Interview avec Greenpeace : la Hongrie à la traîne en matière d’efficacité énergétique

Dans le cadre de la COP21 qui se déroule à Paris du 30 novembre au 11 décembre, HULALA à donné la parole à un acteur important dans le débat public hongrois en matière d’environnement : Greenpeace Hungary, une organisation non-gouvernementale qui lutte activement pour rappeler la classe dirigeante à ses obligations mais également pour sensibiliser la société civile hongroise aux enjeux climatiques. Entretien avec Réka Hunyadi, responsable de campagne pour le climat et l’énergie à Greenpeace Hungary.

greenpeace hungary

Crédit photo : Greenpeace.hu

Quelles actions mène Greenpeace Hungary en lien avec la COP21 ?

Beaucoup de nos activistes et collègues ont pris part individuellement à la Marche pour le Climat de Budapest le 29 Novembre dernier. Nous suivons également les négociations qui se déroulent à Paris, en recevant de notre délégation de Greenpeace des informations continues sur lesquelles nous communiquons.

Budapest s’est aussi mobilisée pour le climat en amont de la COP21

Par quels moyens attirez-vous l’attention de la classe dirigeante sur les enjeux de la réduction des gaz à effet de serre et autres questions actuelles en lien avec l’environnement ?

Nous correspondons par courrier avec les interlocuteurs appropriés des ministères. Dernièrement, dans les semaines qui ont précédé les discussions de la COP21, nous avons envoyé une lettre au Ministre du Développement National, monsieur Miklos Sesztàk, étant donné que la politique climatique fait partie des attributions de son institution. Cette la lettre, à laquelle nous n’avons jusqu’à présent pas eu de retour de la part du ministère, faisait référence dans les grandes lignes aux recommandations suivantes :

Les déclarations de contributions déposées avant l’ouverture de la COP21 n’étaient pas suffisantes pour empêcher l’augmentation qui s’avèrerait fatale de 2°C des températures. En effet, compte tenu des engagements de réductions actuels, il y a 90% de probabilité pour que le réchauffement climatique dépasse les 2°C, et même qu’il atteigne 3,5°C. Alors que plus de 100 pays appellent à une limitation du réchauffement à 1,5°, car au delà leur survie pourrait en dépendre.

Que durant la COP21, la délégation ministérielle hongroise intervienne pour que les négociations aboutissent à un accord comprenant des objectifs de long terme tels que : l’abandon total des énergies fossiles (donc zéro émission de CO2) à l’horizon 2050. Parallèlement, d’augmenter l’utilisation des énergies propres et renouvelables pour atteindre zéro émission de gaz à effet de serre pour 2060-2080.

Dans la poursuite de ces objectifs, il est par ailleurs important que les pays s’engagent sur la protection des forêts et autres écosystèmes absorbant du CO2.

Pour assurer le respect des engagements pris, les États devraient adopter une clause selon laquelle, à partir de la réunion de Paris, régulièrement tous les 5 ans, ils passent en revue les objectifs de long terme pour vérifier qu’ils avancent tous de manière coordonnée.

Que la délégation hongroise joue un rôle actif et de premier plan dans la défense du respect de l’engagement qu’ont pris les pays les plus développés de garantir une contribution annuelle de 100 milliards de dollars aux petits pays à faibles revenus jusqu’à 2020. Il s’agit également de veiller à ce que cette contribution augmente sur la période, en fonction des besoins de ces pays.

Quelle est l’attitude de la société civile hongroise face aux objectifs et aux enjeux de la COP21 ?

La société hongroise est engagée en faveur du développement des sources d’énergies renouvelables. Greenpeace a commandé en octobre 2015 une enquête d’opinion publique selon laquelle 66% des ménages hongrois seraient prêts à utiliser des énergies renouvelables au quotidien.

Nous constatons une prise de conscience grandissante de la part de la société hongroise concernant les effets du changement climatique sur les modes de vie. Néanmoins, dans de nombreux cas, les individus ont besoin de renseignements, d’aide et d’accompagnement en ce qui concerne les possibilités de contributions individuelles.
Une des avancées les plus capitales pour nous serait l’accroissement de la sensibilisation de la population sur des questions telles que l’efficacité énergétique. Malheureusement, le gouvernement actuel qui est en faveur de l’extension de la centrale nucléaire de Paks (1) n’a aucun intérêt à diffuser des informations et à prendre des mesures dans un sens favorable aux économies d’énergie.

Cependant, Greenpeace et de nombreuses autres organisations environnementales nationales travaillent ensemble pour aider les Hongrois à y voir plus clair dans les questions climatiques et les politiques énergétiques.

Propos recueillis par Suzanne Tisserand

(1) il s’agit d’un contrat passé par le gouvernement de Viktor Orbàn avec la Russie en janvier 2014 pour la construction d’ici 2023 de deux réacteurs supplémentaires à la centrale nucléaire de Paks existante. Le 19 novembre dernier, la Commission Européenne a condamné le projet et ouvert une procédure d’infraction contre la Hongrie pour non-conformité à la législation européenne relative à la transparence des marchés publics, le financement du projet étant prévu sur une ligne de crédit de 10 milliards d’euros de l’État russe sur une période de 30 ans.

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