Une décennie dans l’UE vue par la presse hongroise

Le 10e anniversaire de son entrée dans l’UE est passé pratiquement inaperçu dans la Hongrie dirigée par le parti euro-critique Fidesz. Quel bilan tire la presse hongroise de ces 10 années d’adhésion du pays ?

Un anniversaire invisible

En 2014, la Fidesz-KDNP ne semble avoir que faire de cette date hautement symbolique, déplore le quotidien centre-gauche « Népszabadság »  : « Le gouvernement ne célèbre pas l’anniversaire de notre adhésion », s’indigne un journaliste dans un article intitulé « L’anniversaire invisible ». Selon le quotidien, le gouvernement s’est contenté d’ « évoquer » la date-clé par une « série de conférences plus ou moins officielles ». Ce ne sont pourtant pas les progrès qui manquent, remarque le Népszabadság : « le quidam remarquera sans doute que l’UE y est pour quelque chose (…) sachant que près de 90% des projets réalisés durant les dernières années sont financés par les fonds de développement européens ». Et le rédacteur d’ajouter :

« N’importe qui voyage sur les autoroutes flambant neuves, monte à bord du 4e métro ou voit les nouveaux ponts édifiés sur le Danube, constatera aisément que les fonds européens sont bel et bien là ».

Selon les derniers sondages, rappelle-t-il, près de 2 /3 des Hongrois seraient en faveur de l’UE : un chiffre guère surprenant, selon lui, étant donné que « les gens savent d’où vient l’argent ».

Selon le pure player Index.hu, la Hongrie fait partie de « ces rares pays qui ont le plus bénéficié de l’aide européenne ». Selon le calcul de la rédaction : « en moyenne, chaque Hongrois a reçu un demi-million de forint en 9 ans ». Le quotidien s’exclame : « entre 2004 et 2013, nous avons – à nous seuls – bénéficié de près de 174 milliards d’euros ! ». Et le rédacteur de préciser :

« Seuls les habitants des pays baltes et le Portugal ont reçu des sommes plus importantes que les Hongrois ».

A des années-lumière de la moyenne européenne

Une chose est néanmoins « révélatrice » déclare le rédacteur du quotidien centre-gauche Népszabadság : « [Nous sommes] toujours considérés comme de « nouveaux membres » […]. La Hongrie a pourtant rempli plusieurs rôles-clés au sein de l’UE : nous avons déjà été affectés à la présidence en 2011, nous avons réussi à répondre aux exigences fiscales – en particulier lorsqu’il s’agissait de réduire notre déficit […] et pourtant, rien n’y fait ». Le progrès est certes latent, mais il est bel et bien présent. La Hongrie n’a pourtant pas toujours été bonne élève :

« Les initiatives anti-démocratiques de M. Orbán […] ont poussé la Commission à créer un nouveau mécanisme  d’évaluation des pays-membres et de leur adhésion aux valeurs européennes (démocratie, État de droit, dignité humaine) ».

Qui plus est, la situation socio-économique de la Hongrie est encore « à des années-lumière de la moyenne européenne ». Et le rédacteur de conclure : « en espérant que nous pourrons acheter le gâteau d’anniversaire de notre vingtième année d’adhésion… en euros ».

La Hongrie moins docile

Pour le quotidien de droite « Magyar Hirlap », l’adhésion hongroise est même une success story ! Rappelons que son journaliste vedette, Zsolt Bayer, est l’un des organisateurs des Bekemenet, ces grandes manifestations patriotiques pro-Fidesz dans lesquelles on a pu lire des slogans tels que « UE=URSS » et « We will not be a colony! ». Selon la rédaction, il est indéniable que la Hongrie a réussi son pari d’intégration. Le journal d’informations en ligne cite très longuement les propos de la Ministre d’État aux Affaires Européennes, Enikő Győri, selon laquelle la « stabilité financière, c’est-à-dire les critères de Maastricht (…) ont été respectés  par les 1er  et le 2e  gouvernements de M. Orbán ». L’une des raisons majeures de ce succès inespéré résulte du fait que la Hongrie aurait, toujours selon la ministre, réussi à abandonner sa timidité : « Durant les années ayant suivi l’adhésion, la politique européenne hongroise était beaucoup trop docile ». Il est intéressant de voir que Mme Győri considère que ce n’est que depuis la réélection de M. Orbán que la Hongrie s’est finalement hissée au rang de leader :

« La politique  étrangère hongroise relative aux affaires européennes est devenue plus combattive, si besoin en est, le gouvernement sait lutter pour l’intérêt de la nation ».

Le quotidien rapporte également les propos de M. Martonyi, ministre des Affaires étrangères. Ces propos s’avèrent bien plus critiques que ceux de madame Győri ; en effet, selon le ministre : « Le problème avec Bruxelles c’est qu’ils veulent créer un nombre trop important de lois (…) aujourd’hui la majorité des gens reconnaît que trop de lois font plus de mal que de bien ». Selon le ministre, il est primordial de se pencher sur l’épineuse question de l’intégration de la Hongrie au sein de l’UE… un débat qui, d’après ses dires, risque d’alimenter pour longtemps les discussions et les débats publics autour de l’Europe.

Photo : telegraph.co.uk

8 Commentaire

  1. « N’importe qui voyage sur les autoroutes flambant neuves, monte à bord du 4e métro ou voit les nouveaux ponts édifiés sur le Danube, constatera aisément que les fonds européens sont bel et bien là ».

    Aucun n’est constriut par les entreprises hongroises. Dans la pluart des cas, les coúts (et les tarifs c.f.: M5 á ses débuts) de constructions étaient 2-3 fois supérieurs aux coúts demandés dans le pays de l’entreprise en question. Cette subvention européenne vient donc de l’ouest et part aux entreprises de l’ouest ayant un bureau en Hongrie. Il est donc faux de dire que « C’est la Hongrie qui est subventionnée ». Jusqu’en 2010, á 98% (!) c’étaient des entreprises étrangéres en Hongrie qui recevaient ces subventions, Orbán essaie de monter la part des pme hongrois, comme par hasard, il est « anti-démocrate ».

  2. abuzusviki a dit :

    Depuis que Orbán est au pouvoir, 100% les avis d’appels d’offres sont gagnés d’avance ( en catimini ) par la société kőzgép, société de Mr Simiscka et son acolyte grand Manitou. Le dépouillement de ces avis d’appels d’offres sont toujours tenus secret confidentiel, pour cause, raison d’etat.

  3. PierreWaline a dit :

    Une question a l’attention de Bulcsú:
    Simicska Lajos et son entreprise Közgép (qui a rafflé plusieurs centaines de milliards de forints de commandes de l’Etat en 4 ans), c’est donc un « occidental »? Suis bete, moi qui croyais sottement qu’il était hongrois et meme ami de Viktor Orbán. Comme quoi on peut se tromper !!!!!!!!

  4. antonio a dit :

    Közgép…voila’ un nome qui risque de faire du bruit dans l`avenir et de faire meme eclater le monolithe Fidesz…b-sur ni la gauche ou les magistrats seront responsables de cet eclatement mais tout simplement les elements de Fidesz laissés-pour-compte…

  5. Tant que c’est toujours Colas qui raffle en Hongrie, c’est bon. Dés que c’est un Hongrois, c’est le scandale… Un peu de justice s.v.p.

  6. abuzusviki a dit :

    Monsieur Bulcsu, il faut admettre que les projets de toutes les autoroutes, ponts , écoles, station d’épuration, rénovation des voies ferrées, métro 4, etc … la liste est interminablement longue, tous ces projets ont étés réalisés sous la gouvernance du parti mszp, subventionnés par l’union européenne.
    Vous dites que l’argent de l’ouest sont repartis vers l’ouest, ne soyez pas ingrat, pour au moins que tous ces projets sont quand méme restés en Hongrie. Donc, la main de la Hongrie est sous la main de l’union. Pour ca nous devons étre reconnaissants et dire merci et on a besoin d’avantage de l’union.

  7. Il est vrai que ces projets restent en Hongrie. Ma remarque concerne seuelement les constructeurs qui -pour la plupart- sont étrangers et ont tout fait pour fermer les concurrents sur place (Ikarus, Taurus, Győri keksz…pour ne mentionner que les plus grands) et gagnent des milliards pour leur « travail ». Cerise sur le gateau que: quand c’est une entreprise hongroise, certains crient au scandale!
    Vive l’égalité! et la liberté aussi biensúr. et aussi la fraternité!

  8. abuzusviki a dit :

    Le probléme c’est que la situation n’a pas changée. Depuis 4 ans, á ce jour, c’est la société közgép qui gagne dans tous les domaines. Méme les soummissionnaires nationaux sont excluts de la concurence. La transparence n’éxiste pas depuis que la fidesz est au pouvoir, tout est maintenu top secret. Car les enveloppes des soummissionaires ne sont pas ouvert publiquement.Donc, comme dit le dicton hongrois, c’est lá oú le corps du chien est enterré, magyarul: itt van temetve a kutya que la transparence publique est inéxistance au niveau de la fidesz.

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