Écologie : les Monts Mátra victimes de la sécheresse

Traduction d’un article publié le 30 août 2013 sur le site Index.hu, sous le titre Pusztul az erdo a Mátrában

Dans le centre de Mátrafüred, où nous avons rencontré Béla Dudàs, le chef de la sylviculture de Mátrafüred, responsable du versant sud des Monts Mátra, les ravages sur les arbres de la montagne n’est pas visible. « Vous verrez plus haut », nous dit le chef forestier alors qu’on monte dans sa Jeep.

« C’était à la fin de l’an passé que l’on a remarqué le déclin étrangement rapide des arbres », dit Béla Dudás, tout en conduisant.

« Ce n’est pas l’ampleur des ravages, mais plutôt sa rapidité qui est surprenante. Puis tous les arbres qui y ont survécu ont été envahis et dévastés par des champignons et des vrillettes. »

Les experts se sont vite rendu compte que la sécheresse ininterrompue des trois dernières années est la cause principale. Les arbres se sont desséchés, se sont affaiblis ; des insectes et des champignons ont porté l’estocade aux organismes ayant un système immunitaire déjà affaibli.

Les sapins sont les plus menacés. Partout où l’on va, on voit des sapins secs. Il y a même une parcelle d’un demi-hectare où les sapins meurent  en masse. « Vous voyez ce sapin ? La résine coule à flots sur son tronc ; c’est en obturant des trous avec de la résine qu’il se défend contre les insectes. Si on regarde ce sapin, cela se voit que peu importe la quantité de résine, il est prêt pour les derniers sacrements. » – nous dit le forestier.

L’épicéa et le pin noir ont été introduits dans les Mátra par une politique forestière il y a plusieurs décennies. 5% du versant sud était couvert de pinède en 2009; en 3 ans ce taux a changé, c’est environ 3 % aujourd’hui.

[…] Selon le chef forestier, les sapins vont disparaître des montagnes hongroises. […] 90% des arbres dans les forêts des Mátra sont des espèces végétales indigènes telles les chênes sessile, le hêtre, le chêne chevelu, l’érable et la charmille. Ces arbres supportent mieux la sécheresse, mais même ces espèces aborigènes souffrent des maladies. Selon Dudás la situation n’est pas si grave du point de vue forestier si on prend des mesures à l’heure. Quant à l’esthétique, c’est déjà très embarrassant. La forêt sainement verte est la raison pour laquelle les touristes y viennent, ils l’exigent.

Au bord de la forêt nous croisons des gens occupés de ramasser des mûres. Il y a pas mal de mûres, mais la forêt est totalement sèche, ont-ils dit. « Regardez des feuilles mortes sur le sol, c’est comme si l’automne était déjà arrivé. Il n’y a ni pluie, ni champignon ; le Màtra n’est pas beau en ce moment ».

Normalement c’est en octobre que le sol est censé être bien couvert des feuilles mortes ; les arbres perdent leurs feuilles excessivement. Il y en a beaucoup qui jettent leurs feuilles pour transpirer moins. Parmi les feuilles nous en trouvons beaucoup qui sont vertes ; cela veut dire que l’arbre décide de se mettre en état d’hibernation pour l’hiver – nous a expliqué Dudás après avoir tiré cette conclusion frappante sur ces arbres qui réfléchissent.

Csóka György, Le chef du département de la protection des forêts de l’Institut de recherche forestière  nous répond au téléphone : dans la plupart des montagnes de la Hongrie, surtout dans le Bakony, dans les parties de Balaton-Felvidék et dans le Mecsek la situation des arbres est pareille à celle des Mátra. Ce n’est pas la sécheresse qui les tue ; elle ne fait que déclencher une réaction en chaîne. Les arbres s’affaiblissent, les insectes et les champignons apparaissent et les dévorent. Nous disposons des moyens pour contrebalancer ce phénomène, mais une issue rapide et immédiate est impossible.

[…] Substituer à ces arbres des arbres plus résistants aux aléas climatiques pourrait être également une solution ; il ajoute quand-même que ce processus est très délicat. « On ne peut pas remplacer des chênaies par des cactus. Il vaudrait mieux augmenter la résistance de la forêt. Ces trois dernières années ont été horriblement sèches. Quand je vous dis qu’il n’existe pas de solution à court terme, cela ne veut pas dire que l’on est complètement désarmé devant ces difficultés ; il faut agir maintenant pour pouvoir remédier à ce phénomène dans les 20-30 prochaines années.

« Il y a dix ans, on m’a posé plusieurs fois la question : quel est l’effet négatif du changement climatique sur les forêts en Hongrie ? Je me suis toujours contenté de rire. Ces dernières années ont démontré que cette attitude n’est plus de mise ».

– nous explique amèrement Béla Dudás. « La situation n’est pas encore catastrophique ; la plupart des arbres du dernier boisement par semis  est sain et verdoie. Par contre si ces arbres deviennent faibles et malades, nous serons en difficulté ».

Traduction : Ádám Fáczán pour hu-lala.org

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