Új Színház : le nationalisme ne fait pas recette à Budapest
Le public boude un des théâtres municipaux de Budapest, le Új Színház, un an après sa reprise en main par une personnalité proche de l’extrême-droite hongroise.
Le public boude un des théâtres municipaux de Budapest, le Új Színház, un an après sa reprise en main par une personnalité proche de l’extrême-droite hongroise.
On se souvient que, dans les années 70-80, alors que son peuple crevait littéralement de faim, Nicolae Ceaucescu avait eu la manie de raser des villages entiers ou quartiers historiques de sa capitale pour y bâtir des horreurs et (à Bucarest) édifier un palais gigantesque. Bien sûr, nous n’en sommes pas là, fort heureusement, dans la Hongrie de Viktor Orbán en 2012. Malgré tout, nous n’en sommes peut-être pas non plus si loin…
Le rôle du patriotisme est particulièrement important dans une Europe frappée par la crise, a déclaré le ministre hongrois de la Défense, Csaba Hende, samedi au cours d’une réunion organisée par des universitaires allemands.
Une Constitution qualifiée de liberticide, un dirigeant d’ultranationaliste et autoritaire, un pays décrit comme celui où des milices d’extrême-droite ont droit de cité… De ce vaste amalgame, il est souvent ressorti l’image d’une Hongrie antisémite. Les critiques ont culminé avec le discours de l’eurodéputé vert Daniel Cohn-Bendit au mois de janvier devant le parlement européen :
Diffusée depuis octobre dernier sur M1, la première chaîne publique hongroise, « Hongrie, je t’aime ! » (Magyarország, szeretlek !) une émission hebdomadaire truffée d’images d’Epinal, pose encore la question de l’instrumentalisation de la culture à des fins politiques dans la Hongrie de Viktor Orbán. Propagande et production d’identité nationale Il s’agit d’un jeu d’origine hollandaise cuisiné à la sauce hongroise. Composé de quizz historiques et culturels soumis à des « pipoles » locaux, dont la plupart sont notoirement acquis à la cause de la Fidesz, ce jeu est en grande partie consacré à ce que les Hongrois ont apporté au monde, notamment par leurs découvertes et leurs inventions. Le contenu intellectuel concentré ressemblerait donc comme deux gouttes d’eau au fameux spot promotionnel concocté l’an dernier par l’équipe de communication de la présidence hongroise de l’Union européenne. Sauf qu’ici, la cible n’est plus l’étranger, mais le Magyar. Sous couvert de méthodes pédagogiques, l’objectif de « Hongrie, je t’aime ! » est de donner au pays une image naturellement positive de lui-même. « Ce programme est-il un déguisement de la droite au pouvoir, ou est-ce un simple divertissement qui vise à entretenir la mémoire collective et produire de l’identité nationale ? » s’interroge le quotidien de gauche Népszava. Selon Index.hu, pourtant souvent critique et parfois même satirique, « cette émission n’est pas politisée ». A déguster : les deux premières minutes de l’émission, avec la version hongroise de Why can’t we be friends, du groupe de funk californien des 70′s, « War ». Un « je t’aime ! » ridicule qui coûte cher S’intéresser aux valeurs culturelles, traditionnelles et historiques de sa patrie, c’est bien, mais la fin justifie-t-elle les moyens financiers de ce divertissement ? Produit par le service public, il coûterait 19 millions de forints par diffusion (environ 65 000 euros). Le double aurait été investi à son lancement, une campagne de communication assez conséquente en terme d’investissements. A titre de comparaison (bien que la fréquence, la durée, la composition de l’émission soient différentes), le budget de Questions pour un champion sur France 3 est de 20 000 euros par diffusion. D’autre part, malgré son budget, Magyarország Szeretlek ! (qui dure plus d’une heure) ne laisse pas de place à la publicité. En admettant qu’il ne contienne pas de message politique direct, il sert au moins un intérêt idéologique. Une idéologie totalement décrédibilisée par l’emballage de l’émission, emprunté aux programmes commerciaux. Ce « nationalisme kitsch » ne valorise pas la télévision hongroise, bien au contraire. Et les pages de publicité n’échappent pas non plus au patriotisme magyar, en particulier lorsqu’il s’agit de marques nationales : Quel intérêt général ? Au-delà du fait que MTV n’est pas un média indépendant, la question de l’intérêt général national se pose ; une notion difficile à cerner en Hongrie, en raison d’un rapport déformé à la nation. Avant 1991, la question de la nation a volontairement été écartée au profit de l’idéologie communiste. Depuis, la gauche hongroise et les intellectuels libéraux ont eu du mal à définir clairement leur relation à la patrie, elle était résumée simplement au refus de symboles nationaux, jugés trop « nationalistes ». Pendant ce temps, la FIDESZ et l’extrême droite naissante dans les années 2000 se sont approprié le privilège des symboles de la fierté hongroise, comme le port de la cocarde les jours de fête nationale. Aujourd’hui, la Fidesz au pouvoir a rendu les symboles nationaux inséparables des symboles politiques. L’Art de la politique et la Politique des arts Avec ce jeu télévisé censé (re)dorer l’image du pays, l’instrumentalisation politique de la culture sur le petit écran est à la fois plus insidieuse et plus grossière que ce que l’on peut voir en ce moment à la galerie nationale. Les exemples de confusion entre créations artistiques et politique gouvernementale sont nombreux depuis l’arrivée de Viktor Orbán au pouvoir. Tous les moyens sont bons pour imposer « l’authentique » culture hongroise et pour instaurer la mythologie nationale qui va avec. A l’image du Nouveau Théâtre offert à Gyorgy Dörner et feu István Csurka, il s’agit de revaloriser la culture « agrarienne » (du terroir), la véritable culture magyare selon la droite hongroise, au détriment de la culture « urbaniste » (bourgeoise et « enjuivée » selon les termes employés par l’extrême droite). Parallèlement à l’exposition Des Héros, des Rois et des Saints, à la galerie nationale du château de Buda, l’exposition des illustrations de la nouvelle Constitution hongroise est un autre symbole fort de cette tendance : 15 tableaux commandés fin 2011 par Imre Kerényi, le commissaire personnel du Premier ministre, qui imposent l’interprétation subjective de la Fidesz comme récit officiel de l’Histoire contemporaine et de l’actualité politique hongroise. Certaines de ces croûtes sont d’ailleurs des chefs d’œuvre de réécriture de l’Histoire. Du côté des autorités, on n’hésite pas à instaurer une dialectique malsaine entre culture et politique : selon la nouvelle loi fondamentale hongroise, « l’Académie hongroise des Arts » (qui n’était jusque-là qu’une association privée de créateurs nationalistes et fidèles à Viktor Orbán) est aujourd’hui située au même rang d’importance que l’Académie hongroise des Sciences. En janvier dernier, à propos de l’exposition et de l’émission Magyarország Szeretlek, le quotidien slovaque SME jugeait la culture étatique hongroise « de plus en plus risible » : « On remplace la réalité par une mythologie politiquement motivée (…) Cette façon maniaque d’assurer son auto-promotion évoque l’image d’un paranoïaque complexé, qui a sans cesse besoin d’être convaincu de sa propre importance et ne souffre aucune critique ». Le style est peut-être exagéré, mais les lecteurs slovaques diront que c’est de bonne guerre. Alexis Laki et Hu-lala Articles liés : Médias publics (récents) La manif’ de l’opéra vue par la télévision publique hongroise 2012 sous le signe de la contestation Interview avec Attila Mong (1/2) Culture et politique : « Csak a szél » remet les Roms en selle Des croûtes pour sublimer la Constitution La Fidesz offre un théâtre à l’extrême droite Débat imaginaire entre le philosophe et le politique (chronique de Cécile Vrain) VRP hongrois (chronique de Cécile Vrain) La Hongrie : « Un monde de possibilités »
Les relations slovaquo-hongroises, marquées par les rancœurs du passé, sont entrées dans une nouvelle phase. Tout Hongrois de Slovaquie qui se voit octroyer la citoyenneté hongroise par Budapest est immédiatement déchu de sa citoyenneté slovaque. Dans cette « guéguerre » nationaliste qui se joue de part et d’autre du Danube, l’Europe est impuissante.
Les opérations de comptage du 15ème recensement qui a débuté le 1er octobre touchent à leur fin. Combien sont les Roms à avoir revendiqué leur appartenance ethnique ? La question obsède tout le monde, à commencer par les Roms eux-mêmes. Il faudra attendre sans doute plusieurs mois avant la publication des premiers résultats.
Les relations diplomatiques hungaro-roumaines se sont améliorées ces dernières années et sont même globalement meilleures qu’elles n’ont jamais été auparavant. Mais les bisbilles entre les deux pays ne se sont pas arrêtées pour autant.
Article de Index.hr, traduit et publié en français par le Courrier des Balkans le 26 février De violentes émeutes ont ravagé samedi après-midi la Ville Haute de Zagreb, où s’étaient rassemblés quelque 10.000 manifestants, à l’appel de l’Association des vétérans de la guerre. La police aurait arrêté 60 personnes. On dénombrait 25 blessés vers 17 heures, dont 12 policiers. La manifestation avait pour but de soutenir Tihomir Purda, un ancien combattant de Vukovar, arrêté en Bosnie le 5 janvier dernier et en attente d’extradition. Le cortège, réunissant quelque 10.000 personnes avait défilé sans encombre jusqu’à la place du Ban Jelačić, à l’appel du « Mouvement des vétérans croates 1990-1996 ». les manifestants brandissaient des drapeaux et des symboles oustachis, lançant des slogans hostiles au gouvernement et aux Serbes. Lire la suite de cet article sur le site du Courrier des Balkans
Les Hongrois de Roumanie viennent d’apprendre trois mauvaises nouvelles, coup sur coup, en ce début de semaine. La première, dans l’ancienne province hongroise de Transylvanie, touche à un symbole historique, une des trois fêtes nationales hongroises ; la seconde provient d’un acte de vandalisme contre leur ambassade à Bucarest. Mais attention, ces deux nouvelles ne peuvent pas être liées à la troisième, qui n’est autre que le report récent de l’entrée de la Roumanie dans l’espace Schengen… Car s’il y a bien un partenaire des Roumains qui est pour leur entrée dans Schengen, et qui compte travailler dur à cet effet face aux vetos de la France et de l’Allemagne, c’est bien la Hongrie, qui vient tout juste de commencer à présider l’Union Européenne pour 6 mois. Le report de l’entrée dans l’espace Schengen de la Roumanie contrarie forcément la Hongrie Comme l’a déclaré le ministre des Affaires Etrangères Janos Martonyi lundi matin au Club Grande Europe à Paris, « les relations entre la Hongrie et la Roumanie (comme avec la Serbie d’ailleurs) n’ont jamais été aussi bonnes qu’en ce moment« . Et de poursuivre : « Cependant, les ministres de l’Intérieur français et allemand ont envoyé un message très clair : ils ne veulent pas des Roumains et des Bulgares dans Schengen. La souplesse de la part de notre présidence sur ce sujet sera donc très importante. Car il faudra bien trouver un compromis. Ceux qui remplissent les critères de l’entrée dans Schengen doivent rentrer un jour ou l’autre. Les Roumains les ont déjà remplis, les Bulgares, pas encore. » (Propos recueillis par François Gaillard – HU-lala). Ce n’est donc pas un secret, la Hongrie souhaite se débarrasser le plus vite possible de la responsabilité des frontières de l’espace Schengen sur sa partie orientale. Il convient cependant de rappeler, dans un premier temps, que l’entrée des Roumains dans Schengen ne peut se faire qu’avec celle des Bulgares. Aussi, selon plusieurs diplomates européens, l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à Schengen en mars 2011 ne serait pas possible à cause notamment du rapport d’évaluation négatif sur le contrôle de la frontière bulgare avec la Turquie. Quant au veto des Français, plus exactement celui de Nicolas Sarkozy et son ami Brice Hortefeux, il se base sur un point de vue contraire à celui des Hongrois. Il y a bien sûr le spectre populiste d’une « invasion barbare » de Roms venus de Roumanie et de Bulgarie qu’ils veulent retarder le plus possible (la liberté de circulation des Roumains et des Bulgares dans l’UE restant étroitement contrôlée aux frontières, et l’obtention des Visas étant différente de celle des autres pays), mais pas seulement. Diplomatie européenne oblige, on invoque plutôt les problèmes de systèmes judiciaires de corruption dans ces deux pays. Pas la peine de rappeler aux Roumains les affaires de corruption qui sortent régulièrement en France, donc, pour les faire rire jaune. Du côté des officiels roumains et du président Traian Basescu, on se dit très peiné et choqué, estimant que le problème n’était pas « le retard de quelques mois de l’entrée dans l’espace Schengen (…) mais l’acte en soi, qui est un abus » (propos rapportés par LPJ Bucarest). « Ou bien nous sommes des partenaires égaux ou bien nous ne le sommes pas ! Cette décision, qui est un précédent, institue un directorat qui décide au sein de l’UE, et ça, c’est inacceptable« , a ajouté le Président roumain. Le 15 mars hongrois ne se fête plus en Transylvanie En Transylvanie, plusieurs municipalités sont désormais obligées de revenir sur leur décision de proclamer le 15 mars, jour de commémoration de la guerre d’indépendance hongroise de 1848-49, comme jour de fête. Raison invoquée par les autorités roumaines : une telle décision relève de la compétence du Parlement roumain. Une chose est sûre cependant, cette brimade ne peut pas s’inscrire dans la déception de la Roumanie de ne pas entrer dans l’espace Schengen en mars prochain, comme c’était prévu. Des croix gammées sur l’ambassade de Hongrie à Bucarest « un acte isolé » selon l’ambassadeur A prendre plus dans le sens d’un simple fait divers, la police a saisi le procureur du tribunal de Bucarest en vertu des lois interdisant les organisations et les symboles à caractère fasciste, raciste ou xénophobe après avoir constaté un acte de vandalisme commis sur l’ambassade de Hongrie lundi matin. Inscrits sur le portail de l’ambassade de Hongrie à Bucarest, une croix gammée et des messages offensifs ont été découverts par le personnel. Selon l’ambassadeur Oszkár Füzes (photo), qui est resté prudent, « il s’agit d’un cas isolé, qui ne représente en aucun cas les relations entre nos deux pays et nous ne devons pas y prêter attention« . (LPJ Bucarest) Articles liés : Elargissement de l’espace Schengen : les velléités hongroises ne suffiront pas Elargissements de l’UE : les divergences franco-hongroises
Rudolf Chmel, vice-premier ministre du nouveau gouvernement, chargé des droits de l’homme et des minorités ethniques en Slovaquie, s’est excusé publiquement auprès de Malina Hedvig le 9 décembre dernier. Selon Chmel, qui est également vice-président du parti de la minorité hongroise en Slovaquie, Most-Híd, la réaction des autorités slovaques concernant l’agression dont elle a été victime en 2006 a été honteuse. Hedvig a été rouée de coups et volée le 25 août 2006, dans la ville de Nitra en Slovaquie, où elle était étudiante. Pourquoi ? Parce qu’elle s’exprimait en hongrois, sa langue maternelle, dans un endroit public. « Le droit à la justice de Malina Hedvig a été bafoué. Le pouvoir politique s’est mêlé de cette affaire et l’a influencé à sa guise, violant par là même la dignité de cette femme. » Ce sont les mots qui ont accompagnés les excuses présentées par Rudolf Chmel. Une avancée symbolique dans l’effort d’amélioration des relations entre la Slovaquie et la Hongrie, souhaitée par Viktor Orban et Iveta Radicova, tous deux élus premiers ministres cette année. Parallèlement, Marie Vrabcova vient de publier un livre intitulé Hedviga (photo), qui relate l’agression et la dimension politique que ce fait divers a pris par la suite. Immédiatement après l’agression (voir photo en bas de l’article), une enquête a été lancée par Jan Packa, chef de la police slovaque à l’époque, pour être fermée deux semaines plus tard, concluant qu’Hedvig avait monté cette histoire de toutes pièces. Sans surprise, cette affaire a rapidement pris une tournure politique, cristallisant autour d’elle la complexité des relations entre la Hongrie et la Slovaquie. Incohérences et manipulation politique Hedvig affirmait que ses papiers d’identité, volés pendant l’agression, lui ont été renvoyés à son domicile. La police, trouvant ses empreintes sur le paquet, l’a accusé d’avoir elle-même envoyé les papiers tandis qu’elle admettait avoir attendu deux jours avant de remettre le paquet à la police, à cause d’un jour férié qui l’a empêché de le faire plus tôt. De plus, il est prouvé que le jour de l’envoi de ces fameux papiers, Hedvig était à l’hôpital pour une hémorragie interne, que la police n’a, soit dit en passant, pas considéré comme conséquence de son attaque. Ceci n’est qu’une irrégularité parmi les nombreuses que compte cette affaire. Béla Bulgar, leader du parti hongrois SMK-MKP à l’époque, a attiré l’attention sur une autre incohérence : l’examen médical de la victime a été effectué 10 jours après les faits. C’était bien plus qu’il n’en fallait pour que la plupart des blessures, bleus et ecchymoses, ne disparaissent. L’avocat d’Hedvig, Gabor Gal, a quant à lui décidé, en septembre 2006, de porter l’affaire devant le procureur général. Quelques jours plus tard cependant, il a dû confier le dossier à un confrère, Roman Kvasnica. Il semble que Gabor Gal ait subi des pressions, l’obligeant à abandonner l’affaire. Kvasnica a donc retenté le coup mais s’est heurté à un rejet de sa requête. Simultanément, la chaîne slovaque STV, appartenant à l’Etat, a diffusé un reportage sur l’affaire Hedvig et a mis en évidence les dissimulations d’informations de Kalinak, vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur à l’époque. Peu de temps après la diffusion, Eugen Korda, le réalisateur du reportage, a été relevé de ses fonctions pour “attitude non-professionnelle”. Les accusations contre Malina Hedvig se sont succèdées, aussi imprécises les unes que les autres, ce qui a provoqué des réactions du côté hongrois, principalement de la part des deux grands partis politiques, la FIDESZ et le MSZP. Les responsables politiques hongrois ont accusé à leur tour les autorités slovaques de faire de la justice-spectacle avec cette affaire. Et Robert Fico, premier ministre slovaque de l’époque, de répondre que ces commentaires n’étaient qu’une intervention grossière de Budapest dans les affaires domestiques slovaques. Un témoin potentiel Zdeno Kamenicky, un habitant de Nitra, a dit connaître l’un des agresseurs, Robert Benci. Kamenicky n’a pourtant jamais été officiellement interrogé par la police et Benci, qui n’aura pas été inquiété davantage par les forces de l’ordre, s’en est sorti avec un alibi plus que bancal. En mai 2007, retournement de situation : Jan Packa est revenu sur ses déclarations et a admis qu’il était possible qu’Hedvig ait été frappée. Il s’est expliqué en invoquant que la police avait mis en doute sa version des faits et non leur existence… En août 2007, un ex-officier de police, Jozef Satek, a mis directement en cause Fico, Kalinak et Packa dans cette histoire et les a accusé d’abus de pouvoir. En effet, Robert Fico aurait dévoilé des éléments de l’enquête au grand public avant même que la plaignante ne soit au courant. Bien entendu, faute de preuves tangibles, cette accusation d’abus de pouvoir a très vite été oubliée. Hedvig, toujours accusée de parjure, a alors décidé de plaider sa cause auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, défiant ainsi l’attitude des autorités slovaques, qu’elle qualifiait d’inhumaine et humiliante. La vraie question, dans cette affaire, est aujourd’hui de savoir si Malina Hedvig fut plus victime de l’extrémisme slovaque que d’un macabre jeu politique. Articles liés : Elections législatives slovaques Une femme aux commandes de la Slovaquie Slovaquie : Une élection qui en dit long Elections en Slovaquie sous le signe du nationalisme Interview : « Les victimes sont les Hongrois de Slovaquie » – Most-Hid Double-citoyenneté La Slovaquie (contre) attaque ! Double citoyenneté : une loi plébiscitée dans le flou Double citoyenneté : le projet avance Minorités hongroises Minorités hongroises : le grand jour ? Vive le «Jour de l’unité nationale» ! Les minorités resurgissent comme par magie Divers Une hot-line entre Budapest et Bratislava Un an après, Solyom remet ca en Slovaquie ! Les fantasmes magyarophobes de Jan Slota atteignent des sommets Les Slovaques persistent et signent En Slovaquie, le feuilleton magyarophobe continue Le Président hongrois refoulé de Slovaquie La Slovaquie veut faire taire sa minorité hongroise
La Hongrie s’apprête à mettre en place un registre unique pour les Hongrois du monde entier, a annoncé samedi à MTI Zsolt Semjén, vice premier ministre et président du parti chrétien-démocrate (KDNP) allié à la Fidesz. Au premier abord il n’est pas forcément évident de cerner les objectifs concrets d’un tel dispositif. A moins d’avoir en tête le projet, ou plutôt « la mission historique » que s’est donné le gouvernement de « rassembler la nation hongroise ». C’est donc une mesure à mettre en parallèle avec celle sur la double-citoyenneté, sur le « jour de l’unité nationale » et les prémices de projet relatif au droit de vote aux Hongrois des pays voisins. L’objectif affiché d’une telle opération est de renforcer le sentiment identitaire des Hongrois à l’étranger, de renforcer leur sentiment d’appartenance à la nation hongroise. En clair, il s’agit de tenter de conjurer l’inéluctable assimilation de ce qu’il reste de communautés hongroises outre-frontières : dans le bassin des Carpates mais à plus forte raison là où la pression assimilatrice est la plus grande : en Europe de l’Ouest et du Nord, aux USA, au Canada, notamment. Dans un premier temps, les organisations hongroises à l’étranger seront en charge d’informer leurs membres de l’existence de ce registre. Ceux qui le souhaitent pourront communiquer leur adresse mail et recevront des informations relatives à la vie culturelle hongroise. Au cours d’une conférence au début du mois, Viktor Orban avait plaidé pour une politique de la nation et réaffirmé qu’ « il existe une nation hongroise unie » et que la majorité des 2/3 de son parti au parlement devait encourager la Hongrie à prendre des initiatives inédites en faveur du rassemblement de la nation hongroise. En Voilà déjà une… Articles liés : Orbán écrit « le grand livre de la nation hongroise » Un site web pour « décrocher » la citoyenneté hongroise Le droit de vote aux Hongrois des pays voisins ? Double citoyenneté : une loi plébiscitée dans le flou Vive le «Jour de l’unité nationale» !
Les élections législatives slovaques se tiennent aujourd’hui samedi 12 juin, au terme d’une campagne électorale placée sous le signe du patriotisme et du nationalisme largement alimentée par les récentes évolutions du paysage politique en Hongrie. Deux partis hongrois peuvent espérer entrer au parlement. La campagne électorale a atteint un paroxysme dans la médiocrité, dimanche 6 juin, quelques jours seulement avant les élections. Prenant prétexte de l’inauguration d’une grande statue du prince Svatopluk – du royaume de Grande-Moravie, au IXè siècle – dans un haut-lieu de la capitale slovaque, le premier ministre socialiste sortant et favori des sondages, Robert Fico, s’est répandu dans un discours lyrique, voire larmoyant, sur la grandeur de la nation slovaque. « J’appelle les patriotes de la Slovaquie toute entière. Venez avec vos enfants, vos petits-enfants, et montrez leur que la grandeur et l’histoire de notre château n’a rien a envié à ceux de Wawel et Hradcany [A Cracovie et Prague, ndlr]. » L’ « évènement » était retransmis en direct par la télévision nationale slovaque. La surenchère des nationalismes de part et d’autre du Danube C’est sans surprise que le contexte hongrois a été un facteur clé dans la campagne électorale. Avec la loi sur la double citoyenneté votée récemment par Budapest, ainsi que sa volonté de réunir la nation culturelle hongroise via le « Jour de l’Unité nationale », le nouveau gouvernement hongrois FIDESz a donné du grain à moudre aux politiciens slovaques, qui n’ont pas manqué de dramatiser la portée de ces lois, dans le but de raviver la « bonne vieille peur du Hongrois » et s’ériger en défenseur de la nation slovaque menacée. Les analystes politiques s’attendent donc à ce que les nationalistes slovaques capitalisent sur cette peur le jour du scrutin. Beaucoup des 500.000 Hongrois vivant dans le sud de la Slovaquie, s’ils sont favorables à cette loi leur octroyant plus facilement la citoyenneté hongroise, ont compris cependant que le timing de Budapest était pour le moins inopportun. Cité par Katerina Zachovalova, une journaliste tchèque indépendante, le maire de la ville slovaque à majorité hongroise de Komarno, Tibor Bastrnak estime que « Après avoir attendu ceci pendant des décennies, nous pouvions encore attendre cinq semaines de plus. Ce n’est pas bon pour nous, les Hongrois qui vivons de ce côté de la frontière, si Slota est au pouvoir. » Jan Slota, le nom est lâché. Il est une sorte de « bouffon-épouvantail » de la politique slovaque, classé à l’extrême-droite, violemment anti-hongrois (parmi d’autres choses), et dont le parti national slovaque SNS participe à la coalition gouvernementale , avec le parti socialiste de Robert Fico. Ce personnage est d’ailleurs à l’origine d’un projet de loi fièrement intitulé « Patriotic Act » qui vise à raviver le patriotisme des jeunes générations. Bien que soutenu par le très versatile Robert Fico – qui opposait la « tradition antifasciste slovaque » au nationalisme hongrois, dans une interview au Figaro le 4 juin -, ce dernier a estimé qu’il serait plus judicieux d’attendre que les élections soient passées avant de le soumettre au vote du parlement, devant les réactions irritées d’une grande partie de l’opinion publique slovaque. Deux partis pour une communauté hongroise Le « Parti de la coalition hongroise SMK-MKP », qui est le parti historique des Magyars de Slovaquie et Most-Hid, fondé par des renégats du MKP en 2009, sont ce qu’il convient de désigner des « partis ethniques », au sens où ils représentent l’intérêt des Hongrois, captent l’essentiel de leurs votes et n’attirent pas (ou peu, pour ce qui est de Most-Hid) d’électeurs non-hongrois. A quelques jours du vote, ces deux partis se livrent une bataille serrée pour capter les votes de la minorité hongroise. Tous les deux flirtent dans les sondages avec les 5% d’intentions de vote, le seuil nécessaire pour entrer au parlement slovaque. Il est vraisemblable que l’un d’entre eux atteigne ce seuil, mais aucun analyste politique ne s’est encore risqué à pronostiquer lequel. Une faible participation favoriserait SMK-MKP, tandis qu’une forte participation serait plus favorable à Most-Hid. La récente polémique liée à la loi hongroise sur la double citoyenneté pourrait avantager SMK-MKP, plus radical que Most-Hid. Articles liés : Interview : « Les victimes sont les Hongrois de Slovaquie » – Most-Hid La Slovaquie (contre) attaque ! Double citoyenneté : une loi plébiscitée dans le flou Minorités hongroises : le grand jour ? Vive le «Jour de l’unité nationale» ! Double citoyenneté : le projet avance Les minorités resurgissent comme par magie Les fantasmes magyarophobes de Jan Slota atteignent des sommets
A l’heure où les chères « têtes blondes » se préparent pour les nombreuses fêtes de fin d’année dans leurs écoles, récitent leurs poésies et égrennent les chansonettes apprises par coeur et en choeur, il arrive qu’en Hongrie, entre les jolies coccinelles et les petits lapins, on puisse entendre des comptines aux paroles plus que surprenantes : « Coccinelle, envole-toi. Les Turcs arrivent! Ils te mettront dans le puits de sel. Ils t’en retireront. Ils te mettront sous la roue. Ils t’en retireront. Ils te mettront dans un four, ils t’en retireront. Voilà les Turcs qui arrivent, ils vont bientôt venir te tuer. » Les enfants, le sourire aux lèvres, les parents, camescope en main : c’est une chanson qui appartient au patrimoine national et fait partie de la liste des programmes obligatoires de l’Éducation nationale hongroise et, curieusement, tout le monde trouve cela tout à fait normal, car des générations d’écoliers l’ont apprise. Bien sûr, en remettant ces paroles dans le contexte historique de l’occupation ottomane qui a duré plus de 150 ans en Hongrie, on pourrait arguer sur le bien fondé de l’apprentissage de l’Histoire, du patrimoine folklorique et de l’héritage culturel. Mais, peut-on raisonablement trouver ce choix de texte (pédagogiquement) justifié… ? Et quand bien même, les Turcs aient été les ennemis numéro un des Magyars voilà plus de 500 ans, les petits lapins et les coccinelles des maternelles comprennent-ils le contexte (encore faut-il qu’il leur soit expliqué …) avec l’emploi du futur simple et du futur immédiat dans le texte hongrois « mindjàrt jönnek », n ‘y a-t-il pas un risque de confusion ? Les détracteurs de ce papier avanceront alors les paroles sanguinaires de la Marseillaise, qui entendent mugir « ces féroces soldats, qui viennent jusque dans nos bras, égorger nos fils et nos compagnes », et qui propose aux enfants de la patrie de marcher ensemble pour qu’ « un sang impur abreuve nos sillons ».Que néni! Outre les maintes tentatives avortées pour la révision du texte de l’hymne français, pour en adoucir la teneur, la différence avec le sujet du jour reste de taille, puisque la Marseillaise ne désigne aucun « ennemi » explicitement et qu’elle n’est pas une comptine. Voilà donc en quels termes la problématique se pose : à l’heure où « l’amitié économique » entre les peuples (pour ne pas dire Nations) cimente les bases mêmes de l’idée européenne, au moment même où la Turquie frappe légitimement aux portes de l’UE, et dans une société de plus en plus sensible aux valeurs de l’extrême droite, il semblerait que ce choix pédagogique ne soit pas des plus adéquats, ni des plus pertinents. Yann Patochka
« Une fois n’est pas coutume ». Lundi 22 mars, l’altermondialisme franco-hongrois était à l’honneur à l’Institut français de Budapest, dans le cadre d’une conférence intitulée « La nation européenne ? Les notions d’Etat-Nation et de supranationalités dans l’Union Européenne ». Afin de débattre sur la question, étaient conviés par Le Monde Diplomatique et le Cercle Kossuth, le directeur général du Monde Diplomatique, Bernard Cassen, et le philosophe hongrois Gaspar Miklos Tamas, également fondateur d’Attac en Hongrie. Profondément marqués « à gauche », les deux professeurs, en accord sur de nombreux points, ont pris la parole chacun leur tour, se livrant à une critique profonde des politiques européennes actuelles. « L’absence d’unité européenne » Bernard Cassen n’a pas attendu la fin de son discours pour répondre à la problématique de cette conférence. Dans ses tout premiers mots, il a lancé que « la nation européenne n’existait pas encore » et qu’il n’était pas certain de la voir naître un jour. Il a rappelé qu’il ne fallait pas « confondre les peuples européens et les réseaux européens ». Selon lui, il existe des liens entre les peuples européens, mais les dénominateurs communs entre ces derniers ne sont pas assez nombreux pour pouvoir parler, à court et moyen terme, de nation européenne. Les deux professeurs ont tour à tour affirmés leur volonté de voir l’Europe changer. Certes, Tamas et Cassen se sentent « profondément européens » mais ils ne veulent pas mythifier cette Europe-là, qu’ils jugent anti-démocratique et trop profondément libérale économiquement. Tamas a même parlé d’un « mépris ouvert pour le peuple » de la part d’organismes tels que la Banque centrale Européenne, ou la Cour de Justice de la Communauté Européenne dirigés par des technocrates non-élus, dont les actes se limitent « à dicter les lois du marché ». « Si des mairies européennes existaient » a enchainé Cassen, « sur leur fronton, ne figurerait qu’un seul mot : la concurrence ». Des politiques européennes qui font le jeu des extrèmes Les travers ainsi décrits des politiques européennes font donc le jeu de Jobbik, selon Tamas, le parti d’extrême-droite étant le seul à critiquer ouvertement l’UE en Hongrie. Selon lui, il est difficile, dans son pays, d’avoir un regard critique sur l’UE sans être immédiatement affilié aux idées de Jobbik. Il rapporte d’ailleurs qu’il s’est lui-même fait traité de « nationaliste » ou de « populiste » par certains grands commentateurs politiques magyars. En faisant référence au Front National, et à sa résurrection aux élections régionales de la semaine dernière, Bernard Cassen s’est inquiété du fait que de plus en plus de citoyens mettent l’idée même de l’Europe dans le même panier que les politiques européennes. Il a regretté alors que « l’on jette le bébé de l’Europe avec l’eau du bain des politiques européennes » « Seules les crises feront progresser l’Europe » Après avoir vivement critiqué les institutions européennes, les deux penseurs ont proposé des solutions pour rendre l’Europe « davantage sociale et démocratique ». Cassen a affirmé, qu’avec la mise en place de la monnaie unique, le système en place ne pouvait qu’ « exploser » dans les années à venir. Les pays « à la traine » au niveau économique, ou même ceux trop en avance sur les autres comme l’Allemagne, pourraient être amenés prochainement à quitter la zone Euro. Le Directeur général du Monde Diplomatique a prétendu que : « seules des crises feront progresser l’Europe » et que seuls « des actes de dissidence inaugural » de certains gouvernements nationaux envers les politiques européennes pourraient faire avancer les choses. C’est bien sûr la nécessité de recréer une utopie européenne qui est en filigrane derrière ces propos. Gaspar Miklos Tamas, en total accord avec Bernard Cassen, a émis le souhait de ne pas voir le nationalisme sortir grand gagnant de cette crise identitaire européenne : « Si il n’y pas une résistance démocratique d’un côté, il y aura alors une résistance anti-démocratique de l’autre». Les programmes de L’Institut français de Budapest Articles liés : Un Hongrois représente bruxelles à Budapest Un 24 octobre fondateur pour Jobbik 1956: des commémorations à l’avant-goût électoral Le sondage déconcertant de la semaine Le festival des Blancs sème la Terreur L’extrême droite fait son Sziget La rébellion de la Magyar Garda L’Europe au Jobbik! Européennes: l’absention remporte les élections
Népszabadsag rapportait hier qu’à une trentaine de mètres du domicile du maire de Szentendre, on peut trouver des inscriptions de type graffitis à caractère antisémite, mettant en scène des rabbins colonisateurs de la Hongrie, armés jusqu’aux dents. Autour des dessins est écrit : « Pour les juifs, les armes c’est l’argent, alors ne leur donnez pas d’armes« , « Voulez-vous ces types-là au Parlement? » « Tu peux t’occuper de ta mère mais n’occupe pas mon pays! » Bien que ces dégradations dignes des années 30 en Allemagne apparaissent juste après l’assassinat d’un Syrien en Hongrie dans d’obscures circonstances, il serait très précipité de faire un quelconque rapport de cause à effet entre les deux événements. Ce qui est en revanche effectivement malsain dans cette affaire, c’est le mobile de ces inscriptions, dans une commune où Jobbik est déja réputé pour son antisémitisme affiché (une série de caricatures anti-juives est consultable en vitrine de la permanence du parti nationaliste radical de Szentendre, à 50 mètres de chez le maire). La question est donc de savoir si cette surenchère du côté de chez Monsieur le Maire est une nouvelle provocation de la part du parti, ou si au contraire, elle est destinée à porter le discrédit sur lui. Plus généralement, on peut mesurer la garvité des dérapages antisémites, antiRoms, et (pourquoi pas?) magyarophobes recensés dans les pays voisins, sur le site neo-nazi www.kuruc.info, bien plus consulté en Hongrie que les pochoirs de Szentendre.
Plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de néo-nazis hongrois, allemands et des pays voisins avaient prévu de défiler samedi 6 mars sur la place des héros de Budapest pour commémorer le « Jour de l’honneur ». Mais malgré l’accord officiel des autorités hongroises, les organisateurs ont finalement annulé le rassemblement. La police hongroise avait tout d’abord interdit son déroulement, officiellement pour des raisons logistiques, comme il est coutume de procéder pour empêcher les mouvements néo-nazis. Mais, par un tour de passe-passe, le Front National-socialiste hongrois (NS Front) a pu obtenir l’autorisation de la cour de justice hongroise pour sa manifestation, maquillée en ralliement de campagne électorale. Il s’est en effet enregistré en parti politique sous le doux nom de Parti Révolutionnaire National (Nemzeti Forradalmi Párt) afin de bénéficier d’une législation plus souple en matière de regroupement en période électorale. Le NFP a depuis annulé sa parade, communiquant jeudi dernier via son site internet que « L’évènement ne pourra se dérouler de façon normale. Après avoir examiné les circonstances, la direction du parti a décidé son annulation ». Plusieurs groupes anti-fascistes avaient annoncés qu’ils organiseraient des contre-manifestations. Aucune explication plus claire n’a été apportée à ce jour par le parti pour justifier ce revirement. Parmi les hypothèses plus sérieuses, on peut imaginer, comme cela a été déclaré par le NFP, que le gouvernement de Bajnai a émis des pressions sur le parti afin de ne pas ternir la réputation du pays à l’étranger, car il est certain qu’un tel rassemblement ne serait pas passé inaperçu dans le reste de l’Europe. Il est aussi plausible que le Jobbik, la principale force d’extrême-droite, ait joué un rôle dans cette affaire, en intervenant auprès du groupuscule afin de ne pas se retrouver dans la situation inconfortable de devoir condamner cette action. En ce fameux « Jour de l’honneur », des soldats hongrois et leurs alliés nazis encerclés dans le château de Buda par l’armée rouge ont tenté un ultime baroud d’honneur, dans les derniers jours de la seconde guerre mondiale, en février 1945. La journée de samedi devrait donc être calme à Budapest, à moins que les néo-nazis européens ne renoncent pas à leur pèlerinage et profitent de leurs billets d’avion low-coast pour venir faire un peu de tourisme dans la capitale hongroise… Articles liés : « Tomcat » et le subterfuge Rudolf Hess Le nazi n°1 vit libre à Budapest
Le haut-commissaire de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, chargé des minorités nationales, s’est rendu sans son casque bleu à Bratislava et à Budapest la semaine dernière. Nouvel épisode de la « querelle de termes » entre la Slovaquie et la Hongrie, qui tourne cette fois à l’avantage des Slovaques. Knut Vollebaek a confirmé son diagnostic de septembre, la loi sur la langue d’Etat slovaque reste conforme aux recommandations de l’OSCE. L’entrée en vigueur de cette loi, s’appliquant de facto au demi million de magyarophones habitant le sud de la Slovaquie (10% de la population totale), a amplifié la dégradation, déja ancienne, des relations entre les deux voisins. Effectivement appliquée depuis janvier, elle limite forcément l’utilisation du hongrois dans la vie publique. Mais pour les Slovaques, il s’agit simplement de protéger la langue et les intérêts nationaux lorsque celle-ci doit être parlée ou écrite. Vollebaek campe sur ses positions Après une courte observation de l’application de la loi, Knut Vollebaek est venu rencontrer le ministre des Affaires étrangères hongrois Péter Balazs et le Premier ministre Gordon Bajnai, à Budapest. Il a répété que les amendements de la loi sont conformes aux critères de l’OSCE, donc aux normes internationales. Encore à la décharge des Slovaques, il a invoqué la maladresse dans la formulation du texte, qui prête à confusion et peut ainsi susciter de la méfiance, mais il n’envisage pas de réviser son jugement pour autant. Balázs a toutefois soutenu que cette mesure « bouleverse l’équilibre » entre les Slovaques et la minorité hongroise du sud de la Slovaquie, à laquelle il demande de formuler une législation complète sur les droits des minorités. « Si cette législation existe, alors pourra t-on parler d’égalité juridique et politique », a t-il affirmé. Côté hongrois, les nombreux détracteurs de cette loi font la sourde oreille quant aux problèmes que la tolérance d’une langue locale peut engendrer. Ils accusent les Slovaques d’utiliser l’argument administratif comme prétexte pour opprimer un demi million de Hongrois qu’ils ne peuvent pas supporter. Parmi les exemples les plus dramatiques, ils avancent que la loi prévoit des amendes pour des « délits » tels qu’un épitaphe en langue magyare sculpté sur une pierre tombale, sans traduction slovaque plus visible. La loi leur interdirait également d’annoncer un événement traditionnel ou folklorique uniquement en hongrois. Un thème sensible et électoral La question du statut de la minorité hongroise en Slovaquie – et dans d’autres pays voisins – suscite toujours une vive émotion, souvent utilisée à des fins politiques des deux côtés de la frontière depuis 1921 et l’amenuisement de la Hongrie à un tiers de son territoire. La Hongrie et sa voisine du Nord tiennent toutes deux des élections générales dans les mois à venir, et la question sensible de la minorité ethnique hongroise en Slovaquie fera sans doute plusieurs fois l’aller-retour entre Bratislava et Budapest. Rien de mieux que la méfiance envers son voisin pour créer l’Union sacrée chez soi. La question de la loi linguistique slovaque est sans surprise le point de convergence des grands partis politiques hongrois. La décision du gouvernement Bajnai d’indemniser ceux qui tomberont sous le coup de la justice slovaque pour « magyarophonie », est d’ailleurs la seule qui a fait consensus (chose très rare en Hongrie) depuis sa prise de fonction. A Bratislava lundi, le ministre des Affaires étrangères slovaques, Miroslav Lajcak, a demandé aux autorités hongroises d’agir contre la diffamation, qu’il juge systématique, dont les lois de son pays font l’objet en Hongrie. D’un côté où de l’autre du Danube, cette affaire de langues sert les intérêts électoraux immédiats de la droite conservatrice des deux pays, sortante en Slovaquie, « promise » en Hongrie. Le Premier ministre slovaque Robert Fico a pu récemment se donner des forces en se nourrissant de sa querelle de voisinage publiquement: « nous ne serons pas bousculés par la Hongrie » s’est-il exclamé… en slovaque. En voila, un slogan électoral! la Slovaquie a ses raisons Pour se défendre des accusations d’oppresseur, Bratislava insiste sur le fait que sa législation vise uniquement à protéger la langue slovaque, et n’hésite pas à aller prendre des exemples ailleurs en Europe. En France en 2006, l’entreprise américaine GE Healthcare a reçu une amende de 570.000 euros pour ne pas avoir traduit 58 documents techniques et concernant la sécurité à ses employés français. Le gouvernement slovaque affirme que c’est expressément ce genre de vice de forme, en entreprise ou dans l’administration, que le non usage du slovaque pourrait entraîner. Fico et Bajnai avaient, au moment le plus fort de la crise l’an dernier, conjointement signé un compromis – en grande partie négocié par Vollebaek – où la Slovaquie acceptait d’observer un ensemble de principes sur l’application de sa nouvelle loi. La semaine dernière, le diplomate norvégien de l’OSCE a assuré qu’il suivra la question «jusqu’à ce que l’équilibre entre le renforcement de la langue d’État et la protection des droits des minorités soit atteint. » Les tensions étaient si élevées l’an dernier que l’on se serait cru dans les années 20, non loin du Rhin. En août, le Président hongrois, László Sólyom, s’était vu refoulé à son entrée en Slovaquie. Il ne s’y rendait que pour l’inauguration d’une statue de Szent Istvan au lendemain de la fête nationale hongroise, mais sa visite symbolique avait été perçue comme une provocation à Bratislava. Un tel camouflet diplomatique était encore sans précédent entre les deux États membres de l’UE et de l’espace Schengen, qui garantit théoriquement la libre circulation de tous les citoyens. Articles liés: La Slovaquie n’existe pas chez Easy Jet Bratislava redoute l’arrivée de la FIDESz au pouvoir Les fantasmes magyarophobes de Jan Slota atteignent des sommets Les Slovaques persistent et signent En Slovaquie, le feuilleton magyarophobe continue Bruxelles plutôt favorable aux Hongrois La Hongrie se plaint de la Slovaquie à Washington Le Président hongrois refoulé de Slovaquie La Slovaquie veut faire taire sa minorité hongroise
Il y a des détails cocasses que seul un journal expatrié peut repérer. Nos confrères anglophones de pestiside.hu ont déniché cette semaine une belle perle qui sied parfaitement à l’actualité d’Europe centrale. Les récentes déclarations de Jan Slota, dignes de la fin des années 30 entre l’Allemagne et la France, trouvent une meilleure réponse chez Easy Jet qu’elles n’en n’auraient jamais trouvée chez les nationalistes hongrois. La compagnie aérienne low cost ne couvre aucun aérodrome de Slovaquie, certes, mais elle pousse le bouchon assez loin en ignorant totalement la Slovaquie sur la carte qu’elle présente dans ses avions. Dans le magazine à bord, on constate que la Slovaquie n’est qu’une grosse enclave Ukrainienne en Europe Centrale. Heureusement, Wizzair, la compagnie low cost hongroise, qui elle non plus ne dessert pas la Slovaquie, n’a pas fait la même erreur. Jan Slota ne s’en serait peut-être pas remis. Article lié: Comparée à Malév, Easy Jet fait de l’hypocondrie
La « guerre froide » entre la Hongrie et la Slovaquie continue, récemment relancée par le nationaliste slovaque Jan Slota. Sa dernière salve a été rapportée il y a un peu plus d’une semaine par index.hu. Selon le portail d’informations hongrois, le politicien slovaque pense que la Hongrie prépare une offensive armée par-delà le Danube dans le sud de la Slovaquie. Pour appuyer son propos, Slota a évoqué l’achat par la Hongrie d’avions de combat Gripen, il y a maintenant plusieurs années. Il a également affirmé que la région magyarophone de Slovaquie était « envahie » par des agents des services secrets hongrois, qui prépareraient le terrain pour cette attaque. Slota a également ajouté que trop de ponts relient aujourd’hui les deux pays. De quoi faire regretter la chute du communisme à certains Slovaques magyarophobes, puisque l’ancien régime garantissait, pour sûr, la paix entre pays satellites de Moscou. Il n’est pas difficile de relèguer ce type de déclarations au rang des plus belles inepties de la diplomatie d’Europe centrale. Peut-être faudrait-il expliquer l’histoire de l’Union européenne à Slota, à moins qu’il ignore volontairement l’existence de l’autorité supra-nationale. Aussi, si l’on y réfléchit un peu, même les extrêmistes hongrois les plus optimistes ne croiraient pas que la Hongrie puisse être capable d’une telle « prouesse » militaire. Tout au plus, ils accuseraient les autorités slovaques de venir semer le trouble chez « leurs » Roms pour que la Hongrie soit montrée du doigt. Articles liés: Les Slovaques persistent et signent En Slovaquie, le feuilleton magyarophobe continue Le Président hongrois refoulé de Slovaquie La Slovaquie veut faire taire sa minorité hongroise
La Société Jobbik de Grande-Bretagne a récemment été créée et a tenu sa première réunion « fondatrice » dans un pub dimanche dernier à Londres. Suite a un article de l’édition online du Times, le correspondant londonien de MTI a demandé au porte-parole de la Société Jobbik de Grande-Bretagne, Tamas Feher, quel relation son organisation tient avec le parti politique hongrois. M. Feher a répondu qu’il n’y a aucun lien institutionel entre la Société dont il est porte-parole et le parti politique, mais que la Société partage les mêmes idées que le Jobbik et que le but de celle-ci est d’aider les hongrois qui habitent en Angleterre a « comprendre et soutenir les valeurs nationales et le programme du Jobbik. » Outre Tamas Feher, Zoltan Fuzessy (assistant de l’euro-député Jobbik Csanad Szegedi) a pris la parole lors de cette réunion. Etaient présents des membres du British National Party, parti d’extrême droite anglais, proche du Jobbik. La Société Jobbik de Grande-Bretagne a récemment été créée et a tenu sa première réunion « fondatrice » dans un pub, dimanche dernier à Londres. Suite a un article de l’édition online du Times, le correspondant londonien de MTI a demandé au porte-parole de la Société Jobbik de Grande-Bretagne, Tamas Feher, quelles relations son organisation tient avec le parti politique hongrois. M. Feher a répondu qu’il n’y a aucun lien institutionnel entre la Société dont il est porte-parole et le parti politique, mais que la Société partage les mêmes idées que le Jobbik et que son but est d’aider les Hongrois résidant en Angleterre à « comprendre et soutenir les valeurs nationales et le programme du Jobbik. » Outre Tamas Feher, Zoltan Fuzessy (assistant de l’euro-député Jobbik Csanad Szegedi) a pris la parole lors de cette réunion. Etaient présents des membres du British National Party, parti d’extrême droite anglais, allié euro-sceptique du Jobbik. Le BNP a d’ailleurs aidé à l’instauration de la Société. L’amitié entre les deux partis ne date pas d’hier. On se souvient de Nick Griffin, président du BNP, invité par le Jobbik l’année dernière, tenant un discours à l’occasion des commémorations de 56. L’année précédente c’était un autre citoyen polémique du Royaume-Uni qui fut invité par le Jobbik : David Irving, négationniste notoire et interdit de séjour dans de nombreux pays, tenait un discours lors des commémorations de la révolution de 1848, le 15 mars 2007. La Grande-Bretagne étant l’un des quelques signataires du Traité de Trianon, dont la révision est l’un des fer de lance de la politique du Jobbik, on pourrait s’étonner d’une telle amitié entre ces deux organisations, fussent-elles nationalistes. Pourtant, à chaque anniversaire du Traité, nous pouvons remarquer qu’à Budapest, les partisans du Jobbik, se souvenant plus volontiers de la signature française que de l’anglaise, manifestent leur mécontentement uniquement devant l’ambassade de France. Articles liés : Tensions communautaires en vue Un 24 octobre fondateur pour Jobbik
Les investissements étrangers ont beaucoup contribué à redynamiser la prospérité des pays d’Europe centrale au cours des 20 dernières années. Pour échapper à la récession actuelle, ils ont, en toute logique libérale, d’autant plus besoin de capitaux venus d’ailleurs. Mais les réponses politiques à la crise économique s’avèrent souvent protectionnistes, populistes, et tendent à inverser cette logique, comme l’illustrent plusieurs épisodes récents de la vie économique en Hongrie.
L’Union Européenne a finalement cédé au chantage du Président tchèque Vaclav Klaus et accordé, jeudi dernier, une clause dérogatoire au Traité de Lisbonne à la République Tchèque, malgré l’opposition de la Hongrie. Le Traité en question rentrera en vigueur le 1er décembre prochain. Le très europhobe Vaclav Klaus avait conditionné sa signature de ratification du traité de Lisbonne à une clause dérogatoire pour son pays, concernant la Charte des droits fondamentaux, figurant en annexe du traité. Cette dérogation garanti, selon lui, que « le traité de Lisbonne ne pourra pas conduire à l’abolition des décrets Benes « . Ces décrets ont conduit à l’expulsion des Allemands et des Hongrois de Tchécoslovaquie, après la seconde guerre mondiale. Le Président tchèque craignait que les victimes de ce « nettoyage ethnique » ne demandent réparation et la restitution de leurs biens. FIDESz : « Une défaite de la cause des droits de l’homme » Rien n’oblige cependant les États à valider cette décision. En Hongrie, le parti d’opposition de droite, FIDESz, a d’ores et déjà fait savoir qu’elle voterait contre la dérogation au Traité de Lisbonne accordée par l’UE à la République Tchèque. Jozsef Szajer, Président du groupe parlementaire européen de la Fidesz, estime que le gouvernement hongrois a échoué à satisfaire la demande de la FIDESz de rejeter le chantage du Président tchèque et s’est « rallié à ceux qui nient l’égalité des droits », qualifiant le sommet européen de « défaite de la cause des droits de l’homme ». Peu avant l’ouverture du sommet européen consacré à cette question, le Premier ministre hongrois Gordon Bajnai avait déclaré que « Le traité de Lisbonne concerne l’avenir de l’Europe. [...] Les décrets Benes font partie du passé négatif de l’Europe, qui ont causé peine et souffrance à des millions de gens. Nous ne devrions pas mélanger le passé et l’avenir. [...] Une dérogation sous sa forme actuelle est quelque chose de très dangereux, et c’est pourquoi nous allons avancer des arguments contre celle-ci« , avait-t-il précisé. Force est de constater que ces arguments n’ont pas été entendu par les autres pays européens. Le poison de l’Europe centrale Une soixantaine d’années après leur promulgation, la question des décrets Beneš continue d’empoisonner les relations diplomatiques en Europe centrale, notamment entre la Hongrie et la Slovaquie. Après avoir hésité un moment, cette dernière a finalement renoncé à suivre la voie tchèque de la confrontation avec l’Europe et avec son voisin hongrois. Les deux diplomaties ont même réussi a renouer, sur cette question, un dialogue diplomatique constructif, après les turbulences de ces derniers mois. Signés en 1945-1946 par le président tchécoslovaque d’alors, Edvard Benes, ces décrets ont jeté les bases juridiques de la confiscation des biens et de l’expulsion de Tchécoslovaquie des Allemands et des Magyars « en tant que traîtres et ennemis du peuple tchèque et du peuple slovaque ». Près de trois millions d’Allemands des Sudètes et environ 100.000 Hongrois de Slovaquie avaient été expulsés, accusés sur une base ethnique d’avoir soutenu collectivement le nazisme. Environ la moitié des 500.000 Allemands recensés au début de la seconde guerre mondiale avaient aussi été expulsés de Hongrie. Articles liés : Bruxelles plutôt favorable aux Hongrois En Slovaquie, le feuilleton magyarophobe continue La Hongrie se plaint de la Slovaquie à Washington Fico bientôt reçu en Hongrie Le Président Hongrois refoulé de Slovaquie La Slovaquie veut faire taire « sa » minorité hongroise
L’agence de presse hongroise MTI a rapporté que, selon des sources anonymes, le parti socialiste au pouvoir (MSzP) serait prêt à soutenir, sous conditions, un projet de loi visant à faciliter l’octroi de la citoyenneté hongroise aux Hongrois de Serbie. Selon ce projet de loi, déposé le 12 Octobre dernier par le parti dopposition de droite, la FIDESz, les membres des minorités hongroises du bassin des Carpates n’auraient plus besoin de justifier d’une résidence permanente en Hongrie pour entamer une procédure d’acquisition de la citoyenneté hongroise. Des personnes impliquées dans les pourparlers au sein du parti socialiste sur cette question ont affirmé que leur parti était prêt à soutenir ce projet de loi, mais pas dans sa forme actuelle. Le parti émettrait deux conditions: Que seuls les citoyens hongrois résidants dans le pays aient le droit de vote et que seuls les Hongrois contribuables aient accès aux services sociaux. En 2005, un référendum national, sur l’octroi de passeports hongrois aux candidats parmi les 2.5 millions de Hongrois vivant dans les pays voisins de la Hongrie, avait été organisé par la « Fédération Internationale des Hongrois » (Magyarok Világszövetsége – MVSZ). Il avait échoué faute d’une participation suffisante. Quelques 300.000 Hongrois sont implantés dans la région du Nord de la Serbie, la Voïvodine. Vivant hors de l’Union Européenne, contrairement aux Magyars de Roumanie et de Slovaquie, ils sont séparés de la Hongrie par une frontière de Schengen peu perméable et sont soumis à un strict régime de visa pour les pays européens.
Commandé par le quotidien de centre-gauche libéral Népszabadsag et publié lundi dernier, le sondage Progressive Intézet effectué parmi 3500 participants révèle une manière toute singulière et très magyare d’appréhender l’extrême droite locale. Dans cette étude, 7 personnes sur 10 pensent que l’extrémisme politique est dangereux. Un quart des interrogés, tout de même, pensent l’inverse. Plus déconcertant encore, la moitié des personnes qui trouvent l’extrémisme dangereux estime qu’aucun parti actuellement actif en Hongrie ne peut être jugé extrémiste… Cela explique indirectement le fait que le parti radical nationaliste Jobbik (dont les campagnes sont principalement pro-populaires, anti-roms, anti-gros sous et eurosceptiques) occupe depuis juin dernier 3 sièges parmi les 22 réservés à la Hongrie au Parlement Européen. Outre sa position « tape-à-l’oeil » sur l’échiquier politique européen, le Jobbik sait aussi manier l’art du buzz pour exister. Ainsi, Csanad Szégedi, eurodéputé Jobbik, a déja porté l’uniforme noir et blanc de la Magyar Garda dans l’hémicycle à Bruxelles, en signe de soutien à l’organisation paramilitaire du parti, aujourd’hui interdite en Hongrie. En 2010, Jobbik attendra la Fidesz au tournant 44% des participants au sondage ne souhaitent pas voir Jobbik siéger au Parlement hongrois à l’issu des législatives au printemps prochain. Cependant, un tiers des sondés saluerait la présence de députés Jobbik, ce tiers incluant certains qui ne voteront pas dans ce sens. Si Jobbik réussit la même performance qu’aux européennes cette année, on peut s’attendre à un nombre disproportionné de sièges accueillant les députés du parti nationaliste, en lui en assurant au moins 50 sur 386 au total. Sur la question, les sondés sympathisants de la Fidesz se prononcent à 50% contre une représentation légitime de Jobbik à l’Assemblée. On anticipe alors vite que le succès de la campagne Fidesz sera déterminant pour le type d’orientation à droite que la Hongrie prendra l’an prochain. Viktor Orban, qui devra râtisser large s’il veut être seul à droite, a déja officiellement rejeté la possibilité de gouverner avec Jobbik. Articles liés : Orban, déja Premier Ministre? l’Europe au Jobbik! Européennes : l’abstention remporte les élections La rébellion de la Garda La Garda est morte, vive la Garda! La popularité grandissante de la Magyar Garda
Jacques Barrot, commissaire européen en charge de la Justice, a apporté son soutien à la Hongrie dans l’affaire de la loi linguistique slovaque. La loi, entrée en vigueur depuis le 1er septembre, interdit l’utilisation de la langue hongroise publiquement (administrations et médias). La tension entre les deux pays a escaladé lorsque l’entrée du Président hongrois sur le territoire slovaque a été interdite par les autorités de ce pays le 21 août dernier. Les Premiers Ministres hongrois et slovaque se rencontreront demain, pour tenter de résoudre le conflit qui les oppose. Le Ministre des Affaires étrangères hongrois, Peter Balazs, à l’issue de sa rencontre avec Jacques Barrot à Bruxelles hier, a affirmé que le commissaire européen partageait le point de vue hongrois dans l’affaire sur de nombreux points. Barrot a conseillé au gouvernement hongrois de discuter du problème avec Leonard Orban, commissaire européen chargé du multilinguisme. Peter Balazs a déclaré aux journalistes hongrois présents que son gouvernement n’y manquerait pas. Parmi les autres instances européennes qui s’occupent de l’affaire, l’OSCE, à travers son Haut-Commissaire aux minorités nationales, Knut Vallebaek, avait déclaré la loi conforme. Celui-ci a toutefois rajouté qu’il avait identifié trois problèmes avec cette loi: la langue majoritaire est protégée au dépend d’une langue minoritaire, elle s’implique et empiète trop dans la vie courante, et elle permet d’appliquer des mesures punitives inadéquates. Peter Balazs a déclaré que la Présidence suédoise de l’UE suit de très près l’affaire et fait pression sur les deux pays pour que ce conflit soit résolu. L’Union Européenne n’ayant que très peu de moyens légaux pour résoudre ce problème, c’est bien la Hongrie et la Slovaquie qui devront entre elles, trouver une solution. C’est donc demain, avec la rencontre des PM hongrois et slovaque, Bajnai et Fico, à Szecseny en Hongrie, que pourra s’amorcer la résolution du litige. Est également prévu à la fin du mois, une table ronde avec un représentant des Nations Unies. Articles liés: En Slovaquie, le feuilleton magyarophobe continue La Hongrie se plaint de la loi sur la langue d’Etat slovaque Le Président hongrois refoulé de Slovaquie La Slovaquie veut faire taire « sa » minorité hongroise
Il serait bon que les Hongrois et les autres minorités de Slovaquie renoncent à leurs projets estivaux et mettent à profit le mois d’août pour régler leurs éventuels problèmes administratifs, car à partir du 1er septembre, ils n’auront plus le droit de s’exprimer dans leur langue maternelle, ni dans l’administration, ni dans les médias. Fini les « Jó napot kivanok » et les « Bocsánat, nem értem ». Les quelques 600.000 Magyarophones du Sud du pays (10% de la population totale) devront désormais se fendre de » Dobrý den » et de « prepácte mi, nerozumiem » , sous peine d’une amende pouvant aller jusqu‘à 5000 euros! La simple mention d’un nom de localité en langue minoritaire sera aussi passible d’amende. Une façon, pas très élégante, pour le pouvoir slovaque de rappeler à ces « dangereux séparatistes” qu’ils ne font plus la loi comme aux temps de la Grande Hongrie et qu’ils ne sont plus chez eux. C’est à peu près le message qu’avait adressé Nicolae Ceausescu aux Hongrois de Roumanie dans les années 1980… Les autorités hongroises ont choisi la voie diplomatique pour répondre à cette provocation. C’est l’eurodéputé du FIDESz Adam Kosa (voir l’article sur Adam Kosa, « l’euro buzz » du Fidesz ) qui a lancé la contre-attaque lors de la session inaugurale du Parlement européen en appelant ses collègues à prendre position sur cette loi qu’il juge discriminatoire et non-conforme aux principes de l’Union européenne. « Nous sommes les témoins d’une chasse aux sorcières institutionnalisée dirigée contre la minorité hongroise en Slovaquie » a pour sa part commenté Lukács Csaba du grand quotidien hongrois de droite Magyar Nemzet. « Le temps du royaume de Hongrie est terminé! » Robert Fico « Le temps du royaume de Hongrie est terminé et la Slovaquie ne se laissera pas dicter sa conduite par Budapest » a déclaré le Premier Ministre slovaque, Robert Fico, irrité par la contre-offensive diplomatique de Budapest. Pourtant la loi ne fait pas non plus l’unanimité côté slovaque. Le quotidien progressiste Sme a estimé que « La loi va à l’encontre du bon sens. Exiger que les membres de la minorité parlent slovaque entre eux est absurde ». Un avis que partage bien évidemment Pal Csaky, du Parti de la coalition hongroise, qui estime que «Même sous la monarchie autrichienne, on n’avait pas une loi pareille. Elle est l’expression d’une mauvaise volonté et d’un impérialisme linguistique». Son parti compte faire appel à la Cour constitutionnelle slovaque et au Conseil de l’Europe. De part et d’autre de la frontière, les nationalistes s’attisent : quand les uns coupent les oignons, les autres pleurent. Côté slovaque, la percée de l’extrême-droite hongroise pourrait redonner de l’élan à Ján Slota, le leader du Parti National Slovaque (PNS), un parti d’extrême-droite membre de la coalition gouvernementale, tandis que la nouvelle législation slovaque est du pain bénit pour la frange nationaliste hongroise qui a l’habitude de « faire son beurre » sur ce type de provocations. A cette différence près qui est fondamentale : du côté slovaque, les provocations ne sont pas le fait d’une frange radicale de la population emmenée par un parti minoritaire, comme c’est le cas en Hongrie. Non, chez les slovaques, ce type de comportement, xénophobe et ethnocentriste, est porté par le plus haut niveau de l’Etat. Ján Slota s’est notamment distingué à de multiples reprises pour ses diatribes anti-Roms et anti-Hongroises. Pour lui, les Hongrois de Slovaquie sont un « cancer sur le corps de la nation slovaque ». Sa solution ? « Envoyer des blindés sur Budapest » (Sic!). Des réflexions qu’il a partagé publiquement au cours de la campagne électorale qui a porté son parti au gouvernement… Je te déteste un peu, beaucoup, passionnément,… Les relations entre les deux pays sont détestables depuis…toujours en fait. Depuis qu’ils sont tous les deux des Etats-nation souverains, c’est à dire (grosso modo) depuis le début des années 1990. C’est la gestion des eaux du Danube (toujours irrésolue) qui a d’abord empoisonné les rapports entre Hongrois et Slovaques, puis s’est imposée la question jusque là occultée par le pouvoir communiste de l’intervention de Budapest en faveur de ses minorités. Depuis l’entrée, en 2006, des nationalistes de Ján Slota au gouvernement slovaque, les relations entre les deux voisins sont devenues absolument excécrables. Les tensions ne risquent pas de diminuer avec la prise de pouvoir probable en 2010 du leader du FIDESz, Viktor Orbán, qui se devra de flatter la frange nationaliste de son électorat pour qui la question du soutien aux minorités hongroises est primordiale. Il estime d’ailleurs que la coalition sociale-libérale au pouvoir a « […] affaiblit la Hongrie en la détournant des Hongrois vivant de l’autre côté de la frontière », et il a d’ores et déjà annoncé qu’il soutiendrait les volontés d’autonomie des Hongrois d’outre-frontière. Un sujet extrêmement sensible du côté de Pozsony… « oups », devrait-on dire Bratislava?
Diaporama des évènements du samedi 4 juillet à Budapest, lorsque la Magyar Garda récemment interdite et l’extrème droite hongroise se sont rassemblées illégalement au centre ville de Budapest. Voir l’article relatant les évènements de la journée. [slide] Photos: Coriander, Francois
La Cour d’Appel de Budapest a confirmé aujourd’hui la dissolution de la Garde hongroise. La Gárda avait fait appel d’une décision de justice en décembre 2007 qui avait jugé l’organisation liberticide. C’est bel et bien terminé pour la Garde en tant qu’association officielle.
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