« Suicide par pendaison, décès dû à une asphyxie, aucune intervention d’un tiers. » C’est ce qu’a confirmé l’autopsie du corps de Kristina Rady Cantat lundi. L’affaire est donc sur le point d’être classée, mais les raisons du geste de la femme du chanteur de Noir Désir demeurent cependant inexpliquées. Malgré la courte lettre d’adieu qu’elle a rédigée, où elle s’excuse de la peine qu’elle allait causer, rien ni personne ne dit encore pourquoi, après avoir tant oeuvré pour que son ex-mari garde le goût de vivre, s’est-elle donnée la mort Il faut faire attention. Quand le sort s’acharne sur Bertrand Cantat, de nombreux détracteurs peuvent s’empresser de l’enfoncer. En voyant dans ce drame la marque de la star tourmentée et instable des années 2000, chez qui la passion et la détresse amoureuses ont déja pu amener à un résultat extrême, les plus mesquins des donneurs de leçons diraient que le mal se dégage de l’artiste maudit. Heureusement, ce sont, au contraire, les messages de soutien et d’encouragement à la famille de Kristina Rady qui envahissent les forums. On ne saura peut-être jamais si Bertrand Cantat a une quelconque responsabilité dans le suicide de son ex-femme. Auditionné dès dimanche soir par la police judiciaire, il s’est montré « digne et abattu » , mais la police n’a pu découvrir aucune motivation qui expliquerait cette tragédie. Entre vie privée et vie publique, un suicide qui emporte des secrets Depuis, Bertrand Cantat est tombé dans un certain mutisme, gardant le secret de son quotidien récent avec celle qui était tendrement surnommée « Cini ». Certains proches du couple redoutent aujourd’hui qu’il ne tienne pas le coup, lui qui affirmait ne pas pouvoir vivre loin d’elle. Depuis lundi, il a quitté son domicile et vit entouré de sa famille et de ses amis, mais séparé de ses enfants pour le moment. Le jeune Milo, 12 ans, qui a découvert le corps en rentrant à la maison dimanche vers midi, est encore en état de choc. Il s’était absenté dès le matin chez des amis. Vers 10 heures, Bertrand Cantat était allé se recoucher alors que Kristina disait vouloir travailler à l’étage. Il dit n’avoir plus rien entendu, jusqu’à ce que son fils vienne le réveiller. Chronologie d’une histoire d’amour inconditionnel Kristina Rady a rencontré Bertrand Cantat à l’occasion d’un concert de Noir Désir à Tilos az A, à Budapest, où elle travaillait comme programmatrice en 1993. Ils se sont mariés en 97 et se sont séparés fin 2002, juste après la naissance d’Alice, leur deuxième enfant. Bertrand Cantat vivait alors une liaison conflictuelle avec Marie Trintignant, qui mourut par sa faute lors d’une dispute le 27 juillet 2003, alors qu’elle tournait le téléfilm Colette en Lituanie. Lors du procès à Vilnius en 2004, lorsque Nadine Trintignant et Samuel Benchetrit (père d’un des quatres enfants de l’actrice) chargeaient le rockeur en le décrivant particulièrement violent, Kristina défendait vigoureusement celui qui venait pourtant de la quitter: «Bertrand n’a jamais levé la main sur moi. Je n’aurais jamais pu vivre, partager dix ans de ma vie avec un menteur, un macho et un castagneur. Je n’ai jamais rencontré un homme aussi incorruptible et honnête.» Bertrand Cantat écopera de huit ans de prison, il en fera moins de quatre, remis en liberté conditionnelle en octobre 2007. Soutenu par son ex femme pendant sa détention, il s’était à nouveau installé avec elle et ses enfants depuis avril dernier. Bertrand et Kristina n’ont jamais divorcé, mais vivaient tout de même séparés de corps. « Cini », de la movida hongroise à la scène française Hier, l’hebdomadaire hongrois HVG lui rendait hommage. Au début des années 90, elle s’impose rapidement comme une grande figure de l’ébulition culturelle à Budapest, en particulier dans le domaine de la musique. Si, des années plus tard, des dizaines de milliers de français débarquent à Sziget festival, c’est en grande partie grâce à son travail. Plus récemment, « Cini » avait fait découvrir Joszéf Attila à la France, en mettant en scène A coeur pur, un spectacle où le poète magyar (qui s’est lui aussi suicidé, mais en se jetant sous un train) était lu par le déjanté Denis Lavant et mis en musique par Serge Teyssot-Gay, guitariste de Noir Désir. Réciproquement, en tant que traductrice de premier choix, elle a également participé au grand succès d’oeuvres francophones en Hongrie, telles que la bande-dessinée Persepolis. Dans les milieux d’échanges culturels entre la France et la Hongrie, on considère avoir perdu le lien le plus fort dans les relations entre les deux pays. Ironie du sort, la célèbre famille franco-hongroise Sarkozy de Nagy-Bocsa, s’est, elle, agrandie la nuit dernière, avec la naissance de Solal, fils de Jean et premier petit-fils de Nicolas. Kristina Rady Cantat pourrait être enterrée en début de semaine prochaine. Site de Kristina Rady Article lié : Suicide de Kristina Rady Cantat, âme franco-hongroise La France, fief de la dynastie Sarkozy?
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