Une page de l’histoire de l’internet vient de se tourner en Hongrie : avant-hier, à minuit, le réseau social hongrois iWiW (International Who is Who) a officiellement cessé d’exister. Lancé en 2002, le site avait immédiatement rencontré un succès monstre, pour atteindre près de 4 millions d’abonnés en 2009, soit la quasi totalité des utilisateurs d’internet cette année-là. Avant de perdre peu à peu son audience au profit du mastodonte des réseaux sociaux, l’américain Facebook.
iWiW, c’était un Facebook hongrois avant l’heure, né un peu plus d’un an avant son concurrent au pouce bleu, qui est resté entre 2005 et 2010, la page web la plus consultée de Hongrie. Avec près d’un million et demi de connexions par jour, le site a rapidement connu quelques problèmes de capacités techniques. Pour assurer des serveurs de taille, iWiW fait de gros investissements, est racheté par T-Online et fusionne finalement avec le site d’actualité Origo.hu en 2008.
Orsi, 25 ans, est inscrite sur iWiW depuis environ neuf ans :
« Tout le monde en parlait, tout le monde y était inscrit dans ma classe. J’ai tout de suite apprécié de pouvoir être en contact si facilement avec tous ces gens dont j’aurais difficilement pu obtenir le numéro de téléphone ou l’e-mail. Quand je faisais la connaissance de quelqu’un et qu’on se connectait sur iWiW, j’apprenais en un instant tout un tas de choses sur cette personne. Et c’est évidemment imparable pour savoir rapidement si le gars qu’on a remarqué a une copine ou pas… »
Gergő, 38 ans, s’est inscrit dès l’ouverture du réseau social, « à l’époque où il s’appelait encore seulement WiW. »
« J’ai retrouvé énormément de connaissances sur le réseau dès le début. Au fil des années, toutes mes anciennes connaissances et les personnes que je côtoyais dans la vraie vie ont eu un compte. J’aimais beaucoup que le système propose le dessin du réseau de nos contacts, c’était assez spectaculaire. »
Hormis cette idée, qui a inspiré le logo du réseau social, l’un des inconvénients d’iWiW restait quand même son design relativement pauvre. Comme Orsi, la plupart des utilisateurs d’iWiW se sont aussi inscrits sur Facebook, plus attirant esthétiquement et plus clair. Le « newsfeed » d’iWiW ne rivalisait pas avec le « mur » du réseau social américain, et la plateforme hongroise n’a pas évolué avec le temps, malgré le lancement d’applications et l’adaptation à certains nouveaux supports.
« J’ai progressivement arrêté de l’utiliser il y a déjà plusieurs années, au profit de Facebook. Quand j’ai su que ça allait fermer, je n’ai rien téléchargé ou récupéré comme informations, j’avais déjà laissé ma page en friche depuis très longtemps. »
Une démarche que n’a pas suivie Gergő :
« Quand Facebook est apparu, j’utilisais encore beaucoup iWiW. J’avais peu de contacts à l’étranger et je n’avais pas vraiment besoin d’un réseau social qui soit international. Du coup, je n’ai plus de compte sur un réseau social. »
Un inconvénient du site qui a pourtant dérangé de nombreux utilisateurs : depuis son rachat en 2006 par T-Online, le site, qui avait lancé une version multilingue l’année précédente, était revenu à une interface entièrement en hongrois. Un « international who is who » qui excluait pas mal de monde.
Depuis la fermeture du site, une page est ouverte pour les témoignages et les souvenirs, tandis que les anciens utilisateurs peuvent écrire au site pour y partager leurs histoires et essayer de retrouver leurs contacts perdus. Pendant ce temps, sur Facebook, la page « retrouve tes amis iWiW » a déjà récolté 3295 mentions « j’aime »…
Sources : Origo.hu
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