyare l’une des trois priorités de sa présidence. Articles liés : Les Roms sont encore discriminés en Hongrie, indique le Conseil de l’Europe La ségrégation pour éviter « la guerre civile » Tensions communautaires en vue La « question Rom » selon Bajnai La Hongrie condamnée pour atteinte à la liberté d’expression Discrimination à l’école: Strasbourg surveille la Hongrie Discrimination scolaire: l’Etat hongrois mis en cause
Les questions entourant la politique d’expulsion des Roms en France et ses répercutions européennes ne sont pas prêtes de se dissiper contrairement à ce qu’à pu affirmer, la semaine passée, Nicolas Sarkozy. Mardi dernier, le président français s’est félicité, en marge d’un sommet à Deauville en compagnie de la chancelière allemande Angela Merkel et du président russe Dmitri Medvedev, de l’annonce du retrait par la commission européenne de la procédure d’infraction envers la France « pour la simple raison, qu’il n’y avait de discrimination » à ce sujet. En réponse aux déclarations du président français, la commissaire européenne chargée de la Justice, Viviane Reding, a tenu à préciser que la procédure d’infraction contre la France concernant l’application de la directive de 2004 à propos de la liberté de circulation était juste temporaire. La procédure « restera ouverte jusqu’au moment où le gouvernement français adoptera sa législation ». Par ailleurs, Viviane Reding a ajouté que Bruxelles patientera quelques semaines pour se prononcer sur le caractère discriminatoire ou non de ces expulsions. Les propos de Nicolas Sarkozy ont également provoqué un tollé du coté de Budapest. Dans un texte transmis au Monde mercredi, Rob Kushen, le directeur du Centre Européen pour les Droits des Roms (CEDR), basé dans la capitale hongroise, s’est empressé mercredi de démentir l’idée selon laquelle la France se trouverait exonérée par la Commission Européenne. Il a même laissé entendre que la procédure devrait reprendre de plus belle car « les preuves de discrimination étaient évidentes ». Cette intervention de Rob Kushen fait suite à celle du financier américain d’origine hongroise Georges Soros, l’un des principaux soutiens du CEDR, qui, cet été, avait vivement critiqué la politique du gouvernement français à l’égard de la population Rom. Articles liés : Des Roms gagnent au jeu du chat et de la souris Dossier : Tous les chemins mènent aux Roms (1/4) Tous les chemins mènent aux Roms (2/4) : « le temps des gitans » … dans l’Union Européenne Tous les chemins mènent aux Roms (3/4) : « l’effet papillon » du fait divers de Saint-Aignan Tous les chemins mènent aux Roms (4/4) : le point de vue de la presse hongroise, Sarkozy et la stratégie Berlusconi Soros critique la France pour les expulsions de Roms La ségrégation pour éviter « la guerre civile » En France, tous les Hongrois ne sont pas les bienvenus
La population hongroise est passée sous le seuil hautement symbolique des 10 millions d’habitants. L’évènement, même s’il était attendu, est vécu comme un petit traumatisme en Hongrie et place ce pays face à de grands défis comme l’immigration et l’intégration de sa minorité rom.
Dans un rapport publié mercredi concernant la protection des minorités nationales, le Conseil de l’Europe (CoE) indique que la Hongrie, malgré ses « efforts considérables » consentis, continue de discriminer sa population minoritaire Rom.
Munis de leurs arrêtés de reconduite à la frontière, des Roms roumains ont décidé jeudi dernier de passer à pied la frontière dans un village franco-belge du Nord, sous le contrôle d’un huissier. Ils ont fait quelques pas sur le territoire belge avant de revenir en France. Cette opération organisée par deux avocats spécialistes du droit des étrangers avait pour objectif de contrer la politique française d’expulsion massive des Roms vers la Roumanie et la Bulgarie, par avion, et de démontrer que celle-ci allait à l’encontre de la logique de la construction européenne. Selon l’un des deux avocats, Me Berthe, « les Roms ont exécuté l’arrêté de reconduite, qui devient nul, et peuvent donc revenir en toute légalité, en tant que ressortissants européens, sur le sol français ». Comme tout citoyen d’un Etat de l’Union européenne, les Roms roumains et bulgares peuvent entrer en France sans formalité particulière et y rester trois mois sans avoir à justifier d’une activité. Au-delà, ils doivent avoir un emploi, suivre des études ou justifier de ressources suffisantes, et avoir une assurance maladie. Source : La Voix du Nord Articles liés : Tous les chemins mènent aux Roms (2/4) : « le temps des gitans » … dans l’Union Européenne Tous les chemins mènent aux Roms (3/4) : « l’effet papillon » du fait divers de Saint-Aignan Tous les chemins mènent aux Roms (4/4) : le point de vue de la presse hongroise, Sarkozy et la stratégie Berlusconi Soros critique la France pour les expulsions de Roms La ségrégation pour éviter « la guerre civile » En France, tous les Hongrois ne sont pas les bienvenus
L’été a été chaud pour les Roms en France. D’un fait divers qui a tourné au drame, puis à l’émeute, on est passé au démantèlement des camps de Roms à grande échelle et aux expulsions massives. On a jamais autant parlé de cette communauté en Europe de l’ouest que ces dernières semaines, et cela grâce à Paris. Reste à espérer que cette médiatisation serve enfin à améliorer l’existence des Roms dans leurs pays d’origine, en Europe centrale, de l’Est et balkanique.
Depuis 10 ans, la Roumanie, comme la Hongrie depuis le changement de régime, consent à faire des efforts pour l’intégration des Roms, dans le style “discrimination positive”. Mais cette politique s’avère, comme en Hongrie d’ailleurs, avoir été un échec cuisant. Depuis des années, des millions d’euros ont été alloués pour leur intégration, notamment pour l’accès à l’éducation et aux soins hospitaliers. Mais avec la crise et l’émergence d’autres groupes sociaux en difficulté, les collectivités locales choisissent de faire leurs coupes budgétaires dans ce secteur précis.
Comme nous l’avons vu dans les articles précédents du dossier, la discrimation à l’égard des Roms n’est certainement pas une spécificité hongroise et le » pays des Droits de l’Homme » n’est pas un Eldorado. Quand les temps sont difficiles, on a tendance à chercher des boucs-émissaires et malheureusement, cette règle s’est une nouvelle fois vérifiée cet été.
Le point de vue de la presse hongroise : Sarkozy et la stratégie Berlusconi En Hongrie fin juillet, le journal HVG n’avait déja pas hésité à faire des mesures prises à l’encontre des Roms en France l’un des titres phare de son numéro, en les rapprochant de la politique anti-Roms suivie par Silvio Berlusconi depuis quelques années. En titrant “Sarkozy a craqué”, l’hebdomadaire sous-entendait que l’atout sécurité – communication du président français commençait à se transformer en faille. D’autant qu’en plus de l’affaire Woerth-Bettencourt, Nicolas Sarkozy devait faire face à une chute libre sans précédent pour un président de sa côte de popularité. Entre faire profil bas ou en rajouter, il a choisi la deuxième option, qui l’a certes bien aidé à faire parler de lui, mais qui l’a aussi discrédité sérieusement sur le plan international. La comparaison faite par HVG avec Berlusconi n’était pas anodine, puisque ce dernier avait dû lever le pied de l’accélérateur à expulsions concernant les Roumains et les Bulgares. De nombreuses associations de défense des Droits de l’Homme s’étaient dressées contre lui à ce moment-là et avaient eu raison, dans une certaine mesure, de son coup de filet arbitraire. HVG a alors rapporté qu’en 2008, l’Italie relevait systématiquement les empreintes de tous les Roms… Depuis, ce ne sont que ceux qui n’ont pas de titre de séjour qui en font l’objet. La danger de l’analogie, c’est qu’en Italie, aux alentours de villes comme Rome ou Naples, certains citoyens italiens ont eux-mêmes voulu résoudre le “problème rom”, comme l’ont fait certains extrémistes hongrois en 2008 – 2009. A Rome justement, le démantèlement de plus d’une centaine de camps de roms l’an dernier a déplacé plus de 6000 personnes autour de la ville. Amnesty International a immédiatement réagi, en entamant une procédure pour arreter l’exode urbaine, car cela n’aurait fait qu’augmenter leur precarité (au moins 1000 personnes seraient encore sans abris, et une grande partie d’entre eux ont bien entendu perdu leur travail légal). Depuis mai 2008, à Ponticelli (banlieue de Naples), plusieurs maisons et camps de roms ont fait l’objet d’agressions aux cocktails molotov car une fille de la communauté aurait tenté d’enlever un bébé, et parce qu’un tsigane de Roumanie avait commis un crime crapuleux. Selon HVG enfin, la démesure de la politique du gouvernement Sarkozy (accessoirement gouvernement Fillon) suite au fait divers de Saint-Aignan aura au moins le mérite d’attirer un peu plus l’attention de l’UE sur le cas des Roms sur le continent et de la forcer à la création d’un programme commun. Source : Article d’HVG Articles liés : Tous les chemins mènent aux Roms (1/4) Tous les chemins mènent aux Roms (2/4) : « le temps des gitans » … dans l’Union Européenne Tous les chemins mènent aux Roms (3/4) : « l’effet papillon » du fait divers de Saint-Aignan Soros critique la France pour les expulsions de Roms La ségrégation pour éviter « la guerre civile » En France, tous les Hongrois ne sont pas les bienvenus
Jobbik, cela est bien connu, n’est pas ce qu’on pourrait appeler un fervent partisan du multiculturalisme. Lors d’une conférence de presse mercredi, le parti d’extrême-droite a exposé ses solutions très concrètes face à l’échec de l’intégration des Roms en Hongrie. Pour Jobbik, le constat est sans appel : la politique d’intégration de la minorité rom dans la société hongroise, menée depuis la fin de la période communiste, est un échec que les partis précédemment au pouvoir n’ont pas eu le courage d’affronter. Selon son leader, Gabor Vona, le multiculturalisme et plus spécifiquement la cohabitation entre Hongrois ethniques et Roms est la faiblesse principale de la Hongrie. « Nous avons besoin de nouvelles solutions si nous voulons éviter la guerre civile« , a-t-il estimé devant les journalistes présents à la conférence de presse. Ses solutions ? La ségrégation par la création de « zones de criminalité », où seraient parqués, sous surveillance policière, les délinquants. Très concrètement, Jobbik a proposé, par la voix de son député Csanad Szegedi, la mise en place d’une première « zone d’ordre public », dans la ville de Miskolc. Une zone bouclée où ses résidents seraient enregistrés et placés sous la surveillance permanente de la gendarmerie locale, dans le but de venir à bout des « éléments criminels » et de les forcer à l’intégration. Ce vaste programme prévoit aussi la création de prisons autonomes où les détenus subviendraient eux-mêmes à leurs besoins. Jobbik n’oublie pas non plus les enfants roms, ces délinquants en devenir (Sic!), avec la création de pensionnats où « la ségrégation serait un outil éducationnel plus productif ». La ghettoïsation pour le bien des Roms, en quelque sorte. Il est peu sûr que les principaux concernés goûtent cette sollicitude à leur égard comme il se doit… Un peu de la même façon que Laurent Fabius avait affirmé, en France dans les années 80, que « Le Pen pose les bonnes questions mais donne les mauvaises réponses », le tableau dressé par Jobbik ne fait pas débat en Hongrie, mais c’est sur les solutions à apporter que l’opposition socialiste et le parti de droite au pouvoir divergent. Les socialistes du MSZP estiment que le gouvernement FIDESZ de Viktor Orban ne se distance pas suffisamment de l’extrême droite et ont menacé de « rapporter » l’affaire à Bruxelles pour dénoncer son « silence cynique sur des questions qui mettent en danger la démocratie. » s’il ne prenait pas position plus clairement. Dans un communiqué, la FIDESZ a estimé pour sa part que la solution « n’est pas de créer des ghettos, mais d’avoir une législation stricte et une police forte ». Elle a intimé à Jobbik, ses petits frères turbulents de l’extrême-droite, d’ « examiner la Constitution hongroise avant d’émettre des propositions si outrageantes. » Pour Jobbik, à problème simple, réponse simple. C’est sans doute la grande force de ce parti et la principale raison de son succès que de proposer des solutions rapides et radicales à des questions complexes, voire parfois considérées comme insolubles par le reste de la classe politique. Articles liés : Tensions communautaires en vue L’ordre et la sécurité, mais pas ceux de la Magyar Garda La « question Rom » selon Bajnai Discrimination scolaire: l’Etat hongrois mis en cause
Le financier milliardaire américain d’origine hongroise György Schwartz, aka George Soros, s’est joint au concert international des critiques qui s’abattent sur « le pays des Droits de l’Homme », depuis que celui-ci s’est mis en tête d’expulser de son territoire des citoyens européens d’origine Rom. Dans un communiqué diffusé mardi, il a demandé à la France de cesser ces expulsions et a plaidé pour la mise en place d’une politique européenne d’intégration. « Les expulsions de Roms effectuées en ce moment par la France risquent de violer le droit français et européen. […] Des hommes, femmes et enfants en Europe ne peuvent pas être renvoyés en raison de leur origine ethnique sans procès pour déterminer s’ils ont ou non commis des crimes« , peut-on lire dans ce communiqué. Au-delà de ses critiques de la politique française menée par le Président Sarkozy, M. Soros estime que les pays de départ des populations Roms doivent œuvrer à leur intégration avec plus de détermination et que « l’ampleur des problèmes nécessite un vaste et efficace plan d’intégration des Roms au niveau de l’Union européenne« . Une position qu’il argumente en termes démographiques : « Les Européens ne peuvent pas se permettre de perdre une nouvelle génération de Roms alors qu’en 2015 un tiers des entrants sur le marché du travail dans un pays comme la Hongrie seront Roms« . Il faut dire que M. Soros, « l’homme qui fit sauter la Banque d’Angleterre », est aussi un grand philanthrope et que sa fondation Open Society, parmi de nombreuses autres activités, vient en aide, à hauteur de 150 millions de dollars, aux Roms d’Europe centrale et de l’est. Il n’est pas inutile de préciser que ce sont les Roms de Roumanie et de Bulgarie qui sont visés par ces arrêtés d’expulsion car, bien que citoyens européens, ces deux Etats n’appartiennent pas encore à l’espace Schengen qui prévoit la libre circulation des personnes. La Hongrie y adhérant depuis 2007, « ses » Roms risquent aussi de subir des démantèlements de camps mais ne sont pas expulsables du territoire français. Partant du constat que « Beaucoup de nos compatriotes sont, à juste titre, surpris en observant la cylindrée de certains véhicule qui traînent les caravanes« , le ministre de l’intérieur Brice Hortefeux a mis en place cet été, avec la bénédiction du chef de l’Etat, une vaste politique d’expulsion des Roms et a promis l’évacuation de 300 camps illégaux dans les trois mois à venir. Lire le communiqué de George Soros
Dávid Daróczi, ancien porte-parole du gouvernement de Ferenc Gyurcsany, du 18 juin 2008 au 24 avril 2009, et figure éminente de la communauté rom hongroise, s’est suicidé vendredi soir. Il remplissait aussi depuis quelques temps les pages de la presse « people » pour sa liaison avec une personnalité hongroise. Son corps a été découvert par un membre de sa famille au 72 de l’avenue Andrássy, au domicile de András Batiz, lui aussi ancien porte-parole gouvernemental. Les secours n’ont pu le réanimer et ont constaté sa mort vendredi soir vers 23h. La police n’a pas encore divulgué la cause exacte de sa mort. L’ancien premier ministre Ferenc Gyurcsány, a rapidement réagit à l’annonce du décès de son porte-parole. « Je suis choqué par la mort de mon porte-parole et de mon ami. J’aimerais croire que son âme va trouver la paix dans la mort. » La mort de Dávid Daróczi représente aussi et surtout une grande perte pour la communauté rom de Hongrie, dont il était un des représentants les plus éminents, certains le considérant même comme l’intellectuel rom le plus important de l’histoire de la démocratie hongroise. « Sa perte n’est pas seulement une perte pour les gens qui l’aimaient mais aussi pour toute la communauté rom.« , a déclaré l’actuel premier ministre Gordon Bajnai. « Avec la mort de Dávid Daróczi, la « tsiganité » [ndlr : « ciganysag » dans le texte] hongroise a perdu un Obama potentiel, son espoir et son modèle. », a regretté pour sa part László Teleki, secrétaire d’Etat aux Affaires roms. Depuis le mois de Décembre, Daróczi entretenait une liaison très prisée par la presse « people », avec Claudia Liptai, une comédienne et télé-présentatrice très connue en Hongrie.
Quatre Hongrois, deux Japonais et un Russe sont au Canada. Que font-ils ? Ils assistent en touristes aux J.O de Vancouver… puis déposent une demande d’asile. L’information communiquée mardi par la chaîne canadienne CTV sonne comme une blague, mais ce n’en est pourtant pas une, à en croire les infos émanant des autorités canadiennes. Au pays des trappeurs, la Hongrie serait devenue numéro un dans le secteur des demandeurs d’asile. Hier, l’Immigration canadienne a même évoqué la révision de l’exemption de visas pour les touristes hongrois, qui semblent souvent prendre racine outre-atlantique. Les athlètes hongrois n’ayant pas particulièrement brillés aux jeux olympiques d’hiver de Vancouver – ils sont rentrés bredouilles – ce sont leurs supporters qui ont entrepris de se distinguer. La demande d’asile des Japonais n’a pas fait un pli, sèchement balayée par le ministre canadien de l’Immigration, Jason Kenney, qui les a qualifiées de « ridicules », justifiant que « Le Japon est une démocratie libérale où les droits de l’homme sont protégés ». La Hongrie n’a, elle, pas eu l’honneur de se voir qualifier par le ministre canadien de « démocratie libérale où les droits de l’homme sont protégés ». Un peu plus nuancé dans son propos qu’en ce qui concerne les deux réfugiés nippons, il a avoué comprendre difficilement comment de « vrais » réfugiés pouvaient provenir de Hongrie, quand bien même il s’agit de citoyens d’origine Rom. « Bien que les gens aient différents défis à relever là-bas, il n’y a aucune preuve de persécution », a-t-il estimé. Plus qu’une anecdote, une tendance de fond Le nombre de demandes de réfugiés hongrois au Canada est passé à plus de 1350, près de cinq fois plus qu’en 2008, date à partir de laquelle Hongrois et Canadiens n’ont plus eu besoin de visas pour se rendre visite. Selon Richard Kurland, avocat au bureau de l’immigration de Vancouver, la demande d’asile des Roms est symptomatique de « l’abus du système d’accueil des réfugiés du Canada. […] Ils donnent une mauvaise réputation aux véritables réfugiés. » L’an dernier le bureau de l’immigration a accepté 3 demandes d’asile en provenance de Hongrie, en a rejeté 5 autres et 250 ont été abandonnées avant le terme de la procédure. Selon Kurland, les demandeurs d’asile en provenance de Hongrie arrivent actuellement au Canada, au nombre de 200 par mois. A l’image de leurs athlètes, il y a donc peu de chance pour que les quatre compères Hongrois se voient récompensés de leur long voyage transatlantique. La Hongrie n’est pas le seul pays où les Roms ont des envies de départ. Après une arrivée massive l’an passé de demandeurs d’asile de citoyenneté tchèque appartenant à la minorité rom, le Canada a rétablit l’obligation de visa pour les citoyens de la République tchèque. On peut comprendre leur démarche. Même si la réalité canadienne n’est pas l’eldorado espéré par les milliers de réfugiés qui s’y bousculent chaque année, sur le papier, le Canada a de quoi motiver à l’émigration même un citoyen d’un pays de l’Union Européenne comme la Hongrie. Avec 0.966, son Indice de développement humain (l’IDH, le meilleur indicateur de développement construit à ce jour) est le 4è plus élevé au monde, contre le 44è pour la Hongrie, avec 0.879. Son PIB par tête est exactement deux fois plus élevé, 38.000 US$ contre 19.000US$ (en parité de pouvoir d’achat). Le précédent strasbourgeois Il reste maintenant à savoir quelle attention va porter la presse et l’opinion publique hongroise à cette anecdote et comment elles vont l’interpréter. Car on se souvient du tohu bohu médiatique déchaîné en 2000 par la demande d’asile politique en France et de condamnation de la Hongrie devant la Cour européenne des droits de l’homme de la part de citoyens hongrois d’origine rom. En France, les Verts, le Parti Communiste, la Ligue Communiste Révolutionnaire, la Ligue des Droits de l’Homme, le MRAP, les Confédérations CGT et SUD, s’étaient organisés en Comité de soutien aux demandeurs d’asile. Un soutien qui avait soulevé l’indignation en Hongrie où s’étaient multipliées les déclarations incendiaires d’hommes politiques et les articles de presse qualifiant même parfois leurs compatriotes exilés de « traîtres au pays ». Articles liés : Discrimination à l’école: Strasbourg surveille la Hongrie En France, tous les Hongrois ne sont pas les bienvenus L’OPAC slovaque paie des Roms pour s’expatrier Tensions communautaires en vue Tony Gatlif : la voix des Roms
MTI rapportait vendredi que la Cour européenne des Droits de l’Homme, à Strasbourg, demande des comptes au gouvernement hongrois quant à de possibles discriminations et ségrégations des Roms dans son système éducatif. Deux Roms hongrois de 23 ans, habitant le village de Kesznyeten (au nord est du pays), se sont tournés vers Strasbourg après que plusieurs tribunaux hongrois aient sous-estimé le bien-fondé de leurs plaintes. Une association avait déja porté plainte pour discrimination à l’école contre l’Etat hongrois en septembre dernier. Au cours de leur scolarité, les deux hommes ont été placés dans une classe spéciale de l’école municipale, entre 1994 et 2002, sous prétexte qu’ils avaient des troubles de l’apprentissage. Le diagnostic avait été reconfirmé plus tard, et même surévalué en 2000. L’avocat des deux « cancres » a fait valoir que l’inscription de ses clients dans la classe spéciale relevait de la ségrégation et de la discrimination en raison de leur origine Rom. L’avocat a demandé une expertise pédagogique et psychologique indépendante, qui a établi que leur degré de difficulté d’assimilation ne justifiait pas un placement dans une telle classe. La section en question consiste en un programme d’études raccourci, sans apprentissage des sciences, ni des langues étrangères, avec des enseignants qui n’auraient aucune formation pédagogique particulière. L’enquête de la Cour européenne des Droits de l’Homme se penchera sur les procédures pénales hongroises et vérifiera si ce genre de dossiers est traité en vertu d’un cadre juridique approprié. Il y a un peu plus de deux mois, l’Etat hongrois a déja eu affaire à cette même Cour, et a été condamné pour atteinte à la liberté d’expression. L’affaire en question concernait la condamnation, à tort par un tribunal hongrois, de l’historien Laszlo Karsai qui avait qualifié un article du Magyar Nemzet d’antisémite des années plus tôt. Articles liés: La « question Rom » selon Bajnai En France, tous les Hongrois ne sont pas les bienvenus La Hongrie condamnée pour atteinte à la liberté d’expression Tensions communautaires en vue L’OPAC slovaque paie des Roms pour s’expatrier Discrimination scolaire: l’Etat hongrois mis en cause Emprisonnés pour l’absentéisme scolaire de leurs enfants!
La situation des Roms, cette fois-ci au Kosovo, est le thème central du remarquable dernier roman-documentaire de Gianni Pirozzi. Intitulé « Le quartier de la fabrique », nom donné au quartier Rom de la ville de Kosovska-Mitrovica, ce roman nous fait voyager au cœur des Balkans, avec en toile de fond le trafic d’armes, les conflits interethniques, l’idéalisme de quatre marginaux et surtout le déchirement de la communauté Rom. L’auteur nous sensibilise au sort de cette minorité en danger : « Lors de la réhabilitation du quartier, les urbanistes de la MINUK chargés de la reconstruction du protectorat ont bouleversé les repères spatiaux habituels et fait disparaître toute trace de cinq siècles de présence rom à Kosovska Mitrovica. Et partout ailleurs. », écrit-il par exemple. Par son intrigue palpitante, la précision des événements et des lieux, ce « docu-roman » est un bonheur pour les amoureux des Balkans et du peuple Rom. Le sujet de l’intégration des Roms ne quitte jamais vraiment l’actualité en Hongrie. Au mois de janvier dernier, la police française a placé en rétention des citoyens hongrois d’origine Rom et, plus récemment encore, le premier ministre hongrois lui-même a fait de l’intégration des Roms LA priorité nationale. Articles liés : La « question Rom » selon Bajnai En France, tous les Hongrois ne sont pas les bienvenus Pour vous procurer l’ouvrage : « Le quartier de la fabrique », collections Rivages/noir, 346 pages, imprimé en Octobre 2009 prix public 9 euros. Du même auteur : « Romicide », Coop Breizh, 157 pages, février 2001.
Dans une interview accordée jeudi au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, le premier ministre hongrois Gordon Bajnai s’est exprimé sur ce qu’il est convenu d’appeler en Hongrie, comme dans le reste de l’Europe, « la question Rom ». Selon lui, plus que le rattrapage économique du pays, plus que la digestion de l’histoire récente du pays qui divise encore profondément la société hongroise, la question de l’intégration des Roms dans la société « demeurera le thème le plus important de la politique hongroise pour les 15 à 20 prochaines années. […]Si on ne réussit pas leur intégration, la Hongrie ne pourra avoir un développement durable sur le long terme« . C’est une bien lourde tâche à assumer pour les Roms du pays… Si l’intention est louable, la forme est assez indélicate car elle soulève la question en des termes ethniques. Or, répondre à un défi qui est avant tout social et économique en des termes ethniques est souvent peu productif, voire franchement contre-productif. Ces déclarations dans les colonnes d’un quotidien étranger sont aussi un peu surprenantes car le parti socialiste auquel il est affilié –à défaut d’y être encarté- est d’habitude relativement frileux sur ce sujet. Il s’est même souvent opposé au cours de ces derniers mois au racisme, présumé ou avéré, d’une partie de la droite hongroise et l’a dénoncé chaque fois qu’elle est allé dans le sens d’une marginalisation de la population rom de Hongrie. Articles liés: En France, tous les Hongrois ne sont pas les bienvenus Tensions communautaires en vue L’OPAC slovaque paie des Roms pour s’expatrier Discrimination scolaire: l’Etat hongrois mis en cause Emprisonnés pour l’absentéisme scolaire de leurs enfants Le festival des blancs sème la terreur Roms, le jour le plus long
L’ « ex communiste » hongrois Laszlo Andor, futur commissaire à l’Emploi et aux Affaires sociales, a été auditionné hier pendant 3 heures par un comité de députés européens. Il a finalement fait une très bonne impression. C’est maintenant au tour de la Bulgare Rumiana Jeleva de passer au détecteur de « casseroles » . Le fait qu’elle soit déja sur un siège éjectable a suscité la réaction défensive de son groupe parlementaire (PPE) à l’encontre du socialiste Maros Sefcovic, nommé par la Slovaquie. Au Parlement européen, les auditions de ces deux nouveaux commissaires européens tournent alors à l’opposition gauche-droite. Première commissaire au centre de la polémique, Rumiana Jeleva, actuelle ministre des Affaires Etrangères bulgares et pressentie au portefeuille de l’Aide humanitaire à la Commission. Lors de son audition mardi, elle a très vite été mise en difficulté sur ses compétences, mais aussi accusée d’avoir fait de fausses déclarations d’intérêts financiers. Ancienne eurodéputée, affiliée au Parti Poulaire Européen, les députés socialistes veulent sa peau. Pour contre-attaquer, les conservateurs du PPE choisissent le Slovaque Maros Sefcovic comme cible idéale au Parti Socialiste Européen, qui plus est appelé à devenir vice-président de la Commission. Certaines déclarations publiques passent inaperçues à Bratislava, mais pas à Bruxelles. En 2005, Sefcovic a tenu certains propos discriminatoires à l’encontre de la communauté Rom, qui pourraient bien embarrasser la Commission aujourd’hui. “Jeleva a été victime d’une chasse aux sorcières mais jusqu’ici, elle a clairement dit que ce n‘était pas fondé. En revanche, dans le cas de Sefcovic, je ne pense pas qu’un membre de la Commission, un vice-président de la Commission puisse tenir des propos qui sont discriminatoires, à l’encontre d’un groupe ethnique tout entier, un groupe très considérable à savoir les Roms” , a déclaré le vice-président du PPE au micro d’Euronews En attendant le sort de Sefcovic, Rumiana Jeleva doit montrer patte blanche en prouvant que les parts qu’elle aurait dissimulé sont aujourd’hui celles d’une société qui ne lui appartient plus. Articles liés: Jeleva, un petit tour et puis s’en va Barroso II: un Roumain poisson-pilote des Français Barroso II: la chasse aux sorcières est ouverte
La police française a fait une descente, hier, dans un camp de fortune proche de Strasbourg.Quatre familles Roms de Hongrie « sans-papiers » ont été emmenées en centre de rétention, en attendant d’être expulsées vers la Hongrie. Elles avaient pourtant fait une demande d’asile politique en avril 2009.
Le Conseil National Rom, l’organe représentatif de la minorité Rom en Hongrie a été menacé mercredi sous la forme d’une enveloppe contenant de la poudre blanche, a rapporté l’agence de presse hongroise MTI.
Un sondage de l’institut Szonda Ipsos, publié vendredi dernier sur le site fn.hu, révèle que la moitié de la population hongroise s’attend à une détérioration des relations entre Roms et non-Roms. Cette étude intervient quelques jours après une sérieuse altercation entre membres du groupe paramilitaire « Magyar Garda » et de la communauté Rom. 51% des 800 personnes sondées estiment que les relations communautaires entre la majorité hongroise et la minorité Rom vont empirer dans un futur proche. 30% d’entre elles ne s’attendent pas à une évolution significative, tandis que 7% font preuve d’optimisme, estimant que les liens entre les deux communautés vont se resserrer. Un peu plus de la moitié des sympathisants du parti de droite FIDESz (52%) et 43% de ceux du parti socialiste MSzP s’attendent à une détérioration des relations communautaires. Sans surprise, ce sont les sympathisants du parti d’extrême-droite Jobbik qui sont les plus enclins à prévoir une escalade dans le conflit (76%) entre Roms et non-Roms. La stratégie de provocation du Jobbik, un parti anti-Roms qui alimente la peur et les ressentiments vis-à vis de cette communauté, fonctionne, semble-t-il, parfaitement. Ce sont les moins de trente ans, les étudiants et les chômeurs qui apparaissent les plus pessimistes. La moitié des répondants a déclaré ne pas savoir quel parti politique serait le plus à même de gérer les tensions actuelles. Parmi les partis cités, la FIDESz recueille la confiance de 20% des personnes interrogées, contre 8% pour le parti socialiste et le Jobbik. Un incident qui aurait pu « tourner à la tragédie » Quelques jours avant ce sondage, le 15 novembre, la tension est dangereusement montée entre Roms et sympathisants de l’extrême-droite, à Sajóbábony, un bourg de 3000 habitants situé dans le Nord-est de la Hongrie, près de Miskolc. Des membres de la communauté Rom locale ont tenté de perturber -sans succès en raison de l’intervention de la police locale- la tenue d’un meeting du Jobbik, un parti qui prospère en attisant les sentiments anti-Roms qu’ils désignent comme des ennemis du peuple hongrois. Le lendemain, apprenant que des membres de la Magyar Garda -sorte de milice créé par le Jobbik dans le but de « protéger le peuple hongrois et ses valeurs » et par ailleurs jugée illégale par la justice hongroise- se dirigeait vers le village, des Roms se sont armés pour leur faire face. Seule une réaction rapide de la police a permis d’éviter un affrontement direct entre les deux groupes. Mais, comme l’a constaté le porte-parole de la police locale, Bertalan Gaskó, « L’incident aurait pu facilement tourner à la tragédie si nous étions arrivé un peu plus tard« . Le porte-parole du gouvernement hongrois, Domokos Szollár, a estimé que l’action de la Magyar Garda était « inacceptable » et constituait une provocation à l’encontre de la population Rom locale. Le leader de l’opposition de droite, Viktor Orban, s’est habilement démarqué des positions du gouvernement qui a, selon lui, échoué à protéger tous ses citoyens et de l’extrême-droite qui tente de se substituer à l’Etat. « Chacun devrait se sentir en sécurité, indépendemment de son origine et de sa condition, et c’est le devoir de l’Etat d’assurer cette sécurité.« , a-t-il réagit aux évènements de Sajóbábony. Le « péril démographique » en cause C’est par le facteur démographique que beaucoup de Hongrois justifient leurs craintes d’une évolution négative des relations avec la minorité Rom. Les cris d’alarme qui dénoncent régulièrement la vitalité de la natalité de la population Rom, en comparaison de la démographie déclinante du reste de la population, entretiennent le pessimisme quant à l’amélioration de la situation économique et sociale du pays, ainsi que la peur d’une dilution de l’identité hongroise dans une société multi-ethnique. Il est de ce point de vue surprenant de constater que, dans sa dépêche rapportant les résultats de ce sondage, l’agence de presse hongroise MTI avance le chiffre de « presque un million », concernant le nombre de Hongrois d’origine Rom. Ce chiffre marque une rupture avec les « usages » précédents qui faisaient généralement état soit de « 400.000 à 600.000″ soit d’ »un demi-million » d’individus. Au dernier recensement général de la population, en 2001, un peu plus de 200.000 personnes ont déclaré leur appartenance à cette minorité.
A Kosice, deuxième ville de Slovaquie située dans l’est du pays à quelques kilomètres de la frontière hongroise, la municipalité prévoit de démolir deux immeubles dans sa banlieue mal famée de Lunik. Seul problème, 48 appartements des deux blocs vétustes sont encore habités par… quelques 400 Tziganes. L’obligation de les reloger pousse quelque fois la ville, ou ses sous-traitants, à employer des méthodes peu élégantes. Récemment, une employée de la compagnie municipale de logements (l’Office Public d’Aménagement et de Construction local), leur a offert de quoi se payer le bus en direction de la Grande-Bretagne ou de la Belgique, ainsi que la possibilité de leur procurer des passeports. La Slovaquie, tu l’aimes ou tu la quittes (sic!) Bien que la compagnie en question soit affiliée à la ville de Kosice, celle-ci réfute toute responsabilité dans cet “incident”. L’employée en question, elle, affirme qu’elle a agit sous les ordres de sa hiérarchie, en argumentant que l’offre ne devait concerner que les familles désireuses de quitter la Slovaquie. Anticipation quelque peu abusive, puisqu’aucun Rom concerné n’a émis l’intention de partir du pays. Bien sûr, les fondations pour la protection des minorités Roms se sont déclarées outrées, mais affirment que ces méthodes sont monnaie courante en Slovaquie.
Quelques jours seulement après une lourde condamnation à l’encontre des deux parents d’écoliers absentéistes, une association militant en faveur des enfants défavorisés a annoncé poursuivre en justice l’Etat hongrois pour discrimination à l’école, a rapporté Népszabadság, jeudi dernier. Scandalisée de voir les écoles violer la loi relative à l’égalité des chances et continuer à discriminer les enfants Roms en toute impunité, la fondation »Chance for Disadvantaged Children » a déclaré déplacer son combat sur le terrain juridique et attaquer l’Etat hongrois en justice. La directrice de la fondation, Erzsebet Mohacsi, a justifié cette initiative par le fait que les employés des ministères concernés restent passifs malgré les nombreux rapports et études sociologiques les alertant sur cette question. Selon elle, depuis plusieurs années aucune mesure n’a été prise à l’encontre des écoles pratiquant la discrimination, et les enfants Roms continuent d’être systématiquement séparés pour recevoir une éducation « au rabais ». Les lourds investissements de l’Etat hongrois dans le cadre de son « Programme d’intégration » pour combattre les discriminations à l’école se heurtent au fait que la société hongroise supporte, ou tout au moins s’accommode, de ces discriminations. Selon les sociologues, les aides financières accordées à certaines écoles envoient un signal négatif aux parents d’élèves de la classe moyenne qui préfèrent inscrire leurs enfants dans des écoles bénéficiant d’une meilleure réputation. Vendredi 11 septembre, le quotidien Népszabadság rapportait la condamnation, inédite dans l’histoire de la justice hongroise, de deux parents d’élèves absentéistes à 16 mois de prison ferme. Article lié : Emprisonnés pour l’absentéisme scolaire de leurs enfants
Les parents de deux écoliers Roms ont été condamnés chacun à 16 mois de prison ferme pour l’absentéisme scolaire de leurs enfants, a rapporté le quotidien Népszabadsag dans son édition de vendredi. Jamais auparavant en Hongrie deux parents n’avaient été condamnés à de la prison ferme simultanément pour une telle raison. Les deux condamnés sont parents de six enfants dont un nourrisson de trois mois. Deux d’entre eux, scolarisés à Sajókaza, dans le nord-Est de la Hongrie, ne se rendaient plus à l’école. L’association pour les libertés civiques « Társaság a Szabadságjogokért » (TASZ) a fait parvenir au président hongrois Laszlo Solyom une pétition dans laquelle il lui demandent d’intervenir en faveur des parents condamnés. Selon cette association, c’est l’école, où les enfants se sentaient mal, qui est à blâmer. « Sans doute en raison de leur origine Rom, ils [les deux enfants] étaient dévalorisés et ont été victimes de violences à plusieurs reprises. », argumente-t-elle. Cette affaire relance un vif débat sur la difficile intégration des enfants Roms dans le système scolaire hongrois. Certains pointant l’incapacité du système hongrois à les accepter quand d’autres dénoncent l’irresponsabilité parentale et une absence de volonté d’intégration de la part de la minorité Rom dans la société hongroise. Sajókaza est un bourg de 3000 habitants situé à 30km au Nord-Est de Miskolc. Cet ancien centre minier qui n’a pas résisté aux restructurations économiques est aujourd’hui frappé par le chomage. Un tiers de sa population est Rom et vit en périphérie du village dans des conditions misérables : leurs maisons sont délabrées, privées d’eau courante et d’installations sanitaires. Presque la totalité d’entre eux est sans-emploi et et survit avec les aides de l’Etat. Les parents de deux écoliers Roms ont été condamnés chacun à 16 mois de prison ferme pour l’absentéisme scolaire de leurs enfants, a rapporté le quotidien Népszabadsag dans son édition de vendredi. Les parents de deux écoliers Roms ont été condamnés chacun à 16 mois de prison ferme pour l’absentéisme scolaire de leurs enfants, a rapporté le quotidien Népszabadsag dans son édition de vendredi. Jamais auparavant en Hongrie deux parents n’avaient été condamnés à de la prison ferme simultanément pour une telle raison. Les deux condamnés sont parents de six enfants dont un nourrisson de trois mois. Deux d’entre eux, scolarisés à Sajókaza, dans le nord-Est de la Hongrie, ne se rendaient plus à l’école. L’association pour les libertés civiques « Társaság a Szabadságjogokért » (TASZ) a fait parvenir au président hongrois Laszlo Solyom une pétition dans laquelle il lui demandent d’intervenir en faveur des parents condamnés. Selon cette association, c’est l’école, où les enfants se sentaient mal, qui est à blâmer. « Sans doute en raison de leur origine Rom, ils [les deux enfants] étaient dévalorisés et ont été victimes de violences à plusieurs reprises. », argumente-t-elle. Cette affaire relance un vif débat sur la difficile intégration des enfants Roms dans le système scolaire hongrois. Certains pointant l’incapacité du système hongrois à les accepter quand d’autres dénoncent l’irresponsabilité parentale et une absence de volonté d’intégration de la part de la minorité Rom dans la société hongroise. Sajókaza est un bourg de 3000 habitants situé à 30km au Nord-Est de Miskolc. Cet ancien centre minier qui n’a pas résisté aux restructurations économiques est aujourd’hui frappé par le chomage. Un tiers de sa population est Rom et vit en périphérie du village dans des conditions misérables : leurs maisons sont délabrées, privées d’eau courante et d’installations sanitaires. Presque la totalité d’entre eux est sans-emploi et survit avec les aides de l’Etat.
Samedi, la quatorzième Gay Pride de Budapest a rassemblé environ deux mille personnes, qui ont défilé dans la capitale hongroise sous très haute protection policière. Si les contre-manifestants d’extrême-droite n’ont pas réussi à perturber le défilé, des incidents ont éclatés en marge de la parade. Le diaporama, à la fin de l’article, retrace en images cet après-midi quelque peu antagoniste, où la fierté d’être gay fut revendiquée, mais pas vraiment vue, ni entendue. Rassemblés sur la place des héros (Hosök tere) à 14h, les manifestants pour la « dignité homosexuelle » ont ensuite marché sur toute la longueur de l’avenue Andrassy, jusqu’à Erzsébet ter, protégés par un dispositif de sécurité fort de plusieurs centaines de policiers, de kilomètres de barrières et d’un hélicoptère, pour prévenir les troubles que plusieurs groupes de l’extrême-droite hongroise avaient promis de fomenter. Une parade qui a tourné à la fête privée Les Gays avaient le choix entre défiler « au grand jour » mais s’exposer à la violence de groupes de jeunes skinheads, et parader en sécurité, mais loin des regards. Hormis les habitants de l’Avenue Andrassy et quelques badauds tenus à bonne distance derrière des barrières de sécurité, personne n’a effectivement pu profiter de la parade. Les organisateurs ont tenu un court discours dans lequel ils ont exprimé leurs inquiétudes pour la sécurité de la communauté gay et ont dressé le constat d’une montée de la violence et de l’intolérance en Europe centrale. Sur fond de musique techno diffusée depuis un camion qui ouvre la marche, l’ambiance était à la retenue dans le cortège, très loin de l’extravagance des parades de Berlin, Londres ou Paris. La baisse de la fréquentation est évidente par rapport à l’édition 2008, où les quatre mille manifestants avaient subis de violentes attaques à coups de jets d’œufs, de bouteilles, de pierres et même de cocktails Molotov. 400 extrémistes VS 700 policiers à l’arrivée A défaut d’avoir pu atteindre leurs cibles – les homosexuels – c’est aux forces de l’ordre que s’en sont pris quelques centaines de contre-manifestants de la droite radicale, sur Erzsébet ter, après le défilé. Des scènes de violences qui n’ont désormais plus rien d’inhabituel dans le paysage budapestois, tant elles se sont multipliées ces derniers mois. Cette ambiance délétère s’est déplacée plus tard dans la soirée aux abords de la place Blaha Lujza et au pied du club Corvin Tetö où était programmée l’After Party de la Gay Pride. Quarante-deux d’entre eux ont été interpellés et dix-sept vont être poursuivi en justice, a indiqué dimanche le commissariat central de la police de Budapest. La cause gay en Europe de l’Est, un écho international exclusif? Pour la petite histoire, l’ancien Premier Ministre Ferenc Gyurcsany et plusieurs personnalités de la vie publique hongroise, notamment l’écrivain Peter Kende, se sont joints au cortège haut en couleurs. 12 ambassadeurs de pays occidentaux (dont la France) ont apporté publiquement leur soutien au festival gay, lesbien, « bi » et transgenres de Budapest. L’actrice Whoopi Goldberg, qui se dit amoureuse de la Hongrie, a transmis un message video (en anglais bien sûr) contre la violence homophobe dans le pays. Faisons enfin un bref parallèle avec la gay pride de Bucarest, en Roumanie, qui, tous les ans depuis mai 2005, ne rassemble pas plus de 200 personnes très protégées, elles aussi, par un impressionnant dispositif de police. A l’instar de Goldberg, Madonna aurait pu peut-être, elle aussi, apporter son grain de sel, si elle n’avait pas retenu la leçon des huées dont elle a été l’objet lors de son récent concert à Bucarest, le 26 août dernier. Sa parenthèse sur la situation des Roms en Europe de l’Est n’avait manifestement pas été appréciée. Même aux yeux du public le plus « occidentalisé », la valeur d’une cause peut quelquefois varier selon la communauté qu’elle concerne. Photos : coriander Articles liés : La rébellion de la Magyar Garda Madonna huée à Bucarest pour avoir fait un plaidoyer antidiscrimination (tiré de La Presse Canadienne)
Samedi dernier, à 2 heures du matin, dans un bar du centre de Debrecen, six Hongrois ont été arrêtés par la police dans le cadre de l’enquête des meurtres anti-Roms, ouverte depuis juillet 2008. Quatre d’entre-eux ont été placés en détention provisoire dès dimanche. La police a retrouvé des preuves accablantes contre ces individus, âgés de 28 à 42 ans, qui les accusent d’avoir participé aux attaques des 12 derniers mois, ayant fait six morts et cinq blessés graves. Cependant, les accusés nient toujours les faits.
A peine commencé, le “Magyar Sziget” (lire L’extrême droite fait son Sziget) fait déjà tristement parler de lui. Hier, tard dans la soirée, une bande de jeunes skinheads ont passé à tabac un jeune garçon d’origine rom et s’en sont pris à une femme enceinte issue de la même communauté. La raison? Tous deux sont gitans et habitent Veroce, village actuellement sous haute tension qui accueille le festival du “White Power”.
La communauté Rom de Hongrie a commémoré, dimanche 2 août, la « Journée internationale de l’holocauste Rom » dans une certaine discrétion. A Budapest, les quelques plaques commémoratives du centre-ville ont cependant été très fleuries et une cérémonie eût lieu dans l’après-midi. Quelques heures plus tard dans la nuit suivante, un drame beaucoup moins discret venait perturber le recueillement de cette communauté qui vit des jours sombres depuis plusieurs mois : une personne d’origine rom était à nouveau assassinée, cette fois dans le Nord-Est du pays. « Farkas Gusztav, 23 ans », « Horváth Ibolya, 18 ans », « Lakatos Dezsö, 35 ans », … Dans le Parc Nehru au bord du Danube, une voix énumère au micro une liste de noms. Ceux des Roms de Hongrie morts suite aux déportations et persécutions des nazis pendant la deuxième guerre mondiale. Plusieurs centaines de personnes, presqu’exclusivement d’origine rom, se sont rassemblées pour rendre hommage aux victimes, mais aucun poids lourd de la politique hongroise n’a fait le déplacement pour assister à cette commémoration. Le gouvernement a tout de même envoyé symboliquement un représentant sur place pour y prononcer quelques mots. Il convient de rappeler ici qu’aujourd’hui, la Hongrie est le pays où la communauté Rom est, en proportion avec son nombre total d’habitants, la plus forte du monde. Un nombre de victimes qui fait débat Combien de noms contiendrait la liste de déportés tsiganes? Combien ont été tués exactement, même approximativement, dans cet holocauste? Nul ne le sait. Plusieurs milliers au bas mot. Certains avancent le nombre de 70.000 personnes (Human Rights Watch), tandis que d’autres estiment à l’opposé qu’ils n’ont été « que » 5.000 (László Karsai, Scientia Hungariae). L’évaluation „officielle” montre tout de même qu’au cours de la seconde guerre mondiale, plus de 500.000 Roms ont péri, soit un tiers des Roms européens. Mais là encore, les chiffres sont très incertains. Durant l’holocauste, la tentative d’extermination du peuple tzigane ne s’est cependant pas „limitée” à la simple mise à mort de ses ressortissants : dans certains pays comme la Pologne, la Norvège, la Suisse ou encore la Suède, des mesures de stérilisation forcée avaient été établies afin de réduire leur nombre. Pendant ce temps là, au Nord-Est du pays… Horváth Aladár, le chef de la Fondation civique des Roms, a profité de la cérémonie pour exprimer les craintes de sa communauté devant la résurgence d’une droite radicale anti-Rom et a estimé que cette minorité vivait les pires heures de son histoire depuis que la Hongrie est devenue démocratique. Il ne croyait pas si bien dire… Quelques heures plus tard, il se rendait à Kisleta sur les lieux de l’assassinat par balles d’une femme rom de 45 ans. Sa fille âgée de 13 ans a été également grièvement blessée. La police n’a pas écarté la piste d’un acte de violence à motivation raciste, mais celui-ci n’est pas pour autant établi. Cet assault intervient après une vague de violences et de crimes très inquiétante en moins d’un an, ciblée à l’encontre des Roms de Hongrie, qui se disent ségrégés et très appauvris par l’indifférence générale de leurs concitoyens. Les graves évènements récents de Kiszalok, Tatarszentgyorgy,Nagycsecs, Pécs et Asolzsolca (voir articles liés) sont d’ailleurs toujours restés impunis, malgré l’intervention des agents du FBI américain venus superviser le travail des policiers hongrois, soupçonnés par certains de “s’en laver les mains”. La nature de toutes ces attaques porte cependant à croire que cela doit venir d’un groupe organisé, familier des armes à feu et particulièrement remonté contre les gitans. Lundi, après le drame de Kisleta, sans pour autant avoir de preuves tangibles contre un quelconque groupe d’extrême droite, les représentants de la communauté Rom ont menacé de faire appel à la protection des Nations-Unies si les autorités hongroises échouaient encore à les protéger. Pour la majorité d’entre-eux, c’est bien sûr la magyar garda qui est coupable de ces crimes et responsable de la terreur dans laquelle ils vivent. Un coup dans le dos des “experts” US? Ayant été sollicités par les autorités hongroises pour reconnaître les auteurs des attentats anti-Roms depuis deux ans, manifestement en vain, le FBI était pourtant optimiste quant à faire la lumière sur ces affaires. Le “bureau” a estimé que la police hongroise avait toutes les données en main pour appréhender les coupables. Coup du sort ou « coup de maître », c’est en tous cas juste après que les“experts” américains aient quitté la Hongrie que la tuerie de lundi matin a eu lieu. Articles liés : Les « experts » chez les tsiganes Attentats anti-Roms, que fait la Police? Les liaisons dangereuses de la police avec l’extrême droite Deux suspects dans les commandos anti-Roms
Selon une enquête réalisée par la Progressive Institute, environ 10% des hongrois se sentiraient proches des idées inhérentes à la « Magyar Gárda », un groupe paramilitaire d’extrême-droite. L’Etude révèle que si le mouvement devenait un parti politique, il recueillerait l’équivalent de 9% des suffrages. La « Garde Hongroise », dont les membres sont intimement liés avec Jobbik, un parti hongrois nationaliste et xénophobe, disposerait ainsi d’un support populaire suffisant (plus de 5%) pour détenir des sièges au parlement magyar. La Progressive Institute souligne que les Hongrois, actuellement, seraient particulièrement réceptifs aux mouvements extrémistes. Il faut dire que la conjoncture économique et sociale n’est guère reluisante. La crise a frappé de plein fouet la Hongrie : le chômage et la violence croissent, la population s’inquiète pour son avenir et demande au gouvernement une protection accrue. L’extrême-droite peut donc, à sa guise, ressortir ses sempiternels refrains aux combiens simplistes mais terriblement efficaces en période de récession : Protectionnisme, nationalisme affirmé, prédominance de l’ordre et de la sécurité, désignation de boucs émissaires… La « Magyar Garda », qui compte en son rang plus d’un millier de miliciens, a organisé ces derniers temps de nombreux rassemblements visant à intimider la communauté Rom. Ses activités sont vivement décriées en Hongrie mais également à l’étranger.
En réponse à l’escalade de violence touchant la communauté Rom ces dernières semaines, plus de 3000 personnes se sont réunies, samedi après-midi, à Szent István Park dans le treizième arrondissement de Budapest pour protester contre la haine et la discrimination raciale. Aladár Horváth, le président de la Fondation pour les droits civiques des Roms, a affirmé qu’aucune réponse valable n’avait été apportée par les partis politiques de droite ou de gauche concernant les problèmes d’intégration de la communauté Rom. Il rappela, qu’en laissant la pauvreté et la criminalité s’installer dans les camps tsiganes, les gouvernements respectifs avaient fait le jeu de l’extrême-droite. Le Pasteur méthodiste Gábor Iványi a soutenu que ce serait une immense honte pour toute la Hongrie si l’ONU était amenée à régler les conflits inhérants à la communauté Rom. La présidente du Parti Socialiste hongrois Ildikó Lendvai, le Ministre de l’Education István Hiller, l’ancien Ministre de l’Economie et des Transports János Kóka et le maire de Budapest Gábor Demszky participèrent également à cette manifestation. Le premier Ministre Gordon Bajnai, quant à lui, se contenta d’envoyer un message de soutien au mouvement en question. Article lié : Les « experts » chez les tziganes
L’heure est grave dans la communauté Rom. Le FBI a récemment envoyé des agents pour aider la police hongroise dans son enquête concernant les attentats anti-Roms de ces derniers mois (5 morts et 11 blessés). Cette dernière avait jusque-là fait preuve, sinon de mauvaise volonté, d’une certaine incompétence en matière de lutte contre le crime anti-gitan. La nature même des attaques indiquait que l’on avait affaire à de véritables commandos, lourdement armés qui ciblait précisément leurs victimes avec une cruauté froidement professionnelle. Que ce soit à Tiszalok ou à Tatarszentgyorgy, le mode opératoire était le même : canardages purs et simples de maisons, quelque fois précédés ou suivis d’un incendie, dans des villages en bordure d’autoroute, pour disparaître plus vite. Selon le FBI, cette façon d’agir s’inspire du Ku Klux Klan et il faut orienter l’enquête vers des as de la gachette, tels que des policiers, des soldats mercenaires ou des légionnaires. L’escalade et la répétition des violences a d’abord ponctuellement ému l’opinion publique, mais lorsque certains médias étrangers ont commencé à relayer ces événements (la Une du NY Times du 27 avril, les breaking news de Russia Today le 25, par exemple), les autorités ont elles aussi commencé à réagir. L’augmentation de la prime à l’indic’ par le gouvernement n’ayant eu encore aucun effet, la police renforce la mobilisation de ses effectifs sur ces affaires : en plus des experts américains, une centaine d’agents hongrois est désormais sur le coup. Lire aussi : Attentats anti-Roms, que fait la police? Deux suspects dans les commandos anti-Roms
Hier soir, un homme d’origine rom a été tué par des coups de fusil dans le Nord-Est de la Hongrie. La police enquête, mais n’a pas encore reconnu officiellement le meurtre. Le 9 avril, c’était l’immeuble d’une représentante de la communauté tzigane de Tatarszentgyörgy – village malheureusement connu pour ses nombreuses attaques contre les Roms – qui a été ravagé par un incendie. Aucune victime, mais l’acte a été cette fois jugé criminel par la police. Quelques semaines plus tôt, ce même village fût le théâtre morbide d’assassinats à l’encontre d’une famille tzigane, et personne n’a encore été inquiété. Les nombreuses violences impunies dont la communauté rom hongroise fait les frais depuis des mois choquent de plus en plus l’opinion publique et commencent, petit-à-petit, à concerner les autorités. Hier soir vers 21h30, un tzigane de 53 ans est abbattu lorsqu’il quitte son domicile du village de Tiszalok pour se rendre au travail. Selon les témoins, un individu blanc de grande taille l’attendait devant sa maison dans un véhicule noir à vitres teintées. Muni d’un fusil 9mm, il a touché sa victime en pleine tête et en plein coeur. Celle-ci décédait 20 minutes plus tard. Laszlo Bartha, porte-parole de la sécurité nationale, annoncait ce matin à l’agence MTI attendre que l’enquête révèle si cet “incident” est de la même nature que les récents crimes anti-Roms des semaines passées. Au regard de la violence inouïe envers les différentes communautés tziganes du pays ces derniers mois, la police est souvent accusée d’être trop prudente dans ses enquêtes, voire même de laisser faire… Depuis quelques semaines, un quartier à majorité Rom en marge du petit village de Tatarszentgyörgy, situé à une trentaine de kilomètres au Sud de Budapest, a été la cible de plusieurs incendies criminels à répétition, dont certains accompagnés d’assassinats. Le 23 février dernier, une attaque à la bombe artisanale, suivie d’un assaut armé qui a fait deux morts et deux blessés dans un foyer gitan de cette localité avait déjà suscité l’émotion dans tout le pays. Alors que la famille tentait d’échapper aux flammes qui dévastaient leur maison fraîchement construite, Robért Csorba et son fils de 5 ans ont été froidement abattus par balles et ses deux autres enfants, âgés de 3 et 6 ans ont été grièvement blessés. Malgré l’extrême cruauté de cet événement, les Roms ont beaucoup de mal à se faire entendre par les autorités. Les habitants du quartier accusent même la police d’avoir volontairement bâclé l’enquête qui n’a encore à ce jour rien donné, et sont néanmoins persuadés qu’il s’agit de l’oeuvre sinistre de la Magyar Garda. Ils sont aussi convaincus que l’enquête ne mènera à rien, sachant que cette milice armée se trouve sous l’aile protectrice du parti d’extrême droite Jobbik, dont l’importance est sans cesse croissante dans le paysage politique hongrois. Compte tenu de son caractère sensationnel, beaucoup de médias étrangers se sont emparés de l’affaire, comme l’équipe de télévision de Russia Today qui a recceuilli en début de semaine les propos d’Erzsébet Csorba, mère et voisine de Robért : “La police a prétendu ne pas voir les 18 blessures par balles dans le corps de mon petit-fils. Comment est-ce possible de ne pas constater celà? Le rapport dit aussi qu’un problème électrique est à l’origine de l’incendie alors qu’il y a des traces de la présence d’une bombe partout dans la maison”. Lidia Horvath, leader de la communauté Rom de Tartarszentgyörgy qui a elle aussi vu son domicile incendié début avril, a expliqué à MTI que depuis le drame de février, non seulement les tziganes de ce ghetto, mais aussi ceux du centre du village vivent dans un climat de réelle terreur. De son côté, Béla Kovacs, Président du Jobbik pour une Hongrie meilleure, a entretenu la polémique lors de son interview par la chaîne de TV anglophone russe en affirmant : “les crimes perpétrés par les gitans augmentent tous les jours et si rapidement dans le pays que les gens ont peur de sortir le soir”.Un discours sur l’insécurité sans réel fondement, mais qui séduit beaucoup les classes populaires hongroises depuis longtemps. Il a aussi habilement refusé d’admettre un lien quelconque entre son parti et la Magyar Garda, qui pourtant assiste à chacune des manifestations du Jobbik. A Budapest, Rob Kushen du Centre des droits des Roms Européens estime que l’action des autorités sur ces affaires n’a fait aucun progrès, et que tant que leur travail pour le maintien de la paix n’avancera pas, les conditions du désastre ne feront que s’amplifier. Rappelons enfin que dans la seule année qui précède le drame d’hier soir, presqu’une vingtaine d’attaques à l’aide d’armes à feu, de bombes à pétrole et d’armes blanches ont été fomentées à l’encontre de foyers tziganes. 7 personnes ont été tuées lors de ces attaques et il est difficile de dénombrer le nombre de blessés. En réponse à cela, pas un seul responsable n’a encore été appréhendé.
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