Le complexe urbain de Corvin Sétany (8ème arrondissement) n’en finit plus de s’étendre, changeant totalement et durablement la face d’un quartier jusque-là plutôt épargné par les grands travaux d’aménagement urbain. Dans ce contexte de disparition des terrains vagues et autres zones libres, le GrundKert 2.0, ouvert officiellement le 31 mai, fait figure de résistance. Mais jusqu’à quand?
Pourquoi GrundKert 2.0? Parce que le GrundKert initial, petit espace cultivable à partager en parcelles pour qui désire les louer, a dû déménager, contraint et forcé par les prospecteurs immobiliers qui rachètent les terrains un à un. Il se trouvait initialement juste à côté du bar/auberge de jeunesse GrundKert, le long de la rue Nagytemplom. Le bar lui-même a dû entreprendre des travaux pour se replier sur lui-même et prendre moins de place, sacrifiant sa cour principale au profit d’un immeuble de luxe pour le moment à l’état de terrain vague.
Les nombreux espaces en friche de cette partie du 8ème sont préparés depuis des mois à accueillir toujours plus de ces belles et certainement très chères résidences de béton de haute sécurité, le GrundKert a donc gentiment été prié de déménager… pour renaître de ses cendres quelques hectares plus loin, près de la rue Bókay János. Le bar Gólya et l’association écologique Messzelátó sont parmi les initiateurs de l’aventure.
“Nous avions déjà fait beaucoup pour maintenir le premier GrundKert vivant et en place, lorsqu’il a dû fermer, nous n’étions sûrs de rien quant à sa continuité. D’avoir fait en sorte qu’il ne disparaisse pas est une vraie victoire”, raconte Katalin Schnierer, l’une des responsables de l’association.
Csaba Tóth, l’un de ses fondateurs, n’est lui pas très optimiste quant à son avenir.
“Les chefs de projet de Corvin Sétany et Corvin Science Park nous ont laissés nous installer ici de bonne grâce, car pour des raisons fiscales et économiques, tous les terrains n’ont pas encore pu être totalement rachetés mais ils possèdent déjà une partie de celui-ci. Nous savons qu’un jour il faudra encore partir.”
En attendant de devoir de nouveau penser à plier bagage, l’heure est plutôt à la fête, un buffet végétarien de provenance locale exclusivement a été organisé, pour réunir les habitants qui louent déjà une parcelle ou les simples curieux fatigués du marché et du concert qui se tiennent un peu plus loin près du centre commercial.
Certains membres de la communauté formée dans un autre jardin, celui de la rue Leonardo da Vinci, sont venus apporter leur soutien et un cadeau de bienvenue: des sachets de graine à semer, pour célébrer un nouveau départ.
Marianne Delaforge
Le blog du GrundKert : http://grundkert.blog.hu/
« un quartier jusque-là plutôt épargné par les grands travaux d’aménagement urbain » ??? c’est plutôt le contraire ! c’est sans doute le quartier de Budapest qui a le plus souffert des travaux de rénovation urbaine des années 2000 ! ils ont rasé des ilots entiers pour construire Arena Plazza ; et ça va continuer pour faire la jonction avec le campus Ludovika ! le Golya, il ne lui reste plus beaucoup d’années à vivre ; et cette forme de résistance heureuse et joyeuse n’aura aucune forme d’incidence sur les projets immobiliers à venir.